Requiem

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1824

- Fryderyk! FRYDERYK!! Mais bon Dieu, où est ce garçon?!

- Chht!

Tytus garda la main sur la bouche de son petit-ami, qui était partagé entre la panique de se faire remarquer et l'envie de rire face à cette situation improbable.

Il raffermit son étreinte, se cachant le mieux possible derrière le pilier collé au mur, qui était séparé de la cour intérieure par un couloir.

Lorsqu'il vit que l'homme était maintenant assez loin, et qu'il venait de pénétrer dans le bâtiment, il retira sa main et le laissa reprendre son souffle.

Toujours nerveux, Fryderyk laissa échapper un petit rire, qui alla de paire avec une voix tremblante.

- Mon père ne nous a pas vu, tu en es certain...?

Tytus ne répondit pas. Il avait autre chose en tête. Il regarda à droite, à gauche, vérifiant que personne n'était présent ni dans les couloirs à péristyle ni dans la cour, et retourna l'embrasser avec la même passion dont il faisait preuve il y a un instant, avant que la voix agacée du père de ce dernier ne les interrompe. Il le pressait entre lui et le mur trop brutalement, serrait sa main trop fort dans la sienne, mais peu importe. Lui aussi, il le sentait s'accrocher de sa main libre à sa veste fine avec ardeur. Tytus se fichait bien d'à quel point ils étaient enlacés l'un l'autre. Il voulait sentir son corps être attaché, mêlé au sien dans l'étreinte la plus étroite, aussi son bras entourait-il sa taille avec fermeté. Il voulait goûter à ses lèvres le plus longtemps possible, jusqu'à ce qu'elles n'aient plus de saveur. Il lui mordit l'inférieure, tout en lâchent un infime instant sa main pour enlacer leurs doigts, obtenant un doux son de plaisir qui fit faire un bond à son cœur.

Son aspect paraissait calme, cependant tandis qu'il approfondissait le baiser jusqu'à en perdre le souffle, son cœur battait la chamade. C'était avec lui qu'il découvrait l'amour, et c'était la chose la plus agréable au monde.

Fryderyk devait être irrésistible. C'était indéniable. À bout de souffle, et avide d'observer encore son visage, Tytus se détacha enfin de lui, et posa son front brûlant contre le sien. Leurs visages étaient aussi rouges d'embarras et de liesse l'un que l'autre.

- Je t'aime... osa-t-il souffler. C'est mal, Tytus, mais je t'aime tant...

- Moi aussi, je t'aime. Je veux être à tes côtés pour toujours.

Il lui sourit, d'une tendresse sans pareille, et Fryderyk crut que son cœur déjà malmené allait s'arrêter. Il voulait l'embrasser encore, mais si on les surprenait, ce serait terrible. Alors il se recula un peu, néanmoins en gardant ses mains accrochées à son vêtement.

Il détourna le regard, embarrassé de ses joues pourpres, et prononça une affirmation qui n'était même pas un mensonge :

- Dis, j'ai faim...

Tytus était légèrement amusé, mais il prit un air sérieux.

- Tu sais bien que l'on ne peut pas manger si ce n'est à la cantine, et que les cuisines nous sont fermées. Je n'ose penser aux conséquences si l'on nous prend à y voler. Puis comme je suis ton aîné, et que ton père travaille ici et a de l'influence, c'est moi que l'on grondera.

- Alors allons nous promener dans Varsovie, et profitons-en pour nous acheter une pâtisserie! Cela fait si longtemps que je n'ai pas visité la ville.

- Mais je préfère garder mes économies... et tu te rends compte de la réaction de ton père s'il s'aperçoit que l'on est sortis sans son autorisation?

La mélodie des sentimentsWhere stories live. Discover now