Chapitre 57 : Ouais, je suis amoureux de Selena.

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Jour 4 — 19 septembre 2020

Kate

- J'en ai marre... marmonné-je en collant ma joue contre son torse. J'en peux plus, je te jure...

Harry ricane en me serrant plus fort dans ses bras :

- Ça va aller, Pépita. Tout va bien.

Combien de temps encore vont durer ces nausées de malheur ? J'en ai assez de me réveiller chaque matin pour finir penchée au-dessus de la cuvette des toilettes.

Je marmonne :

- C'est si facile à dire pour toi.

- Hé ! Je t'épaule comme je peux, je te signale, dit-il, faussement offusqué.

Je ris légèrement, moqueuse :

- Comme il est mignon, le monsieur.

Puis en me séparant de lui, je vais prendre ma brosse à dents pour finir ma toilette, tandis qu'il sort de la salle de bain pour me laisser un peu d'intimité.

Quelques minutes plus tard, je suis lavée, habillée et enfin prête. Dans le miroir, je remarque mon cou et grimace.

- Harry !

En quelques secondes, il est prêt de moi.

- Tu as du maquillage ?

- Pourquoi j'en aur...

En même temps qu'il termine sa phrase, il remarque mon cou. La lumière naturelle du soleil les mets bien en valeur, je peux le confirmer.

- Ah ouais... Je n'y suis pas allé de main morte, hier.

- Toi aussi, tu en as, fais-je remarquer. Mais les tiens sont moins visibles.

J'ai deux suçons au cou — sur la glotte, l'autre au-dessus de la clavicule — ainsi qu'un autre sous le menton.

Purée. On n'a ni maquillage ni foul...

- J'ai un foulard !

Je me précipite hors de la salle de bain, ouvre l'armoire sans perdre de temps et trouve mon foulard rouge que j'attache autour de mon cou. Harry me rejoint en rigolant :

- T'en as un pour moi aussi ?

- Non, je suis désolée. Je n'ai même pas pensé à prendre mon maquillage, c'est débile.

Il s'approche et entoure ma taille de ses bras.

- Et si je te disais que j'en étais ravi ?

- De quoi ? Pour le maquillage ?

Il hoche la tête.

- Et pourquoi ça ?

- Sans maquillage, tu es divinement belle.

Je lève les yeux au ciel en gloussant.

- Arrête de me draguer.

- Seulement si tu m'embrasses.

Je me hisse sur la pointe des pieds et prends son visage entre mes mains pour l'embrasser tendrement.

- Je t'adore.

Je souris :

- Je t'adore aussi.

Quand nous arrivons au réfectoire main dans la main, les enfants se tournent vers nous pour dire en chœur :

- Bonjour Harry et Pépita !

Ils l'ont fait, ils l'ont retenu. Je souris à Harry qui me répond d'un clin d'œil. En allant rejoindre la table d'Alberta, je manque de trébucher sur une chaise mais me retiens aux bras du brun.

- Ça va ?

- Super.

Nous nous installons à table.

- Alors comme ça, tu as changé de nom ? plaisante Alberta, tout sourire.

- J'ai opté pour un surnom, en effet.

Parce que je ne supportais plus d'entendre le nom de ma sœur à chaque pas que je faisais et qu'Harry l'a très justement compris.

La femme me tend le panier à pains et je me serre en la remerciant.

Harry

Kate et Alberta sont encore en train de discuter quand la deuxième s'exclame soudain, malicieuse :

- Eh bien !

Nous la regardons, curieux.

- Je n'avais pas osé le dire hier soir, mais on dirait que vous vous êtes bien amusés, tous les deux, pas vrai ?

J'arrête de mâcher mon pain au beurre et à la confiture d'abricot et regarde mon amie, perdu. Mais quand je vois son regard faire le chemin entre mon cou et mes yeux, je comprends immédiatement où elle veut en venir et me mets à rigoler.

Je tourne la tête vers Kate qui, elle, a les yeux écarquillés, rivés sur son bol, et les joues toutes rouges.

En riant encore plus, je glisse mon bras autour de sa taille et la rapproche légèrement de moi, tandis qu'elle me lance un coup d'œil interrogateur.

- Il faut dire que cette femme sait me combler.

Et dans tous les sens du terme. Elle me rend complètement dingue.

Le rouge lui monte davantage aux joues et elle sourit timidement, les yeux brillants de joie. Elle est magnifique.

Tendrement, je l'embrasse alors parce que ses lèvres, putain, ne cessent de me manquer, et immédiatement, des : « Beurk ! », « Ah, les amoureux ! », « C'est dégoûtant ! » fusent de partout, avant qu'une enfant n'ajoute : « Bah mon papa et ma maman faisaient ça avant que ma petite sœur naisse, hein ! ». Et un autre : « Oh là là, ils ont pas le droit ! »

Ma fausse petite amie et moi éclatons de rire et nous tournons vers eux qui, joueurs pour certains et curieux pour d'autres, ont toujours les yeux rivés sur nous.

Ils sont tellement innocents, mignons, porteurs de tant d'ondes positives... et j'ai hâte d'accueillir mon premier enfant.

Soudain, Alberta dit, la joie au cœur :

- Ça me fait plaisir de te voir aussi amoureux et épanoui, mon chéri.

Je tourne la tête, les sourcils froncés.

- Amoureux ?

Je regarde Kate qui me regarde aussi. Mais qu'est-ce que... ?

Soudain, je réalise.

- Oh ! De ma fiancée.

Alberta confirme en hochant la tête.

- De qui d'autre parlerais-je, sinon ?

- Oui, évidement, je... Désolé, j'ai juste cru... Enfin, ouais, je... je suis amoureux de Selena.

Je me force à lui sourire, bouge légèrement sur mon siège, mal à l'aise, puis plonge mon nez dans mon bol.

Ouais, je suis amoureux de Selena.

Sham » h.sWhere stories live. Discover now