Chapitre 28 : Est-ce que tu peux me prendre dans tes bras ?

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Harry

Je me tourne et me retourne dans ce fichu lit beaucoup trop grand pour moi. Pourquoi ne me suis-je jamais rendu compte de sa gigantesque taille avant ?

Je ne sais pas depuis combien de temps j'essaie de dormir, mais ce qui est certain, c'est que des moutons, j'en ai compté. Trop et plusieurs fois. Je ne cessais de recommencer. Encore et encore, espérant trouver le sommeil, mais rien à faire. Je n'y arrive pas.

J'aimerais simplement fermer les yeux et m'endormir comme un bébé pour ne me réveiller qu'après une bonne dizaine d'heures de sommeil. Mais mon corps semble en décider autrement.

Ou plutôt mon imagination.

A chaque que je ferme les yeux, le visage effrayé et douloureux de Kate en train de perdre notre enfant apparaît derrière mes paupières et me force à les rouvrir. C'est une vision horrible.

Ou alors ce sont ses larmes et ses murmures de souffrance survenus après l'annonce du médecin qui me reviennent en mémoire comme un écho insupportable.

Perdre cet enfant dont je rêve depuis tant d'années a été si douloureux pour moi, tellement douloureux, mais j'ai comme l'impression que cela l'a davantage été pour Kate.

Il est vrai que même si cela ne faisait qu'une semaine qu'elle était enceinte, c'est tout de même elle qui avait conscience d'avoir un petit être humain grandissant en elle.

Pour moi, il existait sans être réel. En réalité, je pense qu'il ne l'aurait été qu'une fois né, qu'une fois que j'aurais été dans la possibilité de le tenir dans mes bras, contre mon cœur.

C'est à ce moment-là que j'aurais totalement pris conscience du fait que j'étais papa.

Je pousse un nouveau soupir. Le cent vingt-deuxième en cinq minutes, je suis sûr. Je n'arrive pas à dormir. J'ai beau tout essayer, je reste éveillé.

J'ai compté les moutons, me suis récité les tables de multiplications, me suis repassé des moments heureux de mon enfance, ai essayé de me remémorer des poèmes que j'ai appris étant gamin, ai même essayé de me refaire l'arbre généalogique de la famille royale d'Angleterre.

Mais rien n'y a fait. Je suis incapable de fermer l'œil. L'écran de mon portable s'allume encore, m'alarmant d'un appel entrant.

Selena.

Je ne décroche pas. Je ne suis vraiment pas d'humeur à parler, ni avec elle, ni avec personne.

Je ne suis pas vraiment doué pour faire part de mes sentiments, pas même avec ma fiancée. Je ne me suis jamais confié à ma mère, beaucoup trop réservé pour ça, ne lui ai dit que rarement que je l'aimais et déteste m'ouvrir. J'aime que l'on me parle, mais je déteste parler en retour.

C'est ma nature. Je suis comme ça.

Tout aurait été plus facile si je me confiais. J'aurais décroché, elle m'aurait demandé comment ça allait, nous aurions parlé de ce qui s'est passé ce soir... mais je ne le fais pas.

C'est peut-être égoïste, mais je préfère la laisser gérer la situation toute seule, par elle-même, de son côté et faire la même chose du mien... enfin, pour le moment.

Peut-être que dans quelques jours, je daignerai la rappeler.

Et puis, elle a sa sœur si elle a besoin de parler...

Katherina.

En parlant de ce petit bout de femme.

Je ne me suis jamais senti aussi proche d'elle que tout à l'heure. Et je ne parle pas seulement du fait d'avoir eu un quelconque rapprochement physique avec elle, mais plutôt d'avoir pleuré devant elle.

Sham » h.sWhere stories live. Discover now