CHAPITRE 7

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La semaine s'enchaine, avec un emploi du temps bien huilé, Fac, hôpital, Jeanne, danse, maison.
Le vendredi avant le weekend, je profite de ces quelques minutes avec Vincenzo avant que je ne puisse le revoir le lundi. Je pleure sur son corps, en implorant une force divine qui ne vient pas. Je lui raconte mes journées dans les moindres détails, me confiant à lui comme à un journal intime. Je lui exprime mes peurs, mes pleures, mes chagrins, sans en éprouver aucune honte. Je lui débite ma vie, comme si je faisais une incontinence verbale, afin de pouvoir tout lui dire avant la fin de la visite. Et je fini toujours par poser mon oreille sur sa poitrine, où je lui fredonne une chanson, que je coordonne avec les battements de son cœur.  Sans le vouloir, cet homme est devenu mon pilier, mon repaire, ma source de réconfort. Reposer sur son torse, je me sens comme à la maison. Une maison imaginaire dans ce monde parallèle qu'à fait naitre ma nouvelle vie. Puis la visite finie, j'enfile ce costume de jeune fille heureuse, pour paraitre crédible auprès de mes parents. Deux jours, où je joue le jeu d'une Victoria heureuse, à supporter ma vie ennuyeuse. 
Quand enfin lundi matin le réveil sonne, je suis déjà sous la douche, debout depuis l'aube. Les couloirs de la Fac me semblent moins impressionnants, je les arpente avec plus de sérénité. L'hôpital devient un lieu familier, où certaines infirmières connaissent mon prénom.
Après avoir visité Will, je me dirige aux soins intensifs. Rose, l'infirmière aux cheveux grisonnants, m'accueille avec un doux sourire.

- Ha ma tout belle, je vous attendais !

- Pourquoi, il y a un problème ? 

- Non, c'est une bonne nouvelle, ne vous inquiétez pas. Votre frère est enfin sorti du coma. Je n'avais aucun numéro de téléphone pour vous joindre, vous ou votre famille, mais je savais que vous alliez venir, alors je vous attendais.

Ce poids, ce poids énorme qui écrasait mes épaules, vient de s'envoler en instant, à l'annonce de cette formidable nouvelle. Mes poumons oppressés, se remplissent d'un bonheur inqualifiable, et pour la première fois depuis des semaines, mes yeux s'encombrent de larmes de joies. Une joie que je laisse s'exprimer sans aucune honte, devant cette infirmière qui partage mon émoi.

- Comment va-t-il ? dis-je dans un sanglot.

- Il est encore très fatigué et présente des troubles de la mémoire, mais je pense que ça ne sera pas permanent.

- Des troubles ?

- Il ne se rappelait plus qu'il avait une sœur...

« Bon alors, il va bien ! »

- ...Alors il faut y aller en douceur avec lui, ne le brusquez pas. Son Docteur a fini sa journée, c'est lui qui vous expliquera mieux son état de santé, demain il sera là, il pourra vous en dire plus.

- Ok, est-ce que je peux le voir ?

- Oui, bien sûr, mais pas plus de cinq minutes. Bon pour l'occasion peut être dix, mais ne le dite à personne et évitez de le faire parler, dit-elle dans un clin d'œil complice.

- Merci, vraiment merci pour tout ! 

Sans attendre, je me prépare à la hâte, blouse blanche, masque, sur-chaussures, avant de me précipiter devant le rideau qui me sépare de l'homme à qui j'ai failli ôter la vie. Mais avant de le découvrir réveiller, je marque une pause. Comment va-t-il réagir quand il me verra ? Pour moi, il m'apparait comme un membre de la famille et bien plus encore, mais pour lui, qui suis-je ? J'y suis, j'y reste ! J'accueillerai son courroux en courbant l'échine. S'il veut faire de moi sa victime, j'accepterai. S'il veut de moi, que je parte, je partirai. S'il veut de mes excuses, je m'excuserai. Il n'y a rien que je ne puisse pas faire pour cet homme, rien !

« Inspire, expire, et assume »

Je me présente à lui avec une joie à peine dissimulée. Mes mains sont moites, mes jambes flageolent et mon cœur explose dans ma poitrine, devant cet homme qui me regarde étonné. Il cligne plusieurs fois des yeux avant de me demander :

Santana partie 2Where stories live. Discover now