Chapitre 5 - C'est nous

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Qui ?!

Avec une force incontrôlée, Hélène triture la lame profondément enfouie dans les chairs de l'individu. Le sang jaillit et ruissèle sur ses doigts mais cela ne la dérange pas. Bien au contraire, répandre le sang de ses ennemis est presque jouissif pour cette tueuse professionnelle.
Agonisant et épuisé par les interminables minutes de torture, l'homme semble enfin vouloir parler. Hélène arrache violemment le chiffon qui encombre sa bouche mais maintient toujours le poignard d'une main de fer.

Mais putain je ne sais pas ! Depuis la disparition d'Andrej, les Balaz sont à l'agonie !
C'est étrange, c'est pas ce que je vois quand je regarde par la fenêtre ! C'est quoi ce chargement ?! Qui sont vos clients et surtout, qui donne les ordres ?!

La main d'Hélène resserre sa prise.
Le sang chaud continue lentement de couler.

AAH ! J'en ai aucune idée ! Arrête je t'en supplie !
—Tu es le numéro deux des Balaz et normalement, c'est toi qui dirige maintenant !
—C'est pas le cas !
—Alors qui ?!

Hélène propulse un puissant coup de poing qui vient briser le nez aquilin de sa victime. Hélène, enragée jusqu'à l'os, ne lâche rien.

Tue moi, je te dirai rien ! Je ne sais pas qui tu es, mais tu crois qu'une petite salope comme toi va pouvoir sortir de cette maison vivante ?! J'ai une vingtaine d'hommes armés jusqu'aux dents qui attendent patiemment ton petit cul !
—Ah ! Tu parles de ces hommes qui chargent les camions ?! Attends voir...

Hélène daigne enfin lâcher le couteau et soulève son manteau noir jeté au sol. Avec un geste sec, elle déchire l'encolure et arrache la doublure intérieure du veston de marque.
Trois grenades soigneusement accrochées au tissu apparaissent.

Mes bébés... dit-elle doucement d'une manière presque maternelle. Tu penses que ta petite maison pitoyable avec ton personnel aussi minable que toi vont m'effrayer ?

Hélène se relève lentement puis prend la direction de la fenêtre et l'ouvre d'un geste délicat. La brise glaciale des plaines de Slovaquie pénètre aussitôt à l'intérieur de la pièce. Ses doigts manucurés viennent dégoupiller la première grenade avec un calme déconcertant et dés lors, le compte à rebours est lancé.

Je vais t'expliquer deux trois petites choses... Le meurtre des trois Balaz à Paris l'année dernière... c'est nous.

Avec son regard perçant et son rictus glacial, elle dégoupille lentement la seconde grenade.

L'explosion du manoir d'Andrej Kïska avec tout ses petits copains à l'intérieur... c'est nous.

Toujours avec lenteur, elle arrive enfin à la troisième grenade.

Et la mise à mort de ton chef adoré... c'est nous.

L'homme, abasourdi, comprend instantanément qui se trouve devant lui.

Et nous, c'est ALLOS !

Hélène propulse rapidement les trois grenades par la fenêtre.
Une fraction de seconde après, ces dernières explosent subitement avec une onde de choc si puissante et si pénétrante, qu'elle foudroie les fenêtres de la maison. Les vitres se fracassent en mille morceaux tandis que le souffle de l'explosion balaie absolument tout sur son passage. Les camions remplis de carburant, terrassé par le choc et la chaleur explosent peu de temps après.
Des hurlements d'agonies résonnent aussitôt dans l'enceinte de pierre et des tirs aléatoires de mitraillettes jaillissent de tout les côtés.

Hélène, un peu sonnée, a été propulsé au fond de la chambre mais malgré sa perte de repères, elle réussit à reprendre rapidement ses esprits. Son prisonnier, toujours solidement harnaché à la chaise, a basculé au sol mais les poignards restés ancrés dans ses genoux l'empêchent de se relever.

—Tu le paieras !! Pobehlica !! Tu le paieras !!

Hélène saute sur lui et attrape son cou.

Je ne paierai rien du tout espèce de connard ! Si tu veux tout savoir, c'est moi qui ai tranché la gorge de ton chef après lui avoir lentement arracher les yeux.... J'aime bien être théâtral.

Hélène ressert sa main autour de son cou. Le visage inquiet de sa victime se met à rougir, ses yeux semblent vouloir littéralement s'extraire de leurs orbites.

C'est toi qui a donné mon ami André à ton chef ! Il l'a torturé pendant plusieurs jours ! Je ne sais pas ce qui me retiens de te buter là ! Maintenant ! Ici !

Hélène arrache l'un des poignards de son genou et le positionne juste sous son œil.

Je pourrai aussi t'arracher les yeux...

Sa chevelure de feu qui ruissèle sur son visage, son regard perçant et froid, son sourire figé... L'homme croit apercevoir l'ombre d'une sorcière.

Mais je ne le ferai pas.

Hélène se relève.

Parce que je veux que tu transmettes le message. Ici c'est chez nous. Tout l'Est de l'Europe nous appartient désormais et si tu veux faire du commerce et écouler des marchandises, il n'y a aucun problème. Mais tu dois travailler avec nous et seulement avec nous ! Je te recontacterai d'ici quelques semaines et t'auras intérêt à me répondre sinon...

Hélène, d'une manière délicate et presque sadique, appose lentement sa semelle sur son cou et affirme ainsi sa domination.

Sinon, je te retrouverai.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now