Chapitre 6 - Avantage

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L'immense salle circulaire se dévoile face à Louisa. Une multitude de regards, intrusifs et presque menaçants, se posent subitement sur elle. Dans la grande salle de réception de la petite ville camerounaise de Bonny, les vingt plus grands chefs de cartel sont réunis pour la réunion annuelle traditionnelle.
Les finances, la sécurité, les échanges commerciaux et la lutte contre les forces de l'ordre ainsi que les autorités douanières sont à l'ordre du jour. Chaque cartel vient défendre ses intérêts personnels tout en préservant des liens de « confiance » avec la concurrence. Comme tout marché mondialisé, le marché de la drogue et du trafic en tout genre rapporte gros et la coopération entre trafiquants demeure vitale et nécessaire.

Anxieuse à l'idée d'affronter toutes ces personnes d'un seul coup, Louisa prend la direction du bar tout en veillant à garder un visage figé. Elle longe les baies vitrées qui donnent sur l'océan et du coin de l'œil, elle reconnaît les trois italiens vu précédemment dans le hall du Palace. Plus loin, Henrique Tavares toujours vêtu de son costume blanc, discute vivement avec un homme en costard et un visage fendu par une épaisse moustache grisonnante.
En l'apercevant Henrique la salue discrètement du regard.

Dans son tailleur de marque et ses inconfortables talons aiguilles, Louisa commande un martini sec au jeune barman. Son verre à la main, elle daigne enfin balayer l'environnement autour d'elle.
Derrière les trois italiens, deux femmes d'une cinquantaine d'années relisent des documents tandis qu'en parallèle, un vieil homme semble passer un savon à sa jeune assistante. Louisa s'étonne du profil très diversifié des trafiquants et s'attendait à un milieu beaucoup plus masculin ou du moins « viril ». Évidemment, cela ne lui échappe pas qu'elle se trouve être la plus jeune de l'assemblée.

Une entrée mémorable... lui susurre Henrique dans le dos.
Je n'ai rien fait, rétorque froidement Louisa.
Pas encore...
—Arrête un peu... Je suis déjà bien assez stressé comme ça.
—Tout va bien se passer. Lorsqu'ils aborderont le point sur les Balaz, ne panique pas et reste droite dans tes bottes. De toute manière, tu es l'une des personnes les plus importantes de cette pièce et personne ne veux et ne peux se fâcher avec toi. Tu pars déjà avec un énorme avantage.
—Si tu le dis.

Un homme relativement jeune en veston de service, gants blancs, nœud papillon serré et chaussures parfaitement lustrées, s'avance au centre de la salle de réception.

Mesdames et Messieurs, la réunion va débuter. Je vous prierai d'exiger à votre personnel de quitter la pièce afin que nous la verrouillons pour votre sécurité. Merci de votre compréhension.

Aussitôt, un brouhaha envahit la pièce.

Allez courage, va chercher ton siège, dit Henrique en tapotant amicalement l'épaule de Louisa.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant