Twinkle, twinkle, little star

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- "Doute que les étoiles ne soient de flamme.
Doute que le soleil n'accomplisse son tour.
Doute que la vérité soit menteuse infâme.
Mais ne doute jamais de mon amour..."

- Meritis...

Schumann lui embrassa la joue, attendri. Il était blotti entre ses bras et la couverture en laine qui les recouvrait. Couchés à même l'herbe rafraîchie par la nuit, ils contemplaient le vaste ciel étoilé.

- Je t'aime, lui susurra Mendelssohn en regardant ses yeux, puis ses lèvres, et en y déposant un furtif baiser.

Ses joues s'empourprèrent, et il afficha un sourire, tout en s'accrochant à lui. L'air nocturne était agréable, et pourtant il ne pouvait se passer de la chaleur de son corps. Rares étaient les moments aussi intimes qu'ils pouvaient passer ensemble. Ils étaient constamment entourés de leur famille ou de leurs amis, même lorsqu'ils étaient en voyage. Maintenant qu'ils étaient sur le chemin du retour, ils en avaient profité.

Ils s'étaient arrêtés au milieu de nulle part, et Schumann n'avait aucune idée d'où ils se trouvaient. En Belgique, en Suisse, peut-être déjà en Allemagne, peut-être encore en France. Enfin, à la réception de l'auberge, ils parlaient français... toujours difficile de savoir.

Une fois dans leur chambre temporaire, il avait à peine eu le temps de s'installer que son compagnon avait empoigné une couverture et l'avait entraîné dehors, dans l'optique d'observer ces diamants célestes ordinairement cachés par les lumières de la ville.

Ainsi s'étaient-ils retrouvés à observer les étoiles, dans cette campagne perdue. L'auberge était au bout du champ, près de la route, trop loin pour que sa lumière ne gêne leur observation, mais pas assez pour qu'ils n'entendent plus les chants qui l'animaient.

Schumann regarda son compagnon avec autant d'admiration qu'il regardait les étoiles. Il était parfait à ses yeux. La beauté de son corps, de son visage, de ses yeux, de son sourire était infime par rapport à la beauté de son âme. Il ne pouvait s'imaginer un seul instant vivre sans lui.

Il mit sa tête sur sa poitrine, entendant des battements de cœur qui firent chavirer le sien. L'avoir si près de lui, jusqu'à avoir leurs corps pressés l'un contre l'autre, lui était bien plus agréable qu'aucun autre geste ou que n'importe quelle parole. Il se sentait protégé, aimé et en paix, et pour lui c'était tout ce dont l'Homme avait besoin.

- Maintenant que j'y pense, l'on ne pense pas à reprendre les pièces de Shakespeare pour en faire un opéra, réalisa Mendelssohn. Il y a pourtant tout pour faire une bonne intrigue.

- Car personne n'est aussi doué que toi à cette entreprise, Rit-il.

- Tout de même, il doit bien y avoir en ce monde des hommes assez compétents et inventifs pour cela.

- Ou des femmes.

- Des femmes, oui...

Tandis qu'un nouveau silence s'abattit sur eux, Schumann remonta sa main auparavant autour de sa taille jusqu'à son cou. Il inspecta à la faible lumière d'une lune en quartier le pendentif de l'étoile de David en or qui pendait au bout de la chaîne tout aussi dorée.

- Y a-t-il des étoiles filantes? Demanda-t-il.

- À cette période de l'année, je ne crois pas.

Il se redressa pour lui embrasser la joue.

- Dis... tu pourras m'en offrir une, d'étoile?

- J'irais en cueillir une pour toi volontiers, mon amour, mais je crains que cela me soit impossible, rit-il. L'Homme n'a pas encore trouvé le moyen de les atteindre.

- Mais non! Que vas-tu encore chercher. Je te parle d'une étoile de David.

- Pourquoi en voudrais-tu une? Tu n'es même pas juif.

il voulut lui faire remarquer qu'il ne l'était pas vraiment non plus, du moins c'était confus, mais ne voulut pas briser cet instant.

- Oui, mais c'est symbolique, cela signifie que je te soutiens, toi et ta famille... puis aussi que je serais prêt à me convertir pour toi... et... et cela me ferait plaisir, de porter sur moi un symbole qui t'est si important, et que tu m'as offert, bredouilla-t-il, embrassé. Puis pour ma Compagnie de David...

- Les étoiles te donnent décidément de drôles d'idées, mon Robert. Mais soit, je t'en offrirai une. Tu sais bien que je ne peux rien te refuser...

- Merci... Meritis...

Il se réinstalla contre lui, observant vaguement la brillante voûte céleste qu'il avait devant les yeux.

- C'est vraiment magnifique... l'Homme est constamment à la recherche de la plus pure des beautés, dans tous les arts, mais il lui suffirait de lever les yeux pour contempler la plus belle des œuvres...

- Pour certains, même les étoiles ne leur suffisent pas.

- Que veulent-ils alors?

- Ils veulent tout, et rien à la fois. Ils sont trop avides. C'est une terrible erreur...

- Moi, je me fiche des étoiles du ciel. Car tu es ma propre étoile, et... et tu brilles bien plus que n'importe laquelle d'entre elles.

- Mon amour...

Il lui caressa les cheveux, et lui offrit un baiser, qui même s'il fut doux, dura plus longtemps que le précédent.

- Tu ne devrais pas dire de telles choses, reprit-il. Tu es si charmant que je ne peux te résister.

- J'aimerais que l'on reste seuls tous les deux encore longtemps... dit-il en se cachant contre lui.

- Nous ne le pouvons malheureusement pas. Mais ce que nous pouvons faire, c'est faire quelques détours et prendre notre temps avant de rentrer à Leipzig~...

- Mais ta famille va s'inquiéter...

- Peut-être, mais en ce moment, c'est de toi dont je veux m'occuper. Allons, profitons et regardons ce ciel incroyable. Regarde la Grande Ourse, là-bas, lui montra-t-il.

- Elle ressemble à une casserole. C'est drôle.

- Oui, mais ce n'est qu'une partie de la constellation. En bas, regarde, ce sont les jambes, et tout cela est son corps.

- Au-dessus, l'on dirait qu'il y a un "M".

- Vraiment? Je ne le vois pas.

- Ça ne fait rien. Veux-tu bien m'embrasser encore...?

- Tu es bien gourmand ce soir, sourit-il avant de lui offrir à nouveau son baiser tant désiré.

Celui-ci, comme le temps où il restèrent sous les étoiles avant d'aller se coucher, leur sembla à tous les deux durer un temps infini.

La mélodie des sentimentsWhere stories live. Discover now