Chapitre 63 - Supériorité naturelle

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Entre les quatre murs oppressants de sa cellule, une simple fente pourvue de barreaux en guise de fenêtre laisse pénétrer la lumière du soleil. Dans une odeur d'urine pestilentielle, Hélène repense à ses vies antérieures, allongée sur un vulgaire matelas décousu et inconfortable. Elle se visualise arpenter les couloirs d'une vaste demeure russe appartenant à un magna du pétrole. Dans une ravissante tenue Christian Dior, ses cheveux de feu tombent en cascade sur son dos nus. Avec son regard ravageur emplie de mysticité, Hélène se revoit attirer le puissant milliardaire dans une chambre à coucher et ressent l'excitation au creux de son estomac lorsqu'elle le propulse sur le vaste lit.
Ses sens sont en exergue.
Telle une tigresse, elle grimpe sur lui et caresse délicatement le cou de son amant. Ses délicates mains se baladent sur son corps musclé jusqu'à remonter le long de ses propres cuisses. Avec intensité, Hélène fixe l'homme bloqué entre ses jambes et ressent son envie physique de l'obtenir. Puis avec délicatesse, Hélène se revoit extirper un poignard de sa chaussure et avec une force si impressionnante qu'elle-même fut surprise, elle enfonce le poignard dans le front du puissant milliardaire. Le bruit sec du couteau fendant le crâne de la victime résonne dans la chambre. Hélène extirpe la lame de la cavité crânienne, avec une giclée de sang si intense qu'elle lui atteint le visage, procurant une sensation presque orgasmique chez Hélène.
Allongée sur son lit de prisonnière, Hélène sourit béatement.

Tu l'avais méritée... marmonne-t-elle.

Soudain, les verrous de sa piteuse cellule s'enclenchent. Hélène se relève subitement.

En voilà une surprise ! dit-elle avec une gaieté déconcertante.
Quoi ? J'ai interrompu quelque chose d'essentiel dans votre nouvel agenda surchargé ? répond Bérard sarcastiquement.

Hélène ricane.

Ne parlez pas trop vite, vous pourriez être surpris.

Bérard saisit l'unique chaise présente dans la cellule et se positionne face à Hélène.

Comment allez-vous Mary-Helen ? Pas trop dur la vie de taupe ?
—Pour être honnête, ça fait du bien d'être seule avec soi-même ! Le calme, la solitude, le silence...
—L'odeur de pisse et les cris des autres détenus... coupe Bérard.
Toutes ces choses que j'avais oublié mais qui sont si extraordinaires ! reprend Hélène sans prêter attention au lieutenant. Rendez-vous compte, j'ai enfin pu lire Harry Potter pour la première fois ! Et j'ai adoré ! Il est très doué ce petit con !
—Bravo, vous avez juste vingt ans de retard.
—Je sais, je sais...
—Bon, vous vous doutez que je ne suis pas ici pour parler littérature.
—Évidemment que non. Alors, comment ça va depuis la libération d'Oléane Thörsen ?

Bérard se renferme aussitôt.
Hélène sourit en jouissant de cette situation. Sa supériorité naturelle s'impose d'elle-même.

Et là, vous vous posez la fameuse question : « comment peut-elle être au courant alors qu'elle croupit entre ses quatre murs » ?

Bérard l'observe froidement tandis qu'Hélène continue de le fixer de manière intense, toujours armée de son sourire provocateur.

À quoi bon poser cette question ? La réponse m'étonnera forcément mais dans tout les cas, vous possédez l'information.
—Donc vous reconnaissez que j'avais raison ?
—Oui.

Hélène est surprise. Elle s'imaginait l'habituel rapport de force s'installer entre les deux mais il n'en est rien. Bérard reste calme et presque serein face à Hélène et ses provocations.

Je ne comprendrai jamais ce monde des ultra-riches, reprend Bérard en ouvrant sa pochette plastique. Mais je comprends parfaitement le fonctionnement des cartels et notamment le vôtre, ALLOS.
—Nous y voilà... râle Hélène en s'allongeant sur son immonde matelas.
Oléana Thorsen n'était pas notre cible. Notre cible est...
—Louisa ! Bon sang, changez de disque lieutenant ! Je ne vous dirai rien à son sujet, ni au sujet d'ALLOS et encore moins de mes collaborateurs. Enfermez-moi, torturez-moi, ou brûlez-moi sur un bûcher place de la République, mais je ne dévoilerai aucune information !
—Alors vous vous foutez de tout ? Et si je vous disais que Louisa Conti cours un grave danger car nos services ont intercepté des échanges qui prouve qu'un complot international est en train de s'accomplir à son encontre. Quelqu'un veux sa peau et avec elle, il désire ALLOS.

Hélène reste quelques secondes muette, son sourire effacé pour de bon.

Lieutenant... tout les jours nous affrontons des complots qui veulent nous détruire et aucun homme sur cette planète n'y arrive.
—Mais aujourd'hui c'est du sérieux. Certes, un seul homme ne peux rien faire... Mais plusieurs hommes, chacun armés de leur empire respectif, peuvent anéantir ALLOS. Et... vous n'êtes plus là pour protéger Louisa Conti.

Hélène se renferme dans son silence.
Bérard se lève et prend la direction de la sortie, pas du tout surpris par sa réaction.

Comme vous vous voulez Mary-Helen... mais lorsque je retrouverai Louisa Conti pendue à un pont, je ne manquerai pas de vous apportez la photo de son cadavre.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now