Chapitre 92 - Chaleur du cosmos

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Allongée au sol, Louisa s'empresse de mettre la main sur le ventre d'Oléana pour empêcher le sang de s'échapper. Mais voyant les deux individus armés débarqués droit sur elle, les mains ensanglantées de Louisa se dressent vers le ciel.

Ne tirez pas ! Je suis Louisa Conti ! Vous êtes ici pour moi !

Un homme casqué s'approche d'elle.

On est ici pour personne, rétorque-t-il avant de lui mettre un coup de crosse en plein visage.

Sous la violence du coup, Louisa est projetée en arrière, le visage plein de sang. Sonnée, elle voit le canon de l'homme se rapprocher puis venir se coller contre son front. En cet instant précis, Louisa se dit alors que tout est fini. Que toutes ses décisions, tout ses choix depuis le début ont mené à cela. Depuis qu'elle a saisi la lettre de Del-Orti à la Banque de France, son destin était d'être exécutée au milieu de l'océan.
Alors que la pression du canon se fait de plus en plus forte, Louisa voit l'homme hésiter et lui jette un dernier regard. Mais il reste immobile et s'adresse à son équipier.

Vous êtes sûr chef ? C'est qu'une gamine.
—Les ordres sont clairs. Aucun survivant, réplique-t-il.
Mais regardez les chef ! Ce sont des adolescentes!
—Ces deux jeunes femmes sont les dirigeantes des cartels les plus puissants du monde ! Arrêtez de réfléchir et suivez les ordres !

L'homme désenclenche la sécurité de son arme et pose le doigt sur la gâchette. Mais sortie de nulle part, une balle venue de l'arrière lui transperce le crâne. L'homme s'effondre de tout son poids sur Louisa.
Aussitôt, l'autre individu tire en riposte. Par chance, une seconde balle soigneusement tirée, vient se loger dans son épaule. La force du coup projette l'individu par-dessus la barrière. Louisa aperçoit Rof et André accourir dans leur direction.

Oléana non ! lance Rof en s'agenouillant devant sa fille.

André quant à lui, aide Louisa à se relever.

Tu vas bien ?! Tu es blessée ?!
—Non mais Oléana oui ! Et gravement ! On doit partir d'ici André et vite !

André s'empressent d'aider Rof à relever Oléana tandis que Louisa arrache l'une de ses manches pour effectuer un garreau.

Oléana ça va ? Tu m'entends ?
—J'ai connu mieux, répond-elle difficilement.
Ne t'en fais pas ma fille, on part d'ici, lance Rof en remettant correctement le bras d'Oléana autour de son cou. Allons y !

En faisant corps comme une escouade entraînée, ils remontent le pont pour rejoindre l'arrière du navire. Louisa à l'avant, elle veille à ce que personne ne puisse les voir alors que André et Rof traînent difficilement le corps d'Oléana.
Louisa aperçoit enfin la terrasse arrière du navire.

Nous y sommes !
—Il y a l'annexe ? demande difficilement André subissant le poid d'Oléana.

Louisa s'avance et voit en contre-bas un long zodiaque de couloir noire apponté au yacht.

—Il est là ! Allons y !

Les yeux de Louisa s'écarquillent lorsqu'un bruit métallique résonne derrière André et Rof. S'ensuit un silence assourdissant avant que Louisa hurle aussi fort qu'elle ne l'a jamais fait.

Grenade !!!

L'explosion est soudaine.
La gerbe de feu enveloppe Oléana, Rof et André alors que l'onde de choc propulse Louisa en arrière. Tout comme une multitude de débris, son corps est propulsé à plusieurs mètres avant de s'éclater contre une barrière métallique.
Le souffle coupé, une douleur atroce lui enveloppe subitement le dos. Ses oreilles saignent, sa vision est devient floue voir presque inexistante, son visage entier la brule. Jamais Louisa n'avait ressentie pareille douleur et comme paralysée par le choc, elle ne peut plus bouger un seul membre de son corps. Louisa redresse difficilement la tête et aperçoit l'apocalypse autour d'elle. Son regard balaie les alentours, elle est seule, blessée, au milieu du chaos et ne peux plus bouger. Lentement, son regard vient poser sur la barre métallique lui transperçant le flan de part en part.

Étrangement, Louisa sourit. Le corps mutilé, le sang s'écoulant sur le sol... Louisa voit enfin la mort en face et n'a pas peur. Les règles de l'univers sont semblables à celles du monde des cartels... Tout se paie un jour.
Sous les souvenirs de son enfance, Louisa ferme les yeux en acceptant son sort. Allongée dans les bras de son père sous la voute étoilée... bavarder au coin du feu avec sa mère... taquiner son petite frère... rire aux éclats avec Hélène... embrasser langoureusement Julien... Se faire serrer tendrement par André... Dans tout ses moments de quiétude et de bonheur, bercée dans la chaleur du cosmos, Louisa se laisse sombrer dans la lumière....

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now