Meanwhile, in a parallel universe 2

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- Mais alors, pourquoi tu dois acheter toutes ces fournitures, si tu ne fais qu'étudier l'histoire de l'art?

Delacroix reposa le pinceau qu'il venait d'examiner sur son étagère, et jeta un œil à son ami, avant d'en choisir un autre et de l'observer en long et en large.

- Parce que j'adore peindre, tout simplement. Puis les artistes que j'étudie m'inspirent! Toi, Frédéric, t'es qu'en musicologie et pourtant tu composes quand même.

- Oui mais j'ai quand même des cours au conservatoire en parallèle. Donc j'ai de la pratique en plus de la théorie.

- Tu travailles bien, dis donc... je parie que c'est bien moins le cas de Franz, nota-t-il en reposant le pinceau, en regardant sa liste et en changeant de rayon.

Chopin le suivit, les mains dans les poches en arborrant un air agacé.

- Tu parles! Il ne fait que dormir et manger de ses journées. Et le pire, c'est qu'il parvient à avoir de bien meilleures notes que moi! C'est insupportable.

- Je suis sûr que tu fais de ton mieux pourtant. Bon, où sont les aquarelles? Je ne les vois pas...

- Là-haut, regarde, lui dit-il en montrant l'étagère du haut. Mais je te jure, c'est parce qu'il est le favori du prof, j'en suis sûr.

- Tu crois qu'il a une relation avec Monsieur Salieri? Rit-il en se mettant sur pointe des pieds pour attraper le set de peinture.

- Déjà qu'il y a des rumeurs comme quoi il en aurait une avec Wolfgang! Ce serait terrible! Puis s'il me trompait, lui aussi, je le prendrais vraiment mal... rajouta-t-il en baissant les yeux.

Delacroix se mordit la lèvre. Il avait mit un mauvais sujet sur le tapis.

- Allons, j'ai dit ça pour rire. C'est fini tout ça, je suis sûr que Franz est l'homme de ta vie!

Il garda l'aquarelle dans sa main, et en barra le mot sur sa liste avant de s'engager dans un rayon de toiles et de papiers.

- Tout de suite...! Je ne sais pas si j'aurai la patience de passer ma vie avec lui. Je vis déjà avec lui au quotidien et c'est déjà pénible.

- Pourtant, je suis certain qu'au fond tu pourrais pas te passer de lui. Je réaliserai une grande toile pour votre mariage! J'ai déjà tout à l'esprit!

- Pitié, dit-il en riant et en roulant des yeux à la fois.

- Tu seras un grand compositeur, tu composeras les bandes originales de grands films hollywoodiens! Et moi je galérerais sans doute un peu, mais je suis sûr que je finirai par être reconnu.

- T'auras pas de mal. Sortir de l'École du Louvre, c'est pas rien...

- Et je me demande bien comment j'ai fait pour passer le concours d'ailleurs. Mais les profs sont cools et passionnés surtout. Et ce qui est vraiment super, c'est que quand on doit étudier un tableau, on a juste à descendre aux galeries et à se mettre devant.

- C'est sûr qu'on aimerait bien observer les compositeurs d'antan jouer leurs pièces pour mieux les étudier.

- Bah, elles valent quoi, leurs musiques, comparées aux vôtres? C'est comme mes tableaux. Un jour ils seront bien plus connus que ceux de Da Vinci ou Vermeer. C'est nous le futur!

- Tu es optimiste... mais bon, il faut l'être. Peut-être qu'un jour, Franz deviendra un pianiste renommé, quand il arrêtera de casser des pianos. À moins qu'il soit renommé à cause de ça, enfin ce serait un peu triste.

- J'imagine tellement vos tournées : les premiers pianistes gays de l'histoire qui jouent en couple!

- Tais-toi... fit-il en se mettant la main au visage, à la fois désespéré et embarrassé. Sinon, au lieu de dire n'importe quoi, t'as trouvé ce qu'il te fallait?

- Presque. Je cherche juste des feuilles. J'aimerais bien reproduire des tableaux du Louvre, en fait.

- Faudra que tu m'en fasses. Ça décorerait notre appartement. Ça ferait un gros contraste avec les posters de Paganini que Franz à collé sur tous les murs mais bon.

- Chaud... du coup, lorsque vous couchez ensemble, t'as Paganini qui vous fixe?

Il soupira juste comme réponse, tandis que son ami riait, parce que ce n'était sûrement pas un sujet dont il allait parler à haute voix, mais il ne pouvait que l'affirmer.

- Et toi? Toujours rien?

- Concernant quoi?

- Tu n'as trouvé personne?

- Eh bien... non, pas vraiment. Puis je n'ai pas le temps pour ça!

Lui dire qu'il avait des vues sur son ex n'était pas vraiment une bonne idée. La même ex qui l'avait largué par texto et à cause de qui il était venu pleurer chez lui, oui.

- Un artiste a pourtant toujours besoin d'une muse.

- Comme dirait Franz, ma muse, c'est ma propre personne, dit-il en attrapant une toile pas si grande mais ql'ui tenait dans ses deux mains. Tu viens? J'ai tout ce qu'il me faut.

- Je te suis...

En se dirigeant vers la caisse avec lui, il sentit son téléphone vibrer dans sa poche. En une fraction de seconde, il avait l'écran devant les yeux.

- C'est qui? Lui demanda son ami avec curiosité.

- Franz.

- Il te dit quoi?

- Juste "Je t'aime".

La mélodie des sentimentsNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ