Chapitre 73 - La lumière du pouvoir

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Comment comptez-vous réparer les dommages écologiques alors que votre entreprise frôle la faillite ?

Rof Thorsen, impassible, face aux dizaines de micros empilés et entouré par une armée d'avocat, répond mécaniquement à la question.

Thor industries n'est pas ruinée. Évidemment que la perte de notre station pétrolière, un investissement de 25 milliards d'euros, a causé beaucoup de torts. Mais Thor Industries est le leader européen des ressources énergétiques. Nous pourrons résister à une telle catastrophe afin d'aider au mieux à la réparation des dommages.

La journaliste du New York Times ne semble pas convaincu par cette réponse.

Mais votre compagnie d'assurance a déclaré hier dans une déclaration officielle, qu'ils ne vous rembourseront pas les pertes de la station pétrolière.
—C'est actuellement en cours de négociation. Question suivante.

Dans la foule de journaliste présente ce jour-là, un homme d'une trentaine d'année, cheveux parfaitement taillés à la militaire, se lève subitement de sa chaise.

Adrian Quarter pour l'Australian Tribute. Plusieurs survivants de l'explosion ont rapporté que des détonations ont été entendu juste avant la catastrophe. Avez-vous plus d'informations sur ce sujet ? La Russie est-elle en cause ?

Un avocat tape discrètement l'épaule de Rof Throsen et lui murmure quelques mots dans l'oreille.

Cette enquête ne nous concerne pas. Pour l'instant, les autorités norvégiennes et européennes travaillent pour connaître les vraies raisons de cette catastrophe. J'agirai au mieux pour le bon déroulement de l'enquête et transmettrai toutes les informations nécessaires. Merci beaucoup.

Rof Thorsen claque ses feuilles sur le pupitre puis quitte la salle de conférence sous les flash aveuglants des photographes. Rapidement, il regagne son véhicule puis rejoint sur bureau au centre d'Oslo. Une fois dans son roof-top, épuisé, Rof part se servir un large whisky armé de quelques glaçons. Juste avant que ses lèvres n'effleurent le verre, un léger bip retentit suivi de la voix de sa secrétaire.

Monsieur, votre fille est là.

Rof soupire.

Bon sang... je ne peux pas avoir une minute à moi ? Faites la entrer, dit-il lasse en s'asseyant à son bureau.

Le regard caverneux, Rof se frotte les yeux et ouvre son élégante boite à cigare. Un léger sourire apparait lorsqu'il se saisit d'un bâton de tabac, son seul réconfort du moment, puis l'allume sans plus tarder. Oléana, en simple jean et cheveux attachés, pénètre dans le bureau.

Bonjour père.
—Bonjour. Apparemment, tu t'es bien remise de ta blessure.
—Oui, répond Oléana en mettant instinctivement la main sur son épaule. J'ai enlevé l'attelle il y a une semaine.
—Tu étais où pendant ces derniers mois ?
—En vadrouille, répond Oléana qui part se servir un whisky. Thaïlande, Afrique du Sud, Japon... J'ai beaucoup réfléchi pendant ces deux mois, comme tu me l'as conseillé. J'espère que tout ça, toute cette histoire de la station pétrolière et de la quasi-ruine de Thor industries, t'auras servi de leçon.

Rof tire sur son cigare sans surenchérir à la provocation d'Oléana.

Comment ça ? demande-t-il froidement.

Oléana, verre à la main, regard provocateur, rejoint le bureau de son père.

Tu sais... j'ai aussi pris du recul sur la femme que je suis. Toute mon existence, je n'ai connu que ton ombre. Mais attention, cela ne m'a pas déplu, bien au contraire... Ton ombre m'a protégé. Ton ombre m'a permis d'avoir de l'ambition et un jour, de devenir ton égal. D'être dans la lumière du pouvoir.

Rof écoute sa fille, impassible.

Mais j'ai travaillé dur pour me forger une identité, pour me forger une réflexion intellectuelle. J'ai étudié des années et obtenu les meilleures notes dans les écoles les plus prestigieuses de la planète. Encore une fois, grâce à toi. Mais le travail que j'ai accompli ne te revient pas. Je suis ta fille certes, mais aussi une femme indépendante et sure de mes décisions. Tu m'as reproché de ne pas agir comme Louisa Conti et tu as raison. Mais pourquoi selon toi ?
—Tu vas adorer me le dire, réplique sèchement son père.

Oléana sourit.

Parce que Louisa Conti n'a pas un Rof Thorsen derrière elle. Elle n'a pas un père qui vient lui reprocher ses choix. Elle est libre d'agir comme bon lui semble et rien que pour ceci, j'envie énormément cette salope. Tu es poids père. Si on avait suivi ma stratégie initiale, même jusqu'à éliminer Louisa Conti, tu aurai toujours ta station pétrolière et tu ne serai pas exposé au monde entier.
Donc... tu veux dire que l'empire que j'ai bâti depuis mes seize ans lorsque j'ai repris l'entreprise de ton grand-père, qui t'a permis d'avoir cette vie et même d'avoir la chance de diriger une partie de cette entreprise, est un poids pour toi ? Louisa Conti n'a pas eu un dixième de la chance que je t'ai donné ! Tu n'es qu'une petite conne Oléana. Une petite conne capricieuse et pleurnicharde.
—Et toi un pervers narcissique mêlé à un psychopathe, si misogyne, qu'il peine à cacher sa haine des femmes même avec sa propre fille. Une pourriture comme toi ne peut qu'engendrer une petite conne comme moi.

Rof souffle la fumée de son cigare. La longue voilure blanche vient frapper le visage d'Oléana.

Pourquoi es-tu là Oléana..? demande-t-il lasse. J'ai pas le temps pour tes délires d'adolescente.
—J'ai eu un appel de Ajay Indrajit, le chef des cartels. Il organise une grande réunion des cartels, sans doute pour résoudre ton échec d'anticipation.

Excédé, Rof frappe brutalement du poing. La violence du coup vient fendre la vitre de son bureau en deux.

Maintenant tu la ferme Oléana !! Ce petit ton avec moi c'est non ! J'essaie de résoudre des problèmes incommensurables, que jamais ton petit esprit étriqué n'arrivera à gérer, alors n'en rajoute pas !
—Tu t'es créé ces problèmes ! Toi seul ! En refusant d'admettre que Louisa Conti était capable de tout, tu as fait une erreur pitoyable ! 
—Je suis capable de tout aussi ! Je me suis forgé une réputation de tueur ! Comment penses-tu que je sois devenu le leader mondial dans mon domaine ?! Bordel Oléana ! On est ensemble dans cette histoire ! Reprends toi ! Je pensais que ces deux mois de repos t'aurai fait du bien... je me suis encore trompé !

C'est la première fois qu'Oléana voit son père débordé, surmené par ses émotions, et semblant ne plus posséder le contrôle de la situation.

Sur ce point, tu as raison. Cette entreprise nous appartient et on doit résoudre cette crise comme une famille. Mais désormais, je veux être traité à égalité.
—C'est à dire ?
—Mes propositions valent les tiennes. Tu arrêtes d'avoir le dernier mot et tu acceptes que je puisse avoir des bonnes idées pour la Norway. Anéantir Louisa nous aurait permis d'éviter cette catastrophe. Thor Industries est la risée du monde, par sa faute, et la tienne... Ne me prend plus de haut et considère moi vraiment comme une collaboratrice. 

Rof acquiesce.

D'accord, marché conclu Oléana. Rappelle Ajay et discutons de cette réunion tout les trois.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant