Retrouvailles

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- C'était un grand honneur que de vous recevoir, Monsieur Mendelssohn-Bartholdy.

- N'en faites rien. Cet opéra est spectaculaire ; ceux qui ont l'honneur d'y être joués sont chanceux.

L'homme inclina légèrement la tête, et referma la porte sur lui. Tout en remettant son couvre-chef, Mendelssohn affichage un sourire satisfait.

- Paris a pour sûr les plus belles architectures. Nous devrions assister à un opéra ici un jour. J'aurais dû demander quelles œuvres étaient jouées dans les jours à venir.

- Nous pourrions demander à Chopin de nous rejoindre, avança Schumann.

Il descendit le grand escalier à ses côtés, mimant une légère moue.

- Pourquoi pas, oui... mais moi je ne veux être qu'avec toi. Puis je ne sais pas s'il apprécie tant l'Opéra. Il n'en écrit même pas. Il avait bien assisté à la première représentation de Robert le diable de Meyerb-

Il se coupa et se figea immédiatement. Il le vit, lui, discuter avec un homme plus loin, presse d'un lampadaire. Aurait-il confondu? Non, ces boucles noires, et ce air propre sur lui, il ne pouvait s'y tromper.

- Robert, suis-moi et ne te fais pas remarquer!

- Qu'y a-t-il...? Fit-il, confus.

Sans répondre, il lui prit le poignet, et commença à accélérer le pas.

Il aurait presque pu l'éviter. Presque.

Il l'entendit s'approcher, et n'eut pas à attendre longtemps pour se faire interpeller.

- Félix? Mais oui, c'est bien toi ! Voilà longtemps que je ne t'avais pas vu. Que fais-tu à Paris?

Il se retourna, inspirant un grand coup.

- Meyerbeer, constata-t-il. Bonjour. En effet. J'étais occupé, et je présume qu'il en était de même pour toi.

- Que sont ces manières? Tu parles à un ami, voyons.

- Je savais que l'on aurait dû éviter de venir visiter l'opéra, minauda-t-il.

Meyerbeer en fit fi, ou bien ne l'entendit pas, car il garda son sourire tout en se rapprochant d'eux.

- J'ai entendu que tu étais directeur de l'Opéra de Leipzig à présent. Quelle destinée. Ou plutôt, voilà un beau fils à son père.

- Excuse-nous, mais nous avons à faire. Robert et moi devons rentrer à l'hôtel pour le souper.

- "Robert"? Voilà un nom qui me plaît bien. À qui ai-je l'honneur?

- Robert Schumann, Monsieur, se présenta-t-il, plus avenant que son compagnon. Enchanté. Félix parle assez de vous, et il était étonnant que je ne vous aie pas encore rencontré.

- Schumann... Je vois. J'ai surtout entendu parler de votre épouse. Il paraît qu'elle enflamme les cours d'Europe.

- En effet.

- Mais pas seulement. Oui, je vois pour la première fois l'homme qui, en tant que critique, me persécute avec une inimitié mortelle.

Il n'avait pas dit cela d'un ton méprisant, mais d'un ton neutre, comme s'il constatait un fait. Ce qui n'était pas forcément mieux. Il était vrai qu'il avait plusieurs fois fait des critiques de sa musique, et pas toujours avec éloges... Il inspira un grand coup.

- Voyez-m'en... désolé.

Il sentit le regard soutenu de Meyerbeer posé sur lui. Il s'attendait au pire. Mais il n'en fut rien.

La mélodie des sentimentsUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum