CHAPITRE 33

116 25 0
                                    

Une fois Jared partie, j'ai ressenti une profonde souffrance. Les cloisons de cette grande chambre étaient sur le point de se refermer sur moi. Alors je me suis isolée dans la salle de bain pour prendre une douche bouillante dans l'espoir de voir s'écouler ma peine à travers le siphon de la baignoire.

A présent en t-shirt assise sur mon lit, c'est la solitude qui prend possession de mon corps. Je regarde devant moi les divers tableaux qui habillent les murs en essayant de me projeter dans l'un deux. La représentation de Manet, le pont Japonais sur le bassin aux nymphéas, est la seule qui m'apporte de l'inspiration. Je reste là à contempler cette œuvre figée dans le temps, et je m'imagine nue dans cette eau stagnante à contempler les fleurs qui caressent mes flancs, pendant que le chant des oiseaux vibre à mes oreilles. La fiction dépasse la réalité, quand j'entends réellement la pulsation d'une musique. Surprise par la force de mon esprit, je regarde autour de moi, si le bassin japonais ne s'est pas vraiment matérialisé. Non, rien ! Mais il y a toujours cette infime mélodie qui réside en fond. Intriguée, je cherche la source du son et je m'aperçois que le casque audio que m'a offert Sony est allumé sur ma table de nuit. Alors je comprends que mon casque doit être surement connecté en Bluetooth avec le sien. Curieuse de savoir ce qu'il écoute, je le pose sur mes oreilles pour entendre The Reason de Hoobastank. J'ai toujours adoré cette chanson, mais je n'avais jamais porté attention aux paroles. Ce soir, elles m'apparaissent clairement, comme si Sony les avait écrites pour moi. C'est tellement nous, tellement notre histoire, tellement lui. Il ne pouvait pas trouver mieux !
Je ne serais dire, si c'est la musique, ma solitude ou l'amour que je lui porte, mais mes pieds m'ont transporté automatiquement devant la porte de sa chambre. J'y suis, j'y reste ! J'en ai marre de me voiler la face, marre de me mentir à moi-même, marre de le faire souffrir. Ce soir tout est clair ou presque. Mon amour pour lui est la seule certitude qui illumine mon cerveau.
Dans la vie, il faut assumer ses choix, vivre avec ses remords, sans jamais rien regretter. Dans mon cœur une chose est sûre, si je devais encore vivre une journée sans lui, je n'y survivrais pas ! The Reason se termine, quand ma main se pose sur la poignée de la porte et la chanson Glory box de portishead prend le relais, en même temps que je pénètre sa chambre. Timing parfait !

Accoudé à la rambarde du balcon, Sony observe la nuit à perte de vue. Son casque sur les oreilles, il ne m'entend pas m'approcher. Le temps de quelques secondes, je contemple son corps si parfait, recouvert d'un simple pantalon de pyjama qui tombe bas sur ses hanches. Comment ai-je pu me tenir à distance aussi longtemps ? Son tatouage qui recouvre la totalité de son dos, semble m'appeler. Je me sens comme un pécheur perdu en pleine mer, où je me laisse envouter par le champ de la sirène sans y prendre garde.
Aussi certaine que le jour appartient au soleil et que la nuit appartient à la lune, c'est sans aucune hésitation que je reviens vers Sony. Assez près de lui, je pose délicatement mon front entre ses omoplates, tout en mettant mes deux mains sur sa taille. Un peu surpris, il se redresse sans se retourner. Sa musculature dorsale est contractée, durcissant les traits de son phénix. Sa peau me fait penser à du cuir, douce mais dure. Il est tendu, sa fin de soirée difficile se fait ressentir sur chaque partie de son corps.
J'affirme mes mains autour de ses hanches, tout en posant mes lèvres sur ses trapèzes. Il ne bouge toujours pas et je suis persuadée qu'il ne le fera pas. Il attendra que je m'offre à lui, sans qu'il n'ait à intervenir. Il n'est pas idiot, à plusieurs reprises il pensait me reconquérir, pour finalement lui glisser entre les doigts. Mais chaque bataille qu'il a essuyée lui vaut le gain final. Moi !
Je me livre sans crainte à l'ennemi, en contournant son épaule pour me présenter face à lui. Il me scrute, son visage est impassible, sa respiration est profonde, mais calme. Glory box chantonne toujours à nos oreilles et la brise fraiche vient lécher nos peaux dans un frisson.
Il ne bouge toujours pas, restant là, à m'observer. A nouveau, je pose ma bouche sur sa peau au niveau de son cœur, pour y déposer l'ultime baiser. Ses battements cardiaques frémissent sous la pulpe de mes lèvres, me délivrant un langage morse que je déchire sans difficulté ; Boum, boum,...Boum, Boum... rapides et profonds comme dopés à l'adrénaline, mais il ne bouge toujours pas. Alors, je prends appuie sur sa poitrine pour me hisser sur la pointe des pieds, et faire face à ses yeux imperturbables qui suivent chacun de mes mouvements, mais il ne bouge toujours pas. N'ayant aucun répondant de sa part, je lui hôte son casque pour lui avouer d'une voix sereine :

Santana partie 2जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें