CHAPITRE 31

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Dès les premières lueurs matinales, mon repos prend fin. Ces quelques heures de sommeil, ont suffi à recharger mes batteries. L'aire de la montagne est un arôme revigorant, qui me booste pour prendre une douche dans la bonne humeur. L'espace confortable de cette chambre me rappelle avec délice les avantages de ma défunte richesse. On prend vite gout à l'aisance d'une vie fortunée où chacun peut trouver son compte avec un porte-monnaie bien rempli.

En ce début de matinée magnifique et ensoleillée, j'ai envie d'avoir l'illusion d'une existence de rêve sans ombre au tableau. J'admire la vue sur le lac depuis mon balcon en me promettant de rester positive pour le reste de la journée. Le soleil brille, les oiseaux chantent et la moto de Sony ne séjourne plus sur le parking... ?

« Bizarre »

J'élude la question pour faire honneur à ma positivité et je me dirige dans le hall d'entrée pour rejoindre la propriétaire des lieux, qui m'accueille à la hauteur de ma bonne humeur. Chaleureuse et maternelle.

- Bonjour jeune fille, je suppose que vous êtes la personne qui occupe la chambre double qui communique avec celle du grand jeune homme au regard ténébreux ? demande-telle dans un large sourire.

- Oui, c'est bien moi, bonjour.

- Votre ami m'a demandé de vous dire de déjeuner sans lui, il avait une course à faire, il sera de retour d'ici peu.

- Très bien, merci. Je voulais vous demander, si vous aviez un téléphone que je puisse utiliser, je ne capte pas ici.

- Oui, bien sûr, utilisez celui de l'établissement.

Sur ce, elle me présente une antiquité des années dix-neuf cent, couleur orange, aux grosses touches en plastiques. Je refrène une envie de rire devant cet objet insolite, sortie tout droit de la préhistoire. Cependant, je suis conquise quand l'objet en question prononce sa première sonnerie. Un signal et je tombe directement sur la messagerie de Vincenzo. Etant sur un numéro inconnu, je me permets de lui laisser un message, sachant pertinemment que personne de son clan ne connait vraiment ma voix.

- Coucou doudou, je me fais du souci pour toi, j'espère que tout va bien. J'essaierai de te rappeler plus tard. Pas d'imprudence. Tu me manques.

Après avoir gentiment remercié la dame de l'accueil, je me dirige sur la terrasse pour y prendre mon petit déjeuné. Mon café à portée de bouche, je ne peux m'empêcher d'admirer le paysage qui s'étend à perte de vue. Hautes montagnes, plateau bleu du lac, infini de vert et l'ombre de Samantha et Jared qui se profile à l'horizon, jusqu'à me cacher le panorama.

- Coucou Victoria, bien dormi ?

« Avec le boucan que vous avez fait, tu plaisantes !? »

- Bien, merci.

Je ne m'aventure pas à leur poser la même question, connaissant parfaitement la réponse. Pour sûre, Jared aura une réplique très objective de sa nuit.

- Où est Sun ? demande Jared.

- Il est parti faire une course, m'a dit la dame de l'accueil.

- Moi, j'ai une faim de loup, je crois que l'air de la montagne m'a ouvert l'appétit, s'exprime Samantha.

Mon petit déjeuner si paisible, prend fin dès leur arrivée. Le calme de cette matinée se voit masqué par les rires de Samantha et les bêtises de Jared. Je prends volontiers part à leur enfantillage pour vivre ce moment privilégié. Jared se moque ouvertement de ma façon délicate de boire le café, pendant que je me défends auprès de Samantha en lui expliquant que la faïence de cette vaisselle, ne me donne pas d'autre choix que de tenir ma tasse du bout des doigts pour ne pas me bruler. Mais franchement, qui je crois tromper en disant cela ?! En tout cas, pas Samantha qui s'esclaffe sans se cacher. Mes mimiques de petite bourgeoise ne sont pas faciles à gommer après 19 ans de vie. Mais bon, je préfère de loin siroter mon café de cette manière, que de le boire comme le fait ce gros cochon de Jared !
Nous rigolons à nous époumoner. A plusieurs reprises, mon breuvage a même failli jaillir de mes narines sous les blagues amusantes et historiques de Jared. Samantha ne s'arrête plus de rire, elle en pleure même. Quel bonheur de la voire ainsi, d'ailleurs c'est la première fois que je la vois aussi radieuse. J'ai l'impression de la découvrir pour la première fois. La magie de l'amour la métamorphose de la plus jolie des façons, et l'arrivée soudaine de Sony renforce son sourire jusqu'à illuminer son regard. Malgré notre quintessence de gaieté, celle-ci ne semble atteindre monsieur grognon qui prend place à mes côtés. Vêtu d'un sweat noir, il camoufle l'intégralité de sa tête sous sa capuche. Assit nonchalamment sur la chaise, les mains dans ses poches, il regarde au loin, sans nous adresser un seul mot.

Santana partie 2Where stories live. Discover now