CHAPITRE 23

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La fin du monde se définit par le chaos ; l'effondrement, perte de l'humanité, puis plus rien. Ma soirée vient de se terminer ainsi, sans m'offrir l'ombre d'un espoir.
J'étais devenue confiante, certaine de mes sentiments, j'étais prête à suivre Sony n'importe où, du moment que ce soit avec lui. J'ai baissé ma garde, pour vivre l'instant présent, mais je me suis heurtée à une relation toxique. Je construis, il détruit ! Je renforce, il démolit !

Dans le dos d'Ethan, je m'effondre la tête posée contre ses omoplates. Quand la moto s'immobilise devant chez moi, je n'ai pas la force d'affronter la solitude de ma chambre, alors, je reste là, dans les bras de mon ami, qui m'enlace tendrement.

- Calme-toi Carlita, tout va bien, tu as su gérer la situation.

- Quoi, tu te fous de moi ? Tu trouves que ça s'est bien passé ? dis-je en le regardant dans les yeux.

Ethan prend le temps de la réflexion en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

- Oui, tout s'est bien passé. Tu as évité une fusillade et il n'y a pas eu de...

Mon ami ne finit pas sa phrase, conscient que la suite de ses paroles risque fort de me marquer à vie.
Est-ce que chacun de leur conflit finisse toujours en bain de sang ? 

- Il n'y a pas eu de quoi ? De perte, de mort, de cadavre, de décès, merde de quoi Ethan ? 

- Calme-toi Carlita, j'allais simplement dire de blessé. Tu sais, on évite de s'entretuer entre personne de même appartenance.

- Tu entends la connerie que tu es en train de me sortir ? On parle de vie humaine là, est-ce que tu en as conscience au moins ?

- Oui, j'en suis conscient, le sable coule vite dans le sablier pour nous autres ! Désolé que tu réalises à peine maintenant ce qu'il se passe ici-bas, mais c'est notre réalité. Ça se passe comme ça dans nos quartiers, que tu le veuilles ou non ! Par chance, ce soir, tu as su faire face à un gros malentendu. 

- Tu appelles ça, faire face ? J'étais pétrifiée. Vincenzo était venu en ami et Sony fonce sans réfléchir.

- Oui sans réfléchir, car tu étais là. Je t'assure que d'habitude, il agit avec beaucoup de sérieux. 

A quoi bon continuer ?! Ethan essayera toujours de me faire voir le bon côté des choses. Il est dans sa nature de ne nous faire apercevoir de la lumière, là où il n'y a que de l'obscurité. Ce monde cruel, c'est le sien, c'est pourquoi il s'évertue à y mettre de la clarté, pour y vivre mieux, je suppose.

- Tu comptais intervenir pour me venir en aide, au risque de te voir banni de ton gang, n'est-ce pas ?

- Evidement ! Mais tu m'as devancée, en assurant comme un chef. Franchement, Victoria Heaton, si tu n'étais pas une fille, j'aurais dit que tu as une sacrée paire de couilles !

Ethan a cette capacité de tourner en dérision toute forme de discussion sérieuse. Son potentiel amical est un antidépresseur, que j'accueille en partant dans un intense fou rire, si bien, que je m'écroule au sol. Mon ami me rejoint dans ma bouffée délirante et nous restons pliés en deux, plus de dix minutes à même l'asphalte. Chaque rire me soulage, chaque l'arme qui en découle me libère, chaque seconde passée en sa compagnie me fait oublier cette soirée. Mais très vite, la réalité nous rattrape, à cause de la sonnerie de son téléphone. Ethan retrouve son sérieux, quand il pose l'appareil contre son oreille.

- Allo... Oui... Oui... Quoi ?... J'arrive tout de suite ! 

Il raccroche et se lève d'un bond. Son air jovial, vient d'être remplacé par un visage placide.

Santana partie 2Where stories live. Discover now