CHAPITRE 10

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En attendant que ma sœur s'endorme, j'échafaude un plan d'action pour me rendre sur les lieux décris par Vincenzo ; Moyen de transport, trajet, prises de risques et tout ce qui englobe ma recherche de Jared. Le plus dur étant de laisser Jeanne toute seule dans cette maison, sans l'avoir prévenue de mon départ. Je me promets de faire aussi vite que possible, en restant très prudente. 

Première étape, sortir de la maison sans faire de bruit. Ok ! Emprunter un véhicule ni vu, ni connu. En cours de validation !  Je me précipite, en rasant chaque mur, pour atteindre l'arrière du hangar de Diégo. Par chance, je découvre la A1 et la Pontiac garées cote à cote. J'examine brièvement cette dernière, avant de me méduser devant sa carrosserie. Le côté droit est criblé de balles, à vue d'œil, une vingtaine de trous. Le pare-brise, n'a pas non plus échappé aux impacts, et la vitre avant passager est explosée sur le fauteuil. Du bout des doigts, je caresse une alvéole, et le souvenir du bruit du plomb qui se plante dans la ferraille me revient en mémoire. Je récupère ma main dans un haut le cœur et me réfugie dans l'Audi.

L'histoire se répète, je vole de nouveau la voiture de Sony, mais cette fois-ci, pour réparer mon erreur. Comme me la sagement recommandé Vincenzo, je couvre mes arrières en épiant les rétroviseurs après chaque virage. Droite, gauche, milieu. Droite, gauche, milieu...Devant, derrière. Devant, derrière...Le néant !
La nuit est sombre et les rues sont désertes. En même temps, un lundi soir à une heure du matin, c'est un peu normal ! Tout de même, je reste sur mes gardes, jusqu'à que je me gare devant ce fameux sentier. J'observe les lieux dans les moindres recoins avant de me décider à sortir de la voiture. Il fait aussi noir que dans le fond d'un placard, et ce silence....fait froid dans le dos.

« Bon sang, courage, courage, et sort de cette fichue bagnole ! »

Je m'enfonce dans cette forêt obscure, qui m'offre des bruits effrayants ; cris d'animaux en tout genre, craquement de bois et autres sons étranges non identifiés. La petite lumière de ma micro-lampe torche, me renvoie des formes bizarres aux allures de monstres et de fantômes ; tout dépend de l'arbre ou du buisson que j'illumine. Mon imagination est à son comble et ma peur à son maximum. Je frissonne, tremble, grelotte et sursaute, à chaque phénomène sonore. Je suis à deux doigts de me faire pipi dessus, quand j'arrive enfin sur ce fameux lac.
Un quart d'heure que me disait Vincenzo ! Ça, c'est quand on mesure deux mètres, et qu'un de ses pas est équivaut à quatre des miens ! Il m'a fallu plus de quarante minutes dans ce labyrinthe de l'épouvante, pour arriver à bon port. Bon dieu, mais qu'est-ce que je fais là ? Il est deux heures du matin, je viens encore de voler une voiture, j'ai roulé sans permis de conduire et je suis au milieu de nulle part, où il fait froid, pour seule compagnie, l'obscurité. Génial !
Je m'apitoie sur mon sort jusqu'à que je découvre la fameuse cabane de chasseur. Quatre planches de bois et un morceau de taule en guise de toit, qualifient le mot cabane d'une douzaine de mètres carrés. Moi je dirai, plutôt, trou à rat ! Les seuls choses qui égaillent ce taudis sont, le petit porche vétuste et une minuscule table d'extérieur faite à l'aide de tronc d'arbre. 
D'un pas timide, je franchis la première marche du bois vieilli du portique, qui grince sous mon poids. Ce craquement horrible raisonne dans la nuit sombre et se répercute au fond de mes entrailles. J'ai l'impression d'être l'actrice principale d'un remake de film d'horreur. Tout y est, endroit terrifiant, jeune fille blonde apeurée, noirceur totale et cabane abandonnée. Je chasse la scène morbide du Projet Blair Witch et tourne la poignée de la porte d'une main tremblante. Mon cœur cogne si fort dans mon crâne, que j'ai bien peur de m'évanouir. 

« Allez ma vieille, maintenant tu y es »

Un pas,...un seul pas dans cette maisonnette délabrée, pour que le pire scénario arrive. Je me fige par la froideur du bout du canon qui vient de se poser sur ma tempe droite, sans aucune délicatesse.

Santana partie 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant