CHAPITRE 8

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Mon frère de cœur, Vincenzo, se remet doucement de ses blessures. Chaque jour, il fait preuve d'effort colossal pour retrouver sa force initiale. Son visage s'illumine à chacune de mes visites, et mon cœur se raccommode à chaque fois que je le vois en meilleur forme. Indirectement, nous nous guérissons mutuellement.
On dit que quand sa vie bascule, il faut se raccrocher à quelque chose pour ne pas perdre pieds. Pour Vincenzo, je suis devenue son rayon de soleil qui égaie ses journées. Pour moi, il est devenu mon mois d'été en saison hivernal.

Cela fait maintenant une semaine qu'il est sorti du coma. Une semaine où on apprend à se connaitre. Mon ami a toujours autant de difficulté pour parler et les droits de visites sont toujours aussi courts, alors je lui fais la conversation, lui livrant ma vie comme une conteuse de bibliothèque. Il sourit, rit et s'amuse devant mes habitudes de petite bourgeoise. Je le gronde, j'enrage face à ses moqueries, avant de rire aux éclats à mon tour. Notre complicité s'accroit un peu plus tous les jours, au grand désarroi des infirmières, qui ne cessent de venir nous avertir, qu'ici c'est un hôpital et non pas une cour de récréation ! Une fois hors de portée de vue, leurs remontrances nous passent audessus de la tête, afin d'apprécier à cent pour cent, nos cinq minutes de visite.
Quand le weekend arrive et que deux jours vont nous séparer, nous ressentons la même tristesse. Une forme de solitude, qui pèse sur nos épaules et dans nos cœurs. 
Je compte les heures qui m'éloignent de lui, et quand arrive enfin le lundi, je me présente à l'accueil pour dire bonjour à Rose. Cette dernière, m'apprend d'un large sourire, que Vincenzo a changé de service. Mon ami réside deux étages plus bas, en cardiologie, où le protocole d'hygiène et les heures de visite seront plus souples.

- Voilà ma toute belle, tout est bien qui finit bien. Votre frère, si tenté que ce soit votre frère, se trouve dans la chambre 214.

- Merci, merci pour tout.

Cette infirmière va me manquer. S'était bien la seule à supporter nos déboires avec Vincenzo. C'est grâce à des personnes comme elle, qu'est né ma passion pour ce métier. Si un jour je parviens à devenir une de ses consœurs, je me promets d'être aussi souple que possible face à des individus heureux de vivre.

C'est avec grand plaisir que je découvre la nouvelle chambre individuelle de Vincenzo. Un espace d'environ 15 mètres carrée, blanche et bleue, qui offre enfin la lumière du jour, et où nous pourrons rire et discuter sans se faire disputer.  

- Coucou sœurette, comment tu vas ?
- Moi, très bien, c'est à toi qui faut le demander.

- Pas trop mal, surtout qu'aujourd'hui, on m'a retiré la sonde que j'avais dans la queue, en plus l'infirmière était super bandante !

- Vincenzo ! dis-je outrée.

- Quoi ? Je suis cloué au lit, je peux au moins me rincer l'œil ! Je te signale que ce matin c'est un mec qui m'a fait la toilette, alors j'ai tous les droits ! dit-il en prenant un air triste.

- Bon ok, seulement parce que c'était un mec qui t'a ploté.

- Il ne m'a pas touché en bas, ça, je me suis démerdé ! tient-il à préciser.

Je dois me faire à l'idée, que ce grand colosse d'une centaine de kilo au naturel déroutant, a été bercé par la poésie de la rue, où langage cru et dérision de la femme s'invitaient à toutes les discutions ou presque. Encore une fois, je m'accommode à ce nouvel univers, qui risque fort bien, de m'offusquer les oreilles.

- Alors, tu vas enfin me dire ce qu'il se passe à l'extérieur de cet hôpital ? Je deviens fou, je n'ai des nouvelles de personnes.

Depuis qu'il est sorti du coma, je me suis abstenue de lui révéler les périples de la vie extérieure, pour ne pas l'alarmer. Chaque source d'inquiétude était bannie de sa chambre stérile. De son coté, il ne faisait pas non plus preuve de curiosité, préférant faire comme moi, l'autruche. Nous avons privatisé les soins intensifs pour apprendre à nous connaitre, sans être dérangé par la noirceur du monde réel. Mais il faut se rendre à l'évidence, notre bulle devait être éclatée, pour faire face aux problèmes.

Santana partie 2Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ