Conjugaison

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- Je fis... tu fis... il fit, nous firent, vous... firent, ils fissent.

Tytus leva les yeux du livre qu'il tenait entre les mains, et envoya un regard paradoxalement déçu et amusé à son petit-ami.

- Le début était bien, mais tu t'es trompé sur les derniers. Trois pichenettes pour toi.

Fryderyk se crispa, près à recevoir sa punition. À chacune qu'il reçu sur le front, il laissa s'échapper un léger son de douleur.

- Rappelle-moi la vraie conjugaison...

- Nous fîmes, vous fîtes, ils firent.

- C'est bien trop difficile! Les français parlent-ils vraiment comme ça à vive voix?

- Ce n'est pas la question, tu dois apprendre ces verbes. Maintenant, sourire. Allons, ce sont les mêmes terminaisons.

Il fit une légère moue. Il n'avait pas le choix.

- Je souris, tu souris, il sourit, nous... sourîmes, vous sour... îtes, ils sourirent.

- Voilà qui est bien! Ce sont des bonnes réponses. Tu as droit à des baisers.

Alors qu'il s'était mis à rire, Tytus lui embrassa les joues, le front, puis les lèvres d'un baiser furtif. Il reprit ensuite son livre, toujours avec sérieux.

- Continuons.

- Noooon... je n'en puis plus, gémit Fryderyk en se laissant tomber en arrière sur le lit. Encore un mot de français et je ne répondrai plus de rien.

- Préfères-tu que l'on étudie les mathématiques?

- Non! C'est encore pire.

- Alors tu veux revoir ton répertoire?

- Hm... non. Je n'en ai pas envie. De plus mon père me réprimandera s'il me voit jouer au lieu de travailler.

- Que veux-tu étudier alors?

- Le sommeil. Je veux dormir.

- Fryderyk... soupira-t-il.

- Je veux dormir avec toi...

Il le tira pour le coucher en face de lui, et vint immédiatement se blottir contre lui.

- Mon cher Tytus... mon adoré...

- Allons, je suis là, tu le sais bien.

Il lui caressa les cheveux, tout de même un peu ennuyé de ne pas pouvoir travailler davantage. Mais quand sa moitié était dans cet état, c'était impossible de le faire changer d'avis, à part par l'aide d'une intervention extérieure.

Plongé dans ses pensées, il ne s'aperçut d'abord pas que son petit-ami s'était accroché à lui, et qu'il avait commencé à laisser de légers baisers dans son cou. Ce n'est que lorsqu'il se mit à mordiller et sucer sa peau qu'il se fit entendre malgré lui.

- Ha... F... Fryderyk...

Il se mordit la lèvre, ses joues s'empourprant à vue d'œil. Il ne savait absolument pas comment réagir.

Il frémit en sentant sa main se détacher de sa chemise pour descendre caresser sa hanche. Il ne sût si le frisson qui traversa son corps était dû à la peur ou à l'envie. Il n'osait faire de geste, redoutant d'être maladroit. Il ne pu que soupirer de plaisir en sentant se redoubler sur son corps les baisers et les caresses.

Il se tut immédiatement en entendant des coups à la porte. L'avaient-ils au moins fermée à clé?

- Fryderyk, mon chéri, je peux entrer?
Tytus repoussa son petit-ami avec vivacité, et se rassit et reprit son livre dans ses mains tout aussi vite.

Fryderyk, plus rouge que jamais, légèrement décoiffé et confus, se redressa, déçu d'être arrêté si brutalement.

- O... Oui, tu peux.

La porte s'ouvrit sur une femme brune paraissant plus jeune que son âge, à la taille fine mais vêtue d'un épais manteau de laine rouge. Elle observa un instant les deux garçons.

- Êtes-vous encore en train de travailler tous les deux? Pourquoi rester enfermés dans cette chambre? Vous feriez mieux de descendre faire vos exercices en salles d'étude.

- Nous sommes mieux ici, maman. C'est calme et comme nous travaillons notre oral avec Tytus, au moins nous ne gênons personne.

- Si vous le dites. Peu importe, je suis venue t'apporter ceci. C'est un manteau que j'ai trouvé pour toi lorsque je faisais une course en ville. Avec l'hiver qui arrive, il te tiendra bien chaud. Il serait idiot que tu attrapes une vilaine maladie.

Elle posa le vêtement plié sur le bureau qui faisait face au mur, regardant à peine les deux garçons.

- En parlant de cela... dis, est-ce que... Emilia va mieux?

Sa mère resta silencieuse un instant, le visage sans expression. Puis elle afficha un léger sourire.

- Elle était très heureuse de t'entendre jouer, la dernière fois. Elle m'a dit que lorsque le médecin l'autorisa à nous visiter, elle voudrait à nouveau t'écouter jouer.

- Je vois... mais sa santé est-elle meilleure?

- Elle se repose. Je n'en sais pas plus, à présent remets-toi au travail.

- Oui...

Il baissa les yeux, tandis que la porte se refermait sur sa mère, qui comme toujours, était occupée à quelque affaire plus importante que lui.

- T... Tu crois... que ma sœur va mal?

- Bien sûr que non! Je suis certain qu'elle est sur le point de guérir. Si elle se repose, c'est que son corps reprend des forces, n'est-ce pas?

- Tu dois avoir raison...

Il retourna contre lui, mais cette fois son visage était plus maussade qu'auparavant.

- Elle aime beaucoup m'entendre jouer, reprit-il. Pour la rendre heureuse, je deviendrai un grand pianiste, et lorsqu'elle sera guérie, elle m'écoutera donner des concerts dans de grandes salles.

- Je serai également aux premières loges, sourit Tytus. Je te rejoindrai même derrière la scène, pour te donner un baiser d'encouragement.

- J'en veux un maintenant...

Il leva les yeux vers lui, et le laissa presser ses lèvres aux siennes dans une tendresse inégalable.

- Repose-toi, toi aussi, si tu le souhaites, lui susurra-t-il. Mais après nous travaillons.

- Promis... tu veilleras sur mon sommeil?

- Oui, sourit-il en lui embrassant le front.

Il logea sa tête contre son épaule, tout en se lovant contre lui, un adorable sourire aux lèvres.

Vraiment, comment lui résister?

La mélodie des sentimentsМесто, где живут истории. Откройте их для себя