Chapitre 27 : Qu'est-ce qui est trop compliqué ?

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Kate

Je saisie mon téléphone portable, les mains tremblantes et le cœur battant. Encore sous l'effet de la nervosité, j'hésite entre répondre et raccrocher, lui parler de ce qu'il sait déjà ou l'ignorer volontairement.

Mais en fin de compte, c'est mon pouce qui tranche pour moi et glisse contre l'écran de l'iPhone pour accepter l'appel.

- Hé, ma luciole.

Sa voix est posée et douce à l'autre bout du fil, et je sens aussitôt mon cœur se remplir d'amour pour le meilleur des amis que la Terre n'ait jamais portés.

Ils m'avaient manquée — lui, son rire, sa bonne humeur quotidienne, ses bons conseils. Nous n'avons eu le temps de nous appeler qu'une seule fois depuis que je suis à Los Angeles.

- Salut, jeune pousse.

« Ma luciole » et « jeune pousse » sont les surnoms que Michael et moi nous sommes donnés lorsque nous avions six et dix ans. Lui et moi sommes meilleurs amis depuis nos trois et sept ans. Nous nous sommes rencontrés dans un parc à côté de notre école, mais on ignorait que l'on fréquentait la même. Nous avons passé une après-midi entière à jouer et à dire des messes basses sur chaque enfant que nous voyions et qui nous semblait « bizarre » et depuis, nous ne nous sommes plus quittés.

- Ça va, ma jolie ?

- Super et toi ?

Un court instant de silence s'installe avant qu'il ne reprenne plus doucement, semblant peser chacun de ses mots :

- Tu sais, tu n'es pas obligée de faire semblant, Kate, et surtout pas avec moi. Tu le sais, pas vrai ?

Alors c'est ça. Il est définitivement au courant de ma fausse couche. Le fait que Selena ait pensé que Michael devait être une des premières personnes à savoir pour la perte du bébé ne m'étonne même pas. Non, je suis certaine qu'elle ne l'a pas fait parce que c'est mon meilleur ami, mais plutôt dans l'unique but d'attirer sa sympathie et jouer davantage la victime.

Je la soupçonne d'ailleurs d'avoir eu des sentiments pour lui lorsque nous étions adolescents.

- Kate, insiste-t-il en voyant que je ne lui réponds pas.

Cela ne me servirait à rien de lui mentir ou de chercher à nier les faits, puisque je sais qu'il est déjà au courant de tout.

- Je sais.

- Alors, est-ce que ça va ? Est-ce que ça va vraiment, Kate ?

- J'ai perdu un enfant, Michael. Comment veux-tu que ça aille bien ?

Il ne me répond pas immédiatement. Il attend quelques secondes avant de répondre :

- Si tu veux m'en parler, je suis là, poupée. Je serai toujours là pour toi. Tu le sais, pas vrai ?

- Oui. Merci.

Je soupire et me laisse tomber sur mon lit tel un camion. A l'autre bout du fil, Michael ne me répond pas. Alors en regardant mes orteils que je fais bouger distraitement, je poursuis :

- Mais honnêtement, je ne sais pas... J'ai l'impression que ce n'est pas mon rôle de m'attrister pour la perte de cet enfant, tu vois ? Je ne l'ai porté qu'un mois et je n'en suis même pas la mère. Je veux dire...

- Je t'interdis de dire une chose pareille, Kate. Non mais tu te fous de ma gueule ? C'est autant ton bébé que le leur ! C'est toi qui l'a porté et même si à tes yeux, un mois, ce n'est rien, aux miens, ça représente beaucoup. C'est ton bébé, Kate. Que tu le veuilles ou non. La mère d'un enfant est en premier lieu celle qui le porte, ensuite, c'est celle qui l'élève et l'éduque. Alors vous étiez tout autant la mère l'une que l'autre.

Sham » h.sWhere stories live. Discover now