Chapitre 48 : Ce n'est pas la peine de me fuir, Katherina.

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Kate

Deux heures.

Je jette un énième coup d'œil à la montre du salon, soupirant pour la deux centième fois de la soirée.

Deux heures.

Nala est dans mes bras, endormie, bercée par leur mouvements réguliers qui la bordent.

Deux heures qu'il a quitté cette maison, deux heures qu'il refuse de prendre mes appels.

Et je panique totalement. J'essaie de me dire que tout va bien, que rien de grave n'a pu arriver en si peu de temps, mais mon côté parano ne s'arrête plus de me faire visualiser tout un tas de choses incroyables.

Accident, agression, enlèvement... Tout me vient à l'esprit et soudain, je me surprends même à prier pour que rien ne lui soit arrivé.

Deux heures.

Nous ne nous étions encore jamais disputés aussi violemment et pour la seconde fois depuis que je le connais — depuis des mois, en réalité —, j'ai vu, dans son regard, haine et dégoût.

Il me hait. Je le dégoûte.

Et bien que j'essaie de me persuader que cette histoire me laisse dans l'indifférence la plus totale, je sais, au fond de moi, que ce n'est pas le cas.

J'angoisse. Je suis carrément mortifiée à l'idée de le perdre — à l'idée de perdre qui que ce soit, pour être honnête.

En réalité, j'ai toujours eu peur de la solitude, de l'abandon. C'était une sorte d'angoisse perpétuelle. Née durant mon enfance, elle a persisté à l'âge adulte.

D'aussi loin que je me souvienne, perdre des gens à qui je tenais, de près ou de loin, me rendait malade.

Je me souviens encore de ces nuits entières passées à faire les cent pas dans ma chambre, à ruminer et à broyer du noir, seulement parce que j'imaginais qu'après une dispute, Mickey et moi ne parlerions plus jamais. J'étais effrayée à l'idée de le perdre.

C'est d'ailleurs une chose avec laquelle il a adoré joué, toutes ces années. Il savait que le perdre me rendait anxieuse et que m'imaginer un seul instant vivre sans lui me détruisait, alors fidèle à lui-même, Michael adorait me menacer de me quitter, de « disparaître et de ne jamais revenir » si je continuais à ignorer ses appels ou lui donnais une réponse qui ne lui convenait pas.

C'était pour rire, évidemment, mais une partie de moi, plus présente que je ne l'aurais souhaité, ne pouvait s'empêcher d'y croire et de craindre son départ.

J'aime Michael, vraiment, sincèrement, et pour rien au monde, je ne souhaiterais le perdre.

De la même manière, j'aime Harry, de tout mon cœur, de toute mon âme, et contre rien au monde, je ne supporterais de le perdre.

L'idée qu'il ait pu lui arriver quelque chose durant ces deux longues et insupportables heures, alors qu'il a quitté la maison en rogne et semblait vouloir me trucider, m'angoisse plus qu'autre chose.

S'il devait lui être arrivé quelque chose, je ne me pardonnerai jamais de l'avoir laissé partir sans avoir tenté de le retenir.

Bon sang...

Je tiens énormément à lui et même si notre dispute de ce soir m'a laissée entendre que peut-être, lui, ne tenait pas à moi autant qu'il le prétendait — ou plutôt, autant que je pensais qu'il le prétendait —, cela ne change rien à mes sentiments.

Il reste le petit con gentil et protecteur dont je suis tout bêtement tombée amoureuse.

- S'il-te-plaît, Harry, réponds... murmuré-je en entendant la première sonnerie retentir.

Sham » h.sTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang