Tranquilité et Blanche-Neige

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- J'ai mal à la tête... Franz, peux-tu arrêter de jouer, s'il te plaît...?

Chopin, qui était une fois de plus à moitié mort dans son lit, jeta faiblement un œil vers le pianiste.

- Et puis pourquoi a-t-on décidé de mettre ce piano dans ma chambre...? Gémit-il. Il aurait été mieux dans le salon...

- C'est car tu ne sors jamais de ta chambre, à part lors des repas, lui dit Liszt en arrêtant son jeu pour se tourner vers lui.

Chopin ne releva même pas. Il sentait la vie le quitter, avait la nausée, la migraine, avait mal partout. Il devait être blanc comme un linge. Il avait déjà dormi toute le journée, et il avait envie dormir encore... il tendit une main affaiblie vers Liszt.

- J'ai besoin de toi...

- Eh bien, qu'y a-t-il, mon Chopinetto?

Il se leva pour venir à ses côtés, et s'assit sur le lit en mettant sa main sur son front.

- Tu es encore très chaud. Mais tu transpires beaucoup, c'est bon signe, la maladie quitte ton corps.

Chopin frémit à son toucher. Sa main était froide, et c'était si agréable...

Il alla la prendre dans la sienne, et la serra autant qu'il le pu. Ses doigts fins et délicats étaient presque cachés dans la grande paume de Liszt.

D'un sourire, celui-ci alla déposer un doux baiser sur ses lèvres.

- Tu te remettras vite. Je suis sûr que demain soir, tu es sur pied.

- Franz... je t'aime, je t'aime tellement...

- Eh bien, et ton Amantine? Rit-il.

- Je l'aime aussi... mais toi tu sais faire cuire des œufs, donc je t'aime davantage!

- Quelque chose me dit que mon Chopinetto a un peu trop de fièvre.

- Je ne suis pas ton Chopinetto... je suis celui de Hector. C'est lui qui m'a appelé ainsi en premier.

- Oui, mais c'est moi qui t'ai à mes côtés, rien que pour moi~... se vanta-t-il en lui montant dessus.

Il prit son autre main dans la sienne et la serra autant que l'autre, tout en jouant avec.

- Mon adorable Chopinetto a de magnifiques doigts de pianiste.

- Exactement. Lorsque je n'étais encore qu'un bébé, mes parents ont tout de suite remarqué que ces doigts n'étaient pas des doigts d'ouvrier.

- Travailler le fer gâcherait ton joli teint.

- Toi par contre, tu ferais des ravages dans l'industrie, avec tes mains de géant.

- Peut-être, cependant, je préfère les utiliser pour composer des musiques que moi seul sera jamais capable de jouer.

Il apporta l'une de ses mains à ses lèvres, et l'embrassa.

- J'aimerais voir si ces mains sont expertes à une entreprise autre que la composition...

- Quand je ne risquerais pas de te vomir dessus à n'importe instant.

- Dommage... je ne peux attendre... geignit-il en se penchant sur lui pour lui offrir un baiser de nouveau.

Il l'aurait approfondi si quelques coups à la porte ne l'avait pas interrompu. Et il se serait levé pour ouvrir si la porte ne s'était pas ouverte d'elle-même.

- Franz! Je savais que tu étais là! Je suis allé chez toi, mais tu n'y étais pas, j'ai donc conclu que tu étais ici, et j'avais raison! J'ai frappé à l'entrée, mais je n'ai pas eu de réponse, je me suis donc permis d'entrer, et puis, ce n'est pas grand ici, si tu n'étais pas dans le salon ni dans la cuisine, c'est forcément que tu étais dans la chambre.

La mélodie des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant