CHAPITRE 15

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Les jours défilent avec tristesse, mais ne se ressemblent pas. Depuis peu, ma sœur ne veut plus rentrer avec moi en bus, préférant faire le trajet en compagnie de Malcolm. Will est sorti de l'hôpital, car son état de santé lui permettait. Donc, au vu de l'énorme trou dans mon emploi du temps, je me suis inscrite à mes cours de conduite. Mon moniteur d'auto-école s'appelle Monsieur Wild. Il n'a rien à voir avec Sony, mais il est plutôt sympa et surtout très patient.
Les seules choses qui ne changent pas dans mon quotidien, sont les visites journalières dans la chambre de Vincenzo, et son sourire accueillant, quand il me voit.

- Coucou mon chou, ça va aujourd'hui ?

- Oui, mais les cours à la fac étaient ardus.

- Voilà pourquoi je n'ai pas fait d'études, dit-il le plus sérieusement du monde.

- Et voilà où ça t'a mené ! 

- Mouais, mais ce n'est pas par choix. Ma mère nous a abandonné mon père et moi, donc parti de là, je suppose que mon envie de réussir dans la vie s'est évaporée avec ma génitrice.

- Abandonné, sérieusement ?!

- Une nuit, elle s'est tirée pour refaire sa vie et voir si l'herbe était plus verte chez le voisin.

- Comment a-t-elle pu faire une chose pareille à son enfant ?

- Je me pose moi-même la question.

- Tu avais quel âge ?

- Elle a fait fort, c'était pour le jour de mes 8 ans. 

Le monde comporte 4 styles de mère ;
la mère poule, qui couve son petit, comme si ce dernier ne pouvait pas se présenter seul à la visite du médecin à l'âge de 29 ans.
La mère louve est très protectrice, comme si chaque être vivant sur cette terre représentait une menace.
La mère lionne élève sont enfant à la dur, comme si le monde s'apparentait à une jungle.
Puis, il y a ces mères, celles qui donnent la vie, comme si elles passaient un concours quelconque, pour laisser sa médaille sur un coin poussiéreux du bureau de chez ses parents.
Apparemment, il y a une cinquième catégorie ; les salopes, celles qui pondent un œuf et qui se tirent à l'autre bout du pays pour vivre l'égoïsme à l'état pur.

- Je suis désolée pour ce que tu as vécu. Personne ne devrait subir ça, surtout pour le jour de ses 8 ans.

- Ho ne t'inquiète pas, c'est du passé, j'ai appris à vivre plus ou moins avec.

- Et ton père, comment a-t-il vécu tout ça ?

- Drogue, alcool et maltraitance. J'ai grandi, je me suis occupé de moi tout seul et voilà où j'en suis.

- Ho mon dieu Vincenzo, il est horrible ton passé, comment peut-on abandonner et maltraiter son enfant ? 

Il hausse les épaules en soupirant lourdement. Je le console en le prenant dans mes bras et lui offrir le confort d'une famille de cœur. Je n'attends pas de réponse, car mon ami doit se poser inlassablement cette question. C'est juste une constatation qui fait froid dans le dos. Jazz avait raison, on n'appartient pas à un gang par envie, mais par dépit. Peut-être un besoin urgent d'argent ou une enfance à la Oliver Twist.  Je me dis que chacun de ces truands a grandi dans le chao pour seul famille, la rue, qui en retour les a avalés. Malheureusement, Sony fait partie de ces enfants maltraités en manque d'argent avec la responsabilité de toute sa famille.

- Est-ce que tu as eu des nouvelles pour la liberté de Jared ?

- Ecoute chou, j'ai fait la promesse à Sony de ne pas te mêler à tout ça.

- Depuis quand tu écoutes Sony ?

- Depuis que je tiens à toi ! dit-il en me replaçant une mèche de cheveux derrière l'oreille.

Santana partie 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant