CHAPITRE 1

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Dans les bras de Malcolm, je me laisse aller à pleurer jusqu'à l'appartement de Gabrielle. Il est moins grand que son frère et beaucoup plus jeune, mais dans ses bras d'adolescent, je sens le corps d'un homme sur le point de s'affirmer. L'odeur de sa peau m'est familière. Une odeur boisée et chaude, qui s'apparente étroitement à celle de Sony. Deux frères bien distincts, mais pourtant, qui se ressemblent par ce lien familial fraternel et caractérisé par leur origine mexicaine.  Leur peau halée d'un naturel sauvage, attire les peaux laiteuses comme la mienne. Un doux mélange qui harmonise la blancheur du lait et le corsé de l'épice. Mais ce soir, toutes ces couleurs, toutes ces odeurs, toutes ces mixtions, me donnent la nausée. Tout ce qui prenait des airs de paradis, aux princes du désert, riment avec poudre aux yeux, alliant mensonge et trahison. Ecœurée par cet arôme de facétie, je bloque ma respiration, tout en fermant les yeux jusqu'à l'appartement de Gabrielle. Et je reprends vie, quand je m'allonge, enfin, sur le lit de ma dite amie.

- Tu as besoin de quelque chose d'autre Victoria ? me demande Malcolm tristement.

- Non, merci Malcolm, rentre chez toi.

Enfin seule, je saisie un oreiller pour me recroqueviller en fœtus autour de lui. A défaut de rentre chez moi, je cherche du réconfort comme je le peux. Mais dans cette situation, rien ne peut me consoler. Peut-être à part les bras maternels de ma mère qui pourraient apaiser ma tristesse, mais là, je suis seule, complètement seule ! Du moins, c'est ce que je crois, quand tout à coup les bras de Gabrielle m'enveloppent la taille. Cette amie aux multiplient mensonges tente de me soulager, mais en sa présence, je me sens, tout, sauf en sécurité. Je fais face à cette femme qui m'a tant menti depuis le début. Ses yeux désolés croisent les miens, mais malheureusement, je n'ai plus la force de me battre, préférant pleurer entre ses bras. Et la nuit emporte ce qui me reste de force, m'envoyant directement dans un sommeil profond.

***

Le jour se lève en même temps que mes yeux s'ouvrent. Je regarde le plafond, en me donnant le courage nécessaire pour affronter la journée qui m'attend. Seule dans ce grand lit froid, je fais une check-List de mon corps. Je bouge la tête de droite à gauche, je tourne les poignets, puis les bras, je tortille mon bassin et secoue les jambes.

« Tête ok, buste ok, jambes ok. »

Mon mal de tête à disparu et je me sens courbaturée comme après un lendemain de sport intensif. Je me redresse avec précaution pour me regarder dans le miroir. Je ne me reconnais pas. J'ai un teint si blanc, que j'ai l'impression de voir mes veines à contrejour. Les vaisseaux de mon œil droit ont pété, des cernes noirs ont élu domicile sous mes yeux. Une micro-éraflure colore ma joue ainsi que mon oreille. Cette balle n'est vraiment pas passée loin ! Je passe la main dans mes cheveux et constate que la blessure derrière mon crâne n'est pas aussi grosse que je me l'étais imaginé. Je compte les points à l'aide de mon index. En tout, quatre sutures parcourent ma peau. Je continue de m'examiner et soulève le t-shirt pour découvrir quelques bleus çà et là sur mon corps, mais rien d'alarmant. Je regarde mes mains qui tremblent, sont-elles des meurtrières ? Je repousse cette question aussi loin que je le peux dans mon esprit et prend une grande inspiration pour affronter ce début de matinée. Je sors de la chambre pour me présenter à Gabrielle qui se trouve dans la cuisine et qui fait griller du pain.

- Bonjour ma belle, comment tu te sens ? demande-t-elle en me tournant le dos.

- Mieux !

Mieux et le seul mot que j'arrive à lui adresser. Une boule de contrariété entrave ma gorge et une douleur de tristesse envahie mon ventre.

- Ok, va t'assoir dans le salon, je t'apporte un café et de quoi manger, m'ordonne-t-elle gentiment.

- C'est de famille de donner des ordres ? dis-je sèchement.

Santana partie 2حيث تعيش القصص. اكتشف الآن