CHAPITRE 2

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Dimanche soir, il est temps de rentrer enfin chez moi, de retrouver le confort familial, l'assurance parental et l'abri de ma maison, où règne le calme, sans aucun mensonge, ni tromperie. Les gens, les vrais, ceux qui ne nous trahissent pas, ceux qui nous aiment, pour qui nous vouons une confiance absolue. Papa et maman ! Pour ce retour aux sources, Gabrielle m'a fait un maquillage léger, afin de camoufler mon visage fatigué et mes micros-blessures. Elle m'a peigné les cheveux en une queue de cheval, pour faire en sorte qu'on ne voit pas ma cicatrice. C'est du bon boulot ! Seuls les vaisseaux rouges de mes yeux restent apparents, que je dissimule derrière mes lunettes de vue. Peut-être qu'ils n'y verront que du feu ! Je pénètre la maison, comme je le fais à chaque fois que je rentre chez moi. Normale et polie. 

- Bonsoir tout le monde, dis-je à haute voix. 

- Ah, la voilà enfin notre vieille fille, crie ma mère de la cuisine. On commençait à s'inquiéter de ne pas te voir rentrer, on allait passer à table sans toi, j'espère que tu ne nous en veux pas ? 

- Non, pas du tout, en plus j'ai déjà mangé un sandwich. Je monte me coucher, je suis fatiguée.

 « Mensonge » 

- Attends ! Viens par-là jeune fille, me coupe mon père dans mon élan d'évasion. 

Je redescends les trois marches de l'escalier pour me présenter dans la cuisine. 

- Oui papa, qu'est-ce que tu veux ?

- Tu ne nous dis pas bonsoir ? 

« Mince, je voulais fuir comme une voleuse, j'en ai oublié les bonnes manières, idiote ! » 

- Ho pardon, bien sûr. 

Je me hâte de les embrasser chacun à leur tour, en évitant de les regarder dans les yeux. Malgré mon camouflage de fortune, ma mère m'examine de la tête aux pieds, comme si le maquillage de Gabrielle était transparent. 

- Victoria, tu as l'air mal en point. Tu es pâle, est-ce que ça va ?

- Oui maman. L'anniversaire surprise s'est terminé au petit matin, difficile de paraitre fraiche après cette nuit de folie, dis-je en souriant. 

- Alors, c'était comment ? 

« Comment te dire : j'ai appris que Sony était le père de l'enfant de Sam, qui en réalité ne l'était pas, car finalement c'est Jared. Je croyais que Jeanne se faisait ploter par un homme dangereux, mais en fait, non, pas de crainte à avoir. Sony s'est montré sous son plus mauvais jour, en tant que chef de gang. Il s'est battu jusqu'à ce que mort s'en suive. J'ai tiré avec une arme, à balles réelles, sur des gens. Oh t'inquiète, personne n'est mort ! Ah oui, j'ai une commotion cérébrale. Et vous, ce weekend ? »

- C'était vraiment génial, on a fait la fête chez Sony, je crois que les voisins d'en dessous s'en souviendrons longtemps. 

- Ah bon, Gaby m'a dit que vous alliez en boite ?!

« Zut, on n'a pas accordé nos violons » 

- En fait, on devait y aller, mais on a commencé à consommer du champagne chez lui. Comme on était tous pompettes, on a trouvé plus prudent de rester sur place. 

- Ce garçon t'a fait boire ?! s'indigne mon père. 

- Arrête Jack, c'était pour son anniversaire, elle a le droit de boire de l'alcool, si elle reste prudente et qu'elle n'en abuse pas tout le temps. Moi, je trouve que Sony est raisonnable pour son âge et très réfléchi. Regarde, il a préféré rester à la maison, plutôt que de prendre le volant.

 « Non maman ! Là, tu as tout faux ! »

- Mouais, mais regarde bien la tête de ta fille, elle a dû forcer à la limite du coma éthylique ! 

« Pas loin papa, tu es en bonne voie ! » 

- Oui, j'avoue que j'ai un peu trop bu, mais j'ai dansé toute la nuit et crié comme une folle. Franchement, c'était génial ! Mes nouveaux amis m'ont offert une soirée, dont je me souviendrais toute ma vie ! 

« Ça au moins, c'est la pure vérité »

C'est à ce moment que Jeanne descend de sa chambre pour prendre place à table. Je la dévisage, pas après pas, jusqu'à que ses fesses se posent sur l'assise de la chaise. 

- Bonsoir Jeanne ! 

Ma petite sœur déglutis lourdement, quand ses yeux croisent les miens. 

- Bonsoir Vicky ! 

Son regard devient fuyant, pour venir plonger dans le creux de son assiette. Elle sait, elle a compris que j'étais au courant de son escapade avec Charlie pour rejoindre Jared. Mais connait-elle l'étendue de sa bêtise ? 

- Tu sais, je t'ai cherchée Vendredi ? 

- Euh oui, maman me l'a dit, j'étais chez Charlie. 

- Mouais, chez Charlie. C'était bien au moins ? Car tu as manqué une soirée mémorable ! 

- Euh oui, c'était pas mal, soirée entre fille quoi ! dit-elle en se trémoussant sur sa chaise.

L'inconfort de ma petite sœur devient jubilatoire, mais son attitude apeurée risque d'alerter mes parents. 

- Au fait mes chéries, demain soir, je commence mon nouveau travail à l'hôtel, reprend ma mère qui sort jeanne de son embarras. 

« Déjà début Septembre. Punaise, cet été est passé en un éclair ! » 

- Donc vous serez seules, j'espère que tout va bien se passer. Victoria, en semaine tu ne découches pas, je ne veux pas que ta sœur soit seule. En plus, dans une semaine vos cours reprennent, alors semaine tranquille ici, et le weekend tu pourras aller chez Sony.

« Ben là, il n'y a pas de risque ! » 

- Oui pas de problème maman, je veillerais comme il se doit sur notre petite Jeanne, n'est-ce pas Jeanne ? Je suis sûre que tu resteras sage.

Le visage de ma cadette se vide de son sang, quand elle me dit oui d'un hochement de tête. J'aimerai pouvoir la mettre à mal, encore et encore, mais la suspicion de ma mère m'en dissuade. 

- Maman, tu devrais faire nuit blanche ce soir et dormir demain toute la journée, pour être en forme la nuit entière ! 

- Oui, c'est ce que j'avais prévu de faire. 

- Bon, moi je vais me coucher, bonne nuit à tous, à demain Jeanne ! dis-je en la menaçant du regard. 

Elle plonge le nez dans son verre d'eau, et je m'en retourne dans ma chambre. Allongée sur mon lit, je me donne une nuit, juste cette nuit, pour ne penser à rien. Les jours qui suivront vont être difficiles pour ne pas s'octroyer un moment de répit. Il a fallu d'un weekend pour m'anéantir, il me faudra des années pour m'en remettre. Alors, une nuit, juste une nuit...


Santana partie 2Where stories live. Discover now