À LA TÊTE DU CARTEL : II

Chapitre 40 - Le bon vieux temps

—Comment ça on ne fait rien ?!
—On ne fait pas rien Julien, on...
—Mais putain !! Pourquoi tu refuses de comprendre ?! hurle Louisa qui perd subitement son sang-froid. On ne fait rien pour préserver Hélène ! Seule sa vie compte !
—Mais non ! Vous vous trompez ! C'est le moment où jamais de montrer à cette Oléana Thorsen qui on est vraiment ! Elle sera présente à cette rencontre !
—C'est trop risqué Julien ! réplique André avec amertume.

Comme à son habitude, Julien à tendance à se montrer borner et n'écouter que ses propres arguments. Ce caractère si particulier qui caractérise ce génie de l'informatique crée souvent des tensions au sein de l'équipe. Avec son tempérament, Hélène était la seule à pouvoir canaliser les discussions sur un sujet précis mais en son absence, le déséquilibre est flagrant.

—Je vous rappelle qu'on a des armes, des combinaisons de protection, des grenades et même un foutu sous-marin dans un hangar du Havre !! On peut contre-attaquer !
—T'es vraiment insupportable ! C'est une horreur de bosser avec toi ! lance Louisa sans retenue.
—Bha alors vire moi !
—Avec ce comportement, elle devrait le faire oui ! reprend André.
—Voilà on y est ! Les deux grands maîtres de ALLOS s'allient contre moi, la petite merde cantonné devant ses écrans d'ordinateur ! Je connais la chanson par cœur !
—Arrête de te victimiser, ça te grandit pas, réplique Louisa avec une certaine ingratitude.
—Et si vous vous calmiez... ose enfin dire Jules qui observe silencieusement l'engueulade depuis dix bonnes minutes.

Le jeune frère de Louisa ne se rendait pas compte de la tension permanente qui reposait sur les épaules de sa sœur et de son équipe. En seule journée avec eux, il a parfaitement compris que les enjeux sont toujours très importants. Toujours.

—Pour ce genre de situation, il faut réfléchir à tête reposée, dit-il en s'avançant. Vous devriez aller dormir un peu, ça vous fera du bien.
—Qu'est ce que t'en sais toi ?! rétorque Julien qui peine à reprendre son calme.
—C'est comme pour les jeux vidéos. Quand tu joues trop, tu n'arrives plus à analyser correctement les situations, ton cerveau est fatigué et c'est à ce moment que tu foires. Vous n'arrivez pas à avoir un raisonnement concret, c'est tout...
—Jules a raison, reprend André. Nous devons réfléchir plutôt qu'agir à l'aveugle. Nous devons faire au mieux pour Hélène. Nous en reparlerons demain.

Louisa, sans dire un seul mot et en adressant un regard glacial à Julien, attrape sa veste et quitte rapidement la tanière. Jules ne se fait pas attendre pour la rejoindre dans son véhicule. À peine il claque la porte que Louisa ordonne sèchement au chauffeur de démarrer.

—À la maison, dit-elle froidement.

De longues minutes défilent dans un silence abyssale. Ce lourd silence pèse sur Jules car il connaît parfaitement sa sœur et peux presque ressentir son mal-être après cette vive discussion avec Oléana Thorsen.  Mais depuis qu'ils se sont éloignés, Jules ne sait pas trop comment l'aborder. Avant sa cavale, leur discussion était naturelle, spontanée, comme une relation entre un frère et une sœur tout à fait banale. Mais depuis la décision radicale de Louisa de reprendre ALLOS, tout a changé.
Pensive, Louisa observe les rues de Paris qui défilent par la fenêtre en triturant une mèche de cheveux entre ses doigts.

—Je crois en toi Louisa...

La jeune femme se retourne, interloquée par cette parole subite de son frère.

—Comment ça ? répond-elle avec un léger sourire.
—Je sais que tu arrivera à gérer cette situation. Tu y arrives toujours.
—Mais cette fois-ci c'est différent... On est pas dans un jeu vidéo Jules...

Jules sourit à son tour.

—Tu te souviens de la Via-Ferrata qu'on avait faite avec tata Catherine ? On avait escaladé un pan de montagne pendant plus de deux heures.

Louisa rigole en se rémomerrant ce souvenir.

—Oui, je m'en souviens parfaitement. Tata avait hurlé à la mort lorsque qu'elle avait glissé sur le pont de singe. On s'était foutu de sa gueule sans aucun respect !
—Ahahaha ! Tu lui avait hurlé dessus pour qu'elle avance. Tu l'avais même poussé du pont !
—Oh oui ! Ahahaha ! Et elle pendait dans le vide par son harnais qui lui moulait son cul !
—Mais après avoir vécue ça, tata a enfin daigné avancer ! Tu vois ! Peu importe la manière, je crois en toi. Tu arriveras à gérer la situation et sauver Hélène.

Louisa sourit et vient déposer sa main sur celle de Jules.

—C'était le bon vieux temps... J'adorais quand maman nous déposait chez tata pour nos vacances d'été. On passait de bons moments tout les deux. Louisa ressert sa main. Enfaite... ça fait du bien que tu sois là, avoue-t-elle en fixant son frère profondément.

Le véhicule marque l'arrêt devant l'appartement de Louisa. Elle reste immobile tandis que Jules ouvre la porte pour sortir.

—Tu ne viens pas ? demande-t-il étonné.
—Non, j'ai quelque chose à faire avant. Mais fais comme chez toi, je te rejoins après.