À LA TÊTE DU CARTEL : II

Chapitre 61 - Le passé résonne

Julien tend une vulgaire bière en cannette à Louisa.

—Je ne regrette rien si c'est ta question, dit-elle en attrapant la boisson tendue.
—Je sais et c'est peut-être mieux ainsi. Ta mère ne te comprends pas. Elle ne comprends pas ALLOS et son fonctionnement. Parfois, ça ne sert à rien d'insister. Mieux vaut se retirer...
—Parce-que ALLOS lui a volé l'homme de sa vie. Sa haine est compréhensible... Mes parents étaient des âmes sœurs, ils s'aimaient plus que tout. Je comprend sa colère envers ALLOS mais pas celle qu'elle éprouve vis-à-vis de moi... La mort de mon père à tout changé Julien... Si j'ai repris ALLOS c'est pour avoir des réponses et savoir qui a brisé ma famille. André a ces réponses mais il refuse de me dire la vérité. J'en peux plus de ces silences qui me pourrisse de l'intérieur.

Julien soupire en buvant une gorgée.

—T'es si dramatique... dit-il la bouche collée contre la canette.
—Dramatique ?! Je te parle de la mort de mon père et de la haine viscérale qu'éprouve ma propre mère envers moi, et tu me reproche d'être dramatique ?! T'es vraiment un connard !
—Louisa, tu accordes beaucoup trop d'importance au passé ! Tu te fais littéralement bouffer par une histoire vieille d'une dizaine d'année, qui en temps cartel de la drogue, remonte à la préhistoire !
—Mais je dois...
—Non Louisa... coupe Jules en lui saisissant la main. Tu ne dois pas tout résoudre... les erreurs du passé ne te concerne pas forcément...

Louisa se renfrogne dans le canapé.

—J'ai accepté de reprendre ALLOS pour mon père...
—Tu en es sûr ?
—Oui ! Pour avoir des réponses sur son meurtre et aujourd'hui, tu viens me dire que ça ne sert à rien !? Le passé ne me concerne pas, sauf quand il m'enlève un membre de ma famille !
—Le passé résonne dans le présent... C'est un fait Louisa. Même si les décisions et les actes pris auparavant t'ont impacté, tu n'es responsable de rien. Tu ne peux pas tout regarder par le prisme du passé sinon il t'empoisonnera... Si ce n'est pas déjà fait...
—T'es dégueulasse de me dire ça... En écoutant le message vocal laissé par Del-Orti, j'ai compris qu'il était nécessaire que je reprenne la direction d'ALLOS. Le passé m'a poussé à avoir cette vie ! Ce présent !
—Excuse moi Louisa mais c'est faux. Tu as voulu diriger ALLOS pour échapper à ta misérable vie de serveuse de cafétéria. Je suis désolé mais tu le sais, l'honnêteté est essentielle dans notre métier. Tu te trouve toujours des excuses, peu importe leur pertinence, pour justifier tes choix. Assume tes décisions !

Louisa se redresse vigoureusement du canapé. En colère, sa main sert avec force la canette de bière qui commence à plier sous la pression.

—J'ai toujours assumé mes décisions ! Évidemment que l'argent m'a poussé à accepter ce job mais tu n'es pas dans ma tête Julien ! Tu ne sais rien ! Alors arrête de jouer le psychothérapeute avec moi et résoud tes propres problèmes de ton côté !
—Qu'est ce tu veux dire par là ? demande Julien, encore avachie sur le canapé décrépit.
—Tes crises de colère, ton impatience, ton incapacité à écouter les autres ! Toi aussi tu as tes torts alors lâche moi !

Julien ricane en finissant sa bière.

—T'es ridicule...
—Ridicule ?!
—Oui oui, ridicule. Moi je ne dirige pas ALLOS, mes décisions n'impactent pas la vie d'une dizaine de personne. Je n'ai pas un empire de la drogue entre mes mains et je ne suis pas recherché par la moitié des polices mondiales. Encore une fois, arrête de te trouver des excuses. J'ai bien assez subit cela quand tu m'as jeté.
—Oh pitié Julien... Ne remet pas ça sur le tapis !
—Je dis simplement que tu as l'habitude de mettre l'accent sur les problèmes des autres pour échapper aux tiens.
—Avoir des relations amoureuses est dangereux Julien...Hélène a été parfaitement clair sur ce sujet.
—Et toi, robot ALLOS, tu écoutes toujours Hélène ?!
—Bien-sûr que oui car elle a raison ! On est déjà bien assez entourés de merde au quotidien pour en rajouter davantage !
—Ravie que tu qualifies notre relations de « merde »...