Ouverture sur ... Le Cinéma de Conte

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L'Adaptation de Contes, Comment s'y prendre ?

Les Contes datent de très longtemps, bien plus qu'on ne pourrait le croire. Et si ces origines sont orales, elles ont finalement pris vie auprès d'écrivains que nous connaissons tous ( Charles Perrault, Jacob et Wilhelm Grimm et Hans Christian Andersen ) et d'autres qu'on connaît un peu moins ( Pierre Gripari, Les Milles et une Nuits ou Giambattista Basile ).

Et donc, comme on sait, qui dit autre époque, dit autre mœurs. Et beaucoup d'histoires sont considérées comme trop sombres ou malsaines pour le public contemporain. Et cela ne date pas d'hier, les Frères Grimm ont changés la fin tragique du Petit Chaperon en la version que l'on connais tous ( avec le chasseur ) ou la fin de La Belle au Bois Dormant qui est raccourcis pour exclure le viol ou la belle-mère ogresse.

Donc certaines histoires sont fortement changés pour éviter certaines scènes choquantes ou immorales ( la Reine de Blanche-Neige ne s'est que très rarement frottée aux souliers chauffés à blanc ou le fait que le Chat Potté entourloupe un ogre magicien totalement innocent, juste pour prendre son château et duper la famille royale ) ; Et parfois, certains contes sont oubliées car ils sont trop sinistres ou tristes pour être légèrement modifié ( comme Barbe-Bleue ou La Petite Fille aux Allumettes ) ou par manque de popularité ( comme Riquet à la Houppe de Perrault ou tout les contes de Gripari ).

Et voici la source d'une adaptation : L'équilibre entre la fidélité et les changements nécessaires pour un scénario.
Parce que l'histoire n'est potentiellement pas adaptée aux enfants, parce qu'un conte a besoin d'être étoffé pour tenir le temps minimal d'un long-métrage ou parce qu'on se sent le besoin d'inscrire le conte dans une temporalité plus réelle ( par le biais d'une époque précise ou de thématiques et problématiques contemporaines ).

Et dans ce monde, tous les styles sont servis en matière de représentation du conte. Le premier auquel on pense est Disney qui a adapté tant de contes, de légendes et de romans mais dont la fidélité est des moins absentes. Si les premiers Disney suivaient plus les grandes lignes de leurs originaux ( Blanche-Neige, Cendrillon, Alice au Pays des Merveilles, La Belle au Bois Dormant ), ils s'en éloigneront de plus en plus à partir de La Petite Sirène, allant même jusqu'à des récits presque plus proche de l'inspiration que de l'adaptation comme pour La Reine des Neiges.
Mais Disney est un succès commercial tel qu'il a fortement influencé la façon de représenter et même de voir le conte. Par exemple, combien même j'adore Peau d'Ane de Jacques Demy, on sait que le plan sur le livre qui s'ouvre vient du studio aux grandes oreilles. Et au-delà de ça, Disney a presque "remplacer" les faciès des personnages ( si vous demandez à des enfants comment ils imaginent la petite sirène, il y a de fortes chances qu'ils vous décrivent Ariel de Disney ). Ce n'est pas pour blâmer le studio ( comment Walt aurait pu prévoir un impact aussi conséquent ? ) mais beaucoup de jeunes ne connaissent du conte que le Disney ( c'est un peu pour ça qu'on a des centaines de vidéos ou d'articles un peu creuses sur les "vraies contes et leurs origines sombres" ... )

Mais nous ne sommes pas là pour attaquer en justice Disney mais pour parler de l'ensemble des façons de représenter le conte.

Et si nous avions eu une époque où le merveilleux fait toujours scintiller les yeux de leurs magies ( encore merci à Cocteau ou Demy ), la période 2010 est une sale période pour les contes, dans le sens merveilleux.
Parce que le succès commercial du remake d'Alice au Pays des Merveilles, et celui du sympathique Blanche-Neige et le Chasseur, a entraîné une multitude d'adaptations américaines du conte en mode thriller/horrifique mais surtout sans âmes.
Le problème n'est pas vraiment cette façon de faire mais c'est surtout qu'elle était une sorte de constante et, pour moi, le reflet d'une part de la société qui se disait qu'on ne pouvait aimer voir un conte merveilleux ; Un adulte n'aimerait certainement pas ça, il lui faut un genre d'heroic fantasy ou d'horreur pour que ça marche, ou de la comédie vraiment bas-de-plafond ...

Parlons de ... ( Un peu, beaucoup, de cinéma )Where stories live. Discover now