Chapitre 100 - Remords

272 29 6
                                    

Au cœur de la capitale parisienne, pendant la pleine ruée des travailleurs, Bérard traverse la foule compacte pour rejoindre son restaurant habituel situé au coin de la rue.
Il saisit un journal tendu par un vendeur à la sortie d'une bouche de métro, et s'empresse de s'assoir à une table. Du fait de sa démission, Bérard n'avait plus aucune information au sujet de ALLOS ou de Louisa Conti et cela, même inconsciemment, le rongeait depuis des jours. Même sans être au travail, il pensait en permanence à cette affaire et à sa vie ravagée par Louisa Conti.

Depuis le meurtre de son coéquipier Florent jusqu'à la trahison de l'officier Johnson, il a la terrible impression d'avoir servi de pions et de n'être qu'un rouage dans cette immense merdier politico-mafieux. Il sait que sa carrière est finie et que jamais, il ne pourra rendre la justice dont il désirait tant. Bérard soupire puis tourne les pages de son journal jusqu'à la rubrique actualité internationale.

« Diplomatie : Depuis les récents affrontements dans la région du Donestk en Ukraine, la Russie semble convaincue de réussir leur intervention armée. Le Président Coty affirme qu'il ne cédera pas face à la pression du Kremlin et utilisera tout les moyens diplomatiques de l'Union européenne pour contrer l'offensive Russe. Néanmoins, dans une grande conférence de presse, le président français a prévenu que des jours sombres attendent la France. Le coût de l'énergie va considérablement explosé et la France devra fournir une quantité considérable de fonds financiers pour pouvoir passer l'hiver. Une augmentation nette de tout les impôts est à prévoir. Néanmois, la communication du président reste prudent, par peur d'éveiller le passé douloureux des Gilets Jaunes et de provoquer encore des tumultes dans la rue. »

Bérard sourit.

Bon sang... quelle grosse merde... Il a perdu, marmonne-t-il.

La serveuse s'avance vers lui mais Bérard reste le nez fixé dans son journal.

Vous désirez ?
—Un café serré avec un croissant, dit-il toujours dans sa lecture.

« Environnement : Quelques mois se sont écoulés depuis la grande marée noire. Même si l'impact environnemental est toujours en train d'être mesuré par des équipes internationales de scientifique, la biodiversité semble repeupler enfin la zone sinistrée. La Norvège ainsi que la Suède font toujours appels à des volontaires pour nettoyer les plages et apporter de l'aide aux refuges animaliers. L'Europe s'est engagée à fournir une somme considérable pour palier les dommages causés par la Grande Marée Noire et semble soudainement très compréhensive avec le géant Thor Industries, responsable du sinistre. Il est vrai qu'il ne faut pas nier l'influence du conflit ukrainien sur cette affaire. L'Europe voulant contrer l'approvisionnement en gaz russe, le géant norvégien Thor Industires semble être un allié fiable pour fournir les pays en énergie. L'administration du président Coty a été la première à vouloir reprendre les discussions avec Thor Industries et sera alors son principal acheteur en énergie, mais à des prix beaucoup élevés que ceux fixés par les marchands russes.
Les associations environnementales hurlent déjà au scandale et demandent la démission du président Coty pour collaboration avec un criminel environnemental. Aucune réaction du président. »

Tenez, du lait avec votre café.
—Non merci, répond Bérard toujours saisit par sa lecture.
Vous êtes sûr ?
—Oui, merci mademoiselle.
—Pourtant, vous adorez le lait avec votre café.

Le cœur de Bérard ne fait qu'un tour lorsqu'il reconnaît sa voix. C'est elle... Il descend lentement le journal et aperçoit Louisa tout sourire, en tenue de serveuse, petite carafe à la main.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now