Kocham cię / Szeretlek

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Liszt posa ses yeux sur son verre de vin. Il s'ennuyait profondément.

Un homme lui parlait depuis au moins dix minutes, mais il n'écoutait plus. Pauline, en revanche, qui était à ses côtés, semblait suivre ses paroles avec davantage d'attention.

La jeune fille l'avait rejoint il y a quelques jours, afin d'assister à ses concerts et d'en apprendre, et d'avoir de nouveaux quelques cours avec lui, comme avant. Il avait été occupé, et n'avait eu pour l'instant que peu d'interactions avec elle. Et même à cette réception où il avait été convié, il l'avait emmenée, mais il passaient plus de temps à écouter les autres qu'à se parler.

- ...c'est tout naturel, ai-je pensé, seulement il ne le considérait pas de cette manière! J'ai voulu le lui faire entendre, comprenez, sauf que...

Il fit tourner légèrement son verre, laissant échapper un soupir peu discret. Il ne connaissait pas l'identité de son interlocuteur, mais en tout cas sa voix était bien ennuyeuse.

Il jeta un œil autour de lui. Les tenues étaient toutes plus belles les unes que les autres, et celles de couleur pâle étaient mises en valeur par le rouge saillant des tapis.

Honnêtement, il ne savait pas ce qu'il faisait ici. Une simple invitation, et il se retrouvait mêlé à ces bourgeois. Ce n'était même pas pour donner un concert privé ; on avait seulement voulu l'inviter pour le rencontrer. Et bien en faisait! À cause de cela, il supportait les salutations et les conversations. Si Chopin en était effrayé, lui en était juste agacé. Mais c'était déjà beaucoup.

- Tout va bien, Monsieur Liszt?

Il baissa le regard sur Pauline, qui le dévisageait de ses grands yeux bleus. L'homme était parti et il ne s'en était même pas rendu compte.

- Oui. Oui, j'ai seulement chaud... oui, vraiment! J'étouffe! Sortons respirer l'air frais. Oui, sortons avant que quelqu'un ne nous aborde.

Il lui prit le bras, et sans qu'elle ne puisse rien dire, l'attira jusqu'à l'extérieur. Au lieu de s'arrêter à l'entrée, il descendit les escaliers, et elle fut bien obligée de le suivre.

- Tout va bien? Répéta-t-elle, inquiète, lorsqu'il l'avait lâchée pour s'éponger le front de son mouchoir.

- Bien sûr... seulement, je ne pouvais plus supporter tout ça. Les réceptions m'ennuient! Et ces bourgeois coincés... cela ne vaut pas une beuverie aux quartiers populaires!

- Vous aviez pourtant l'air d'être à votre aise...

- Alors je dois savoir en donner une parfaite illusion. Lorsque l'on me fait des compliments, oui, c'est agréable ; mais je ne vois pas l'utilité d'écouter les affaires coloniales d'un homme ou les détails de la nouvelle chienne de je ne sais quelle dame!

- Voulez-vous que nous quittions cette réception?

Liszt remit son mouchoir dans sa poche, et posa un regard surpris sur la jeune fille.

- Vous êtes bien impolie, ma chère Pauline! J'apprécie ça. Cela change des leçons de Frédéric. Puisque c'est ainsi, oui, rentrons.

- Attendez, je... je voudrais que nous ne rentrions pas tout de suite.

- Voulez-vous faire vos aux revoirs à quelqu'un?

Elle lia ses mains, la tête légèrement baissée.

- Non. C'est que... Depuis quelques jours que je suis à Paris, nous n'avons eu que peu le temps de discuter. Et voilà qui me peine. De plus, je souhaiterais vous parler d'une chose... peut-être sauriez-vous davantage m'aider que Monsieur Chopin.

La mélodie des sentimentsWhere stories live. Discover now