À LA TÊTE DU CARTEL : II

Chapitre 82 - Pour toi

Dans le confort luxueux de sa chambre, à l'abri de la fraîcheur montagneuse des Alpes, Louisa admire les reflets du soleil sur les majestueuses fontaines du jardin. Après une nuit difficile et suite aux révélations d'André, Louisa a toujours l'esprit troublé. Elle a conscience qu'André n'est en rien responsable de la mort de son père mais elle ne sait pour quelle raison... Louisa peux toujours ressentir cette rage.... Cette rage noire, envahissante, profondément enfouie qui lui tord les intestins lorsque le visage de son père lui apparait... Cette même rage qui l'a poussé à reprendre ALLOS et à commettre les pires atrocités au nom de la gloire et de la puissance. Au cœur du manoir de Del-Orti et maintenant que Louisa connaît la vérité sur son héritage, elle se convainc de résoudre la crise intense que traverse ALLOS. Elle se doit d'assumer ses responsabilités de dirigeante, comme son père et Del-Orti l'auraient fait.
André l'interromps dans ses pensées en débarquant dans sa chambre. Son regard fatigué prouve que la nuit fut longue pour lui aussi.

—Tu as bien dormi ? demande-t-il en enfilant sa longue veste.
—Bof...
—Mh.. Nos valises sont prêtes. On peux partir et rejoindre la tanière. Julien nous y attends et selon lui, la situation est en train d'évoluer.
—Comment ça ?
—Les médias commencent à aborder l'éventualité d'une attaque de la station pétrolière et ne parle plus « d'incident ».
—Bon sang... susurre Louisa qui sent son cœur rétrécir.
—Et... je te rappelle que le cercle des cartels souhaite se réunir... Ils veulent aborder la crise exceptionnelle entre ALLOS et la Norway.
—Ils vont m'assassiner André ! Si je me rends à cette réunion, je vais me faire flinguer en personne par Ajay Indrajit ! Et si ce n'est pas lui... Rof Thorsen s'en chargera...
—Louisa... tu sais pertinemment que je ne te parlerai même pas de cette réunion si je n'avais pas la garantie de ta sécurité. Mais Ajay a réussi à me convaincre et les Thorsen semblent être convaincu par la négociation. Selon les plans, la réunion se déroulera sur un yacht privé au large du Portugal. Dans les eaux internationales, aucun état, ni autorité ne pourra te contraindre...et je serai à tes côtés.
—Mais André, j'ai commis le chaos ! Dieu seul sait combien de milliards de dollars j'ai fait perdre à ces gens ! Je n'ai plus d'alliés ! Ils veulent tous me voir pourrir six pieds sous terre !

Louisa ressert son étole autour de ses épaules et peine à calmer ses esprits.

—Tu as des alliés, ajoute André avec détermination. Tu l'oublies souvent mais Henrique Tavares t'es fidèle comme un chien de garde. C'est lui qui a organisé cette réunion, qui a négocié auprès de Ajay et souhaite défendre ta cause devant le cercle des cartels. Zaklov sera aussi présent et soutiendra ta parole. Tu n'es pas seule Louisa... Et je sais que d'autres membres du cercle ont rêvé de faire exactement la même chose que toi !
—Ah oui... j'avais oublié... parce que je suis « impitoyable », lance Louisa avec aigreur.

André s'avance dans sa direction. Avec sa large carrure, il se positionne devant elle et plonge son regard froid dans le sien.

—Parce que tu es une Reine, lance-t-il avec vigueur en saisissant les épaule de Louisa. Intelligente, perspicace, courageuse, combattante et oui... impitoyable. Je ne t'ai pas raconté les mois qui ont suivi la mort de ton père...

André prend une profonde inspiration, raviver le passé est toujours aussi douloureux.

—Après la peine, la colère s'est emparée de Del-Orti... Ta mère ayant rompu tout contact, il a décidé de mener sa vengeance par lui-même... Il s'est enfermé dans son bureau pendant des semaines, sans parler à personne, pas même à sa famille. Inlassablement, il effectuait des recherches. La famille, les amis proches, les collègues de travail... Del-Orti a épluché toute la vie des dirigeants polonais. Il consacra chaque heure de ses journées à chercher des détails, même futiles, pour frapper et en terminer définitivement avec ce cartel... La mort de ton père l'a rendu...