Éclaircissement

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"Allons nous amuser! Profitons que Meritis prenne un bain et allons-nous en!"

Attablé et ne cessant pas son écriture, Schumann soupira à cette voix guillerette qui résonna dans son esprit.

- Et pour quoi faire? Nous sommes bien ici. Nous travaillons.

"Mais c'est ennuyeux! Et nous voudrions mieux profiter de Paris."

- Plus tard...

"Nous sommes à Paris, où sont présent tant de ces musiciens dont nous faisons les critiques, et nous n'en rencontrons aucun! Nous pourrions au moins assister à leurs opéras ou leurs concerts!"

- Nous n'avons pas le temps. Ça ne ferait pas plaisir à Meritis, il préfère se divertir autrement. Il a financé ce voyage, je lui dois bien ça.

"Je ne sais pas pourquoi tu le préfères à nous! Il est arrogant et paresseux. À nous tu peux nous faire confiance. On te connaît depuis toujours!"

- Il est important pour moi. Voilà tout. Alors que moi je ne vaux pas grand-chose...

"Mais il veut nous donner des médecines! On déteste ça!" Protesta Eusèbe.

- Je sais... mais il faut bien.

"Quand on nous les fait avaler, ça nous fait du mal, à Florestan et moi, et on ne parvient plus à te soutenir..."

- C'est vrai que ces médecines me donnent l'envie de dormir et c'est agaçant.

"Et après tu deviens apathique! Que deviendrais-tu sans mes rêves et mon enthousiasme, et sans le sérieux de Florestan? Tu ne serais rien, et vivrais pour rien."

- Tais-toi, s'il te plaît. J'ai besoin de me concentrer pour écrire cette critique.

À son grand soulagement, cette voix se tut. Enfin, seulement un court instant.

"Tout compte fait, tu as raison. On ne devrait pas rencontrer ces artistes. On devrait plutôt aller rejoindre Meritis dans son bain."

- Eusèbe! Grommela-t-il.

"On est en train d'écrire une critique sur lui. Il faut bien qu'on étudie sa personne sous tous les angles pour mieux la cerner."

- Justement, cette critique, concentrons-nous dessus. Revoyons le début... "Nous tous qui nous sommes jusqu'ici réjoui de la brillante carrière de Mendelssohn, attendons avec hâte et le plus grand intérêt sa nouvelle symphonie. Elle pourrait être, à juste titre, considéré comme sa première aventure dans le domaine symphonique. Sa première véritable symphonie, en C mineur, appartient à sa plus tendre jeunesse. Sa seconde, écrite pour la Société philharmonique de Londres, n'a pas encore été publiée."

"Est-ce une biographie que tu écris ou une critique?"

- Il faut bien mettre le lecteur au fait. Où en étais-je? Oui : "Son Hymne aux louanges est une cantate symphonique, et ne peut être considérée comme une œuvre purement instrumentale. Ainsi seulement la symphonie - opéra mis à part - est manquante parmi l'opulente richesse de ses créations. Il a déjà, dans toutes les autres catégories, démontré sa prolificité."

"Tu lui fais tant d'éloges qu'on se demande si c'est une critique ou une déclaration d'amour."

- C'est un constat! Et une preuve d'admiration.

"Un constat? Où tu parles de prolificité? C'est totalement l'inverse! Il publie une composition tous les dix ans! Toutes celles que tu évoques, il n'en a écrit qu'une ligne!"

La mélodie des sentimentsWhere stories live. Discover now