À LA TÊTE DU CARTEL : II

Chapitre 68 - Urgent

Au dessus du nuage brumeux et menaçant qui recouvre les ruelles d'Oslo, Rof Thörsen demeure pensif. Assit à son bureau ultra-moderne, au sommet du building le plus haut de la ville, il ne peux s'empêcher d'imaginer sa vie sans Oléana. Si Louisa Conti serait arrivée à ses fins en tuant son unique fille, tout l'empire de Rof aurait été compromis. En un claquement de doigt, il sait que l'empire d'une vie peut disparaître. Même si Rof voue une certaine admiration pour Louisa, la plus jeune héritière d'un empire de la drogue, la fameuse Reine d'Europe, cette fois-ci la situation est bien trop grave. S'en prendre à sa fille est inacceptable et à vrai dire, jamais personne n'avait osé le faire. Honnête avec lui-même, Rof reconnaît être prit au dépourvu. Pour lui, il est grand temps de rebattre les cartes du jeu.
Avec vigueur, il attrape un téléphone disposé sur son vaste bureau.

—Passez le moi.

Quelques secondes d'attente suffisent pour que Rof puisse s'allumer un long cigare de cuba.

—Oui ?
—Alors ? Que pensez-vous des informations que je vous ai transmises ?
—J'en ai pris connaissance oui, répond son interlocuteur. Je comprends parfaitement votre volonté d'exclure ALLOS du cercle des Cartels, mais votre fille a aussi ses tords dans cette histoire.
— Monsieur Indrajit, vous êtes le chef de ce réseau donc vous devez faire quelque-chose. Louisa Conti a volontairement collaboré avec la police de son pays pour faire arrêter ma fille. Résultat, elle a frôlé la mort et la Norway est désormais impliquée dans une fusillade ! C'est inacceptable !
—Je vous comprends Rof, c'est pour cela que mes équipes travaillent d'arrache-pied pour savoir ce qui s'est réellement passé à Marseille. Mais en tant que chef du cercle, je me dois de conserver une parfaite neutralité. Si je prends partie pour vous, les autres pays refuseront de me faire confiance à nouveau. Il me faut des preuves.
—Ma fille avec une balle dans l'épaule ne vous suffit pas ?! scande Rof hors de lui.
—Pas vraiment, réplique crûment Ajay.  Les choix de votre fille l'ont mené à Louisa Conti. N'est-ce pas elle qui a kidnappé l'une de ses collaboratrices ?

Rof souffle dans son téléphone.
Il sait qu'il peut contrôler le monde, avoir de l'influence sur des ministres et même sur des présidents, mais il ne peux pas contester les décisions prises par Ajay Indrajit. Lors de la dernière réunion au Cameroun, il a parfaitement tenu son rôle de coordinateur et de chef de fil. Ajay à uniquement pour objectif de permettre aux cartels d'étendre leur commerce. Se mettre à dos cet homme, cela revient clairement à remettre en cause sa place dans le réseau international.

—Que voulez-vous comme preuve ?
—Le certitude que Louisa Conti est responsable et à contacter délibérément la police française. Ce dont je doute fortement.
—Vous me contrariez Ajay.
—J'en suis navré Rof, mais ma franchise est ma force.

Rof reste un instant silencieux et fixe Oslo qui s'échappe de son voile de brume.

—Je peux vous confier quelque chose ? demande Ajay.
—Allez-y.
—Je ne devrais pas vous le dire mais ALLOS est en train de perdre son monopole. Certains cartels s'agacent aussi de cette situation et des échos me sont revenus.
—C'est-à-dire ?
—Vous n'êtes pas le seul à vouloir détruire Louisa Conti mais, je ne peux vous en dire plus.
—Dîtes moi au mois un nom.
—Cela serait contraire à mon éthique.

Soudain, l'assistante personnelle de Rof Thörsen pénètre brutalement dans le bureau. Les yeux écarquillés, elle fixe Rof avec gravité.

—Monsieur Thörsen... allumez votre télévision... dit-elle la voix tremblante. 
—Que se passe-t-il ?! Je suis au téléphone ! Ne me dérangez pas !

Sans écoutez les réprimandes de son chef, l'assistante attrape la télécommande et allume l'écran plat.

—Monsieur c'est urgent, insiste-t-elle.

La respiration de Rof se coupe lorsqu'il aperçoit la chaîne d'information norvégienne annonçant un accident pétrolier aux larges de côtes de Norvège. 

—Ajay... je dois vous laisser...