Chapitre 8 - Assemblée hostile

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Je vous signale que mon contact à l'OMS m'a informé que toutes les frontières seront réouvertes d'ici quelques jours, scande le russe de sa voix grave.
Nous le savons mais les contrôles des autorités européennes, américaines et chinoises sont toujours renforcés et compliquent nos échanges, lance le Japonais d'un ton lasse.

Depuis plus d'une heure, les discussions stagnaient autour des contrôles douaniers. L'objectif de la réunion est d'encourager la réouverture totale des frontières et d'obtenir des lieux de passages sécurisés aux quatre coins de la planète pour mieux faire transiter les marchandises en toute discrétion.
Mais figée comme une statue fixée à son siège, Louisa n'écoute rien. Toute son attention et toute son énergie sont focalisées sur Oléana Thörsen. Toujours avec son exécrable sourire robotique, elle écoute attentivement les débats et ne daigne même pas adresser un regard à Louisa qui pourtant, n'attendait que ça...
Un simple regard, même furtif, pour lui envoyer toute sa haine en pleine face. Dans une bulle, Louisa s'imagine chevaucher la table et attraper cette blondasse prétentieuse par son foutu collier Chanel en or. Elle sourit rien qu'à l'idée de voir ses yeux apeurés de princesse en détresse.

Madame Rodincourt ? Vous êtes avec nous ?

Louisa s'extirpe de ses pensées.
Son estomac ne fait qu'un tour lorsqu'elle aperçoit tout les dirigeants des cartels la fixer ardemment.

Oui pardon. Vous disiez ?
—Je vous rappelle l'importance de participer et d'écouter nos échanges sinon nous n'avancerons pas, réprime Ajay avec calme mais exprimant une colère soigneusement dissimulée.

Un peu surprise par le ton employé par Ajay, Louisa réentends les mots d'Hélène pendant son entraînement dans la vallée d'ALLOS. « Ils essaieront de prendre l'ascendant sur toi. Ne jamais lâcher Louisa ! Jamais ! Sinon ils te boufferont toute crue ! Tu as quelques chose à dire ? Alors dit le ! Coûte que coûte ! Tu serais prête à mourir pour le dire ! Tu es une chienne Louisa ! Une chienne de garde ! »

Sauf que les contrôles douaniers ne me concernent pas, rétorque alors froidement Louisa. ALLOS est une entreprise maritime de livraison et, je ne vous apprends rien, il n'y a pas de frontières ni des petits policiers à képi au milieu de l'océan. Alors pardonnez moi si je m'égare durant vos discussions non passionnantes. Et je ne m'appelle pas madame Rondincourt, appelez moi Louisa.

Henrique Tavares sourit. À sa grande surprise, Louisa entend le russe sur sa gauche ricaner.

Je peux obtenir des lieux de passages sécurisés, annonce subitement Oléana Thörsen.

Tout le monde se retourne, dont Louisa.
Oléana, non loin d'être intimidée, reprend.

Chacune de vos marchandises peuvent transiter par nos stations pétrolières. Un traité international interdit les contrôles policiers en ce qui concerne les ressources naturelles. Tout les pays ont la trouille de se faire voler ou espionner, proclame-t-elle avec son sourire robotique. Thor Industries possède 13 forages sur la planète dont deux en Asie. Taiyo du Japon, la Norway serai ravie de vous aider à passer les contrôles chinois.

L'homme corpulent répond par un grand sourire.

—Je réfléchirai à votre proposition madame Thörsen.

Louisa prend cette proposition comme un affront.

ALLOS possède des places dans 87 ports de la planète, lance-t-elle subitement.

De nouveau, l'ensemble de la table circulaire se retourne. Les yeux sont désormais rivés sur la Reine d'Europe.

Mais vous ne possédez pas 87 bateaux, rétorque le Russe sur sa gauche.
Nous avons encore mieux. Dans chaque port, ALLOS possède des entrepôts où nous pourrions stocker les marchandises, attendre que les contrôles diminuent voir même soudoyer des douaniers pas vraiment regardant, et ensuite envoyer toutes les marchandises pour la revente.
—Combien ? demande l'une des femmes assise en face, papiers en main.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant