CHAPITRE 14

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Etendue sur mon lit, je me demande comment mon corps a pu en arriver là. J'ensuque pour la troisième fois mon réveil, en tentant de me rappeler ma fin de nuit. Le trou noir !
Je me souviens de m'être endormi dans les bras de Sony, puis de m'être réveillée à 7H00 du matin tout habillée à l'abri dans ma chambre. Qui, quand, comment ? Mystère ! Seul indice, cette odeur boisée qui n'appartient qu'à LUI, et qui s'est imprégnée sur mes habits. Ma fatigue est un phénomène que je ne contrôle plus. Si ça continue comme ça, mon moral risque d'en prendre un sacré coup !

Ce milieu de semaine n'est bénéfique pour personne. Ma mère devient l'ombre d'elle-même. Sa vie nocturne ne lui convient absolument pas. Ça doit être de famille !
Face à face, on se renvoi le même reflet de revenant d'outre-tombe ; une sorte de teint translucide, aux cernes creusées. L'une comme l'autre, ne faisons plus la différence entre la lumière du jour et la lumière artificielle. Seule ma petite sœur, nous aiguille pour trouver le chemin des tasses à café et des céréales dans le placard. Si elle n'avait pas été là, j'aurais certainement versé de la confiture à la place du lait dans mon bol. Mais cette petite peste semble nous narguer, quand elle s'affale sur le canapé, façon : je glande rien de ma journée ! Et oui, Jeanne fait partie de ces chanceuses qui n'ont pas cours un mercredi sur deux. C'est pas juste !

Ma concentration refait surface vers le milieu de matinée, où je donne le meilleur de moi-même pour ne pas rater mes examens et mener à bien mon projet de devenir infirmière. Ces trois années d'études vont être longues, alliant théorie et pratique, mais cet engagement, je l'ai voulu et je l'aurai ! Comme disait ma grand-mère : quand tu veux, tu obtiens ! Mais quand tu attends, rien ne vient !

15 heures et je délivre mon cerveau de la réflexion, pour retrouver Vincenzo qui m'attend comme à son habitude. Aujourd'hui, c'est le jour de la récompense, où je lui emmène une petite friandise, du délicieux nom de tarte aux fraises. Les recommandations de son médecin étaient stricts ; pas d'effort, pas de tabac, pas de drogue, pas d'alcool et éviter les graisses saturées. Mon ami a grimacé devant ce régime draconien, puis le médecin a cédé sur une seule chose ; une gourmandise de temps à autre.
- Coucou chou, ça va ?

- Non Vincenzo, je suis épuisée ! Pousse-toi un peu que je m'allonge. 

Avant de me faire de la place auprès de lui, il me saisit la boite à gâteau des mains pour plonger son nez dedans. Ses yeux s'ouvrent comme un enfant le matin de noël et sa bouche s'agrandit pour prendre la forme du fraisier, qu'il gobe en une bouchée.

- Ils t'affament dans cet hôpital ?

- Ouais, la bouffe est dégelasse ! Heureusement que tu penses à moi. 

Il m'embrasse sur le sommet du front, ce qui m'arrache une grimace.

- Aïe, ma bosse !

- Putain, t'as un œuf, t'as fait quoi ?

- C'est une longue histoire... - J'ai tout mon temps, je te signale !

- Ouais, mais là, je suis trop claquée, laisse-moi dormir une demi-heure, après je te raconte tout en détails. 

- Ok, mais ne ronfle pas, car normalement Meredith va apprendre à Shepherd qu'elle est enceinte.

- Dis-moi, tu ne deviendrais pas un fan de Grey Anatomy, toi ?

- Si tu le dis à quiconque, je te coupe la langue ! dit-il dans un clin d'œil.

Calée contre sa poitrine, je survole le chaos du Seattle Grace, avant de sombrer à mon tour dans les ténèbres. 
Mon sommeil s'amenuise au fil des minutes qui passent. La vie alentour reprend un rythme à mes oreilles, me sortant peu à peu de mon rêve ; les bips en continue de l'intraveineuse de Vincenzo, les pleures des acteurs de la série télé, et l'entrée d'une personne dans la chambre. Les seules visites que reçoit mon ami, sont les miennes, ceux des médecins et des infirmières qui font leur ronde. Une habitude auxquels Vincenzo et moi, ne faisons plus attention, c'est pourquoi, je ne trouve pas grand intérêt à ouvrir les yeux immédiatement.

Santana partie 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant