CHAPITRE 46

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C'est en fin d'après-midi que je retourne chez moi. J'ai dans la ferme intention d'analyser et de comprendre le trouble du comportement de mes parents, qui les poussent à accepter la requête prématurée de leur cadette. Jeanne se serait-elle procurée des drogues pour amadouer ses procréateurs de façon malicieuse ? Leur complot familial n'aurait pas pour but de me piéger au final ? Tout le monde y trouve son compte, sauf moi, qui se doit d'avoir un œil averti et mature sur ma sœur pendant que tous s'amusent à leur manière.

- Alors comme ça, vous voulez vous débarrasser de nous, parents indignes !?  dis-je en les regardant confortablement installés sur le canapé.

- Comment ça ma chérie ? m'interroge ma mère.

- Pour commencer, vous me poussez à aller vivre à New York et aujourd'hui vous laissez sortir Jeanne en boite, c'est quoi l'embrouille ?

- Loin de moi l'idée de vous abandonner, mais ta sœur a su être très convaincante, en plus, je sais que tu ne la lâcheras pas d'une semelle, alors j'ai toute la soirée rien que pour ta mère et moi ! s'amuse à expliquer mon père.

Là, juste là, infime soit peu mais si présent, un petit sous-entendu dans le son de sa voix, qui me laisse toute la liberté de comprendre, que leur soirée va très certainement prendre des airs du film de 9 semaines et demie, mais version du 21 ème siècle. Combien d'allusion intime m'ont-ils fait par le passé, que je ne décryptais pas ? Car ces derniers temps, y'a pas de doute sur le décodage, je les reçois 5 sur 5. Wifi et Bluetooth inclus ! 

« Beurk ! »

- Ok pour cette fois, mais n'y prenez pas gout ! Elle où d'ailleurs cette ensorceleuse ?

- Elle se dispute avec sa gare de robe. Eh Vicky, vérifie que sa tenue ait une longueur convenable ma chérie.

- Oui maman, dis-je en rejoignant Jeanne dans sa chambre.

Son sanctuaire qui d'habitude est plus ou moins rangé, à l'heure d'aujourd'hui, ressemble plus à un capharnaüm. Son armoire vient d'être mis à nu, déversant son contenu sur le sol, le lit, le bureau, absolument partout. Jeanne qui est l'auteur de ce massacre, passe en mode défilé quelques pièces devant sa psyché.

- Ha Vicky tu es là ! dit-elle en me sautant au cou. Merci, merci pour ce soir. Pitié, aide-moi, je ne sais pas quoi me mettre. 

Affolée et excitée de cette sortie, elle retourne remuer son bazar à terre.

- Passe ta combinaison de ski, car sans ça, je ne te sors pas !

- Arrête de faire ta mégère et viens m'aider plutôt.

- Mets ta robe noire avec les épaulettes cloutées, tu es magnifique dedans.

- Bonne idée ! Mince, elle est où, elle est où...désespère-t-elle en jetant tout derrière ses épaules.

- Sur le dossier de ta chaise, Banane ! 

Jeanne la pose sur sa poitrine pour s'admirer devant la glace. Je rebrousse chemin la laissant se débattre avec ses chaussures et la couleur de son rouge aux lèvres, avant dans avoir la tête qui tourne.

De mon côté, j'opte pour une robe noire bandeau, bouffante sur les hanches. Je chausse mes talons à lanières et laisse mes cheveux lâchés que je raidis. Une bonne couche de mascara habillera mes yeux, soulignés d'un fin eyeliner noir et ma bouche brillera par un simple baume à lèvres.

Je redécouvre mon corps en laissant affirmer cette femme qui demandait droit à la parole depuis un certain temps déjà. Sony a été l'élément déclencheur de cette éclosion corporelle. Et quand mes parents me découvrent vêtue de la sorte, je comprends que ma chrysalide de petite fille est un lointain souvenir.

Santana partie 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant