Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

9.2

J'attendis qu'il soit hors de la pièce pour la saisir. Elle semblait ne rien peser tout en paraissant contenir un mystère lourd de sens. Mes doigts hésitèrent, la tournant et retournant plusieurs fois, repoussant le moment fatidique de l'ouverture. Je pris une profonde inspiration. La curiosité me dévorait. J'allais finalement en apprendre plus sur mes véritables parents, ceux de mon espèce. J'entrepris de décacheter le pli, malgré mes gestes tremblants. Je le décollais avec soin, veillant à ne pas l'abîmer. Ça y était. Mon rythme cardiaque s'accéléra. Mes doigts se glissèrent dans l'intervalle libéré. Ils touchèrent un bout de papier, légèrement plus épais que le contenant. Je le tirais vers le haut, dévoilant une photographie ancienne aux bords froissés.

Je la mis à plat sur la table. Mon cœur rata un battement en découvrant le sujet. Trois personnes posaient sur celle-ci, le sourire aux lèvres. Un couple et un bébé. Mes yeux s'embuèrent alors que je m'approchais de l'image pour mieux en examiner les détails.

Mes mains se refermèrent délicatement autour du cliché jauni par les années. Voilà tout ce qu'il me restait de mes parents : une vieille photographie sur laquelle les lignes s'estompaient, de pâles visages graves qui me fixaient. Des inconnus, mais de mon sang. Je passais un doigt tremblant sur le sourire de la jeune femme. Ma mère. Une larme roula sur ma joue avant de venir s'écraser sur le papier. Je lui ressemblais indéniablement. Maintenant que je savais les raisons qui l'avaient poussé à m'abandonner, je ressentais une tristesse immense devant son sacrifice, toutes ces années où j'avais grandi loin d'elle. On ignorait s'ils vivaient encore et cette incertitude me rongeait tel de l'acide versé directement à l'intérieur de ma poitrine.

Je continuais à scruter l'image à travers mes larmes, comme si cela pouvait les faire revenir.
Ma louve s'enroula sur elle-même, geignant doucement. Je retournais la photographie. Ce à quoi je m'attendais se trouvait bien derrière. Trois noms... Ahlaïs, Kohliar et... Du bout du doigt, je survolais les délicates lettres à l'encre noire délavée. Aylyn. Ils avaient tout fait pour que je garde ce nom, celui qu'ils m'avaient choisi.

La tête encore emplie de tout ce que Declan venait de m'apprendre sur mes parents biologiques, je ne pouvais m'empêcher de songer à ceux qui avaient comblé cette place dans mon enfance. Inévitablement, les personnes qui comptaient le plus pour moi disparaissaient brutalement de ma vie, souffraient. La gorge serrée, je sortis prendre l'air, la photo précieusement rangée contre mon cœur. Une certitude s'imposa soudainement à moi, faisant suite à l'enchaînement de pensées dans mon esprit. Je devais retourner là-bas, tourner enfin la page. J'avais assez repoussé ce moment.