Chapitre 56 - Cible principale

355 36 4
                                    

C'est avec les mains menottées qu'Hélène se fait servir son infecte repas industriel sur un vulgaire plateau en plastique. Un bout de viande à faire pâlir un affamé, une purée qui ne porte pas son nom et une soupe à la couleur étrange de matière fécale sont au menu du jour. Hélène, toujours avec la cheville solidement maintenue dans une attelle et désormais avec le nez en compote, observe la nourriture avec dégoût et ne manque pas de le faire savoir à son geôlier.

—Si vous voulez ma mort, abattez moi au lieu de m'affamer ! crie-t-elle à l'officier de police qui quitte la chambre d'hôpital pour reprendre sa surveillance.

Encore une fois, la tueuse à la réputation indomptable se retrouve enfermée et attachée. Néanmoins, cette prison est bel et bien réelle et n'est pas à l'image de sa précédente geôle au coeur de la villa méditerranéenne d'Oléana Thörsen.
Lorsque l'intervention de la police a débuté, Hélène n'a rien vu venir. Dés que la fumigène a commencé à propulser son épais nuage dans l'air, Oléana Thörsen n'a pas manqué de projeter Hélène en arrière tandis que son garde du corps lui a asséné un violent coup de poing en plein visage. Complètement sonnée et avec les mains toujours ligotées, Hélène n'a pu se redresser alors même que les cris de Louisa résonnaient à quelques mètres d'elle. Avec ses dernières forces, elle réussit tout de même à glisser sous un véhicule afin de se protéger des balles fusant par milliers. Hélène tombe inconsciente jusqu'à se réveiller cernée dans un fourgon de police.

Quelle merde !!! éructe de rage Hélène en propulsant son plateau contre le mur.

Cette vive crise de colère lui provoque une douleur atroce dans le nez. Sous l'intensité de la souffrance, Hélène ferme les yeux et se ressaisit en serrant les dents puis en reprenant lentement le contrôle de sa respiration. Avec une fausse sérénité retrouvée, elle effectue des exercices respiratoires.

Vous n'aimez pas la nourriture ?

Surprise de ne pas avoir entendu le verrou de la porte, Hélène lève subitement les yeux et fait face au lieutenant Bérard. Son regard s'obscurcit instantanément. Avec ses yeux verts perçants, Hélène reste muette mais la fureur et la haine peuvent instantanément se lire sur son visage.

Dommage... Parce-que vous mangerez bien pire durant le restant de vos jours... en prison.

Hélène sourit lentement. Son visage pétrifié par la colère, elle se met à rire aux éclats avec une vigueur presque démoniaque.

J'ai été enfermé pendant quatre semaines dans une prison slovène pour femme. Vous pensez que je serai effrayé par les petites prisons françaises qui sont littéralement des hôtels quatre étoiles ? Épargnez-moi vos vieilles punchlines d'enquêteur des années 80.
Ne vous en faites pas, on réserve un traitement particulier aux personnes comme vous. Ne sous-estimez pas notre dégoût.
—Pour des personnes comme moi ? réplique Hélène tout sourire. Je suis sympa dans la vraie vie, je vous assure.

Le lieutenant Bérard sourit à son tour. Lentement, il tire une chaise au pied du lit d'hôpital et extirpe un dossier de sa sacoche.

Votre vrai nom est Mary-Helen Barton et vous êtes née dans un minable taudis d'Édimbourg dans les alentours de Dander-Hall, en Écosse. Une mère alcoolique, un père violent avec des fréquentations plus que douteuses... Je me doute qu'un environnement aussi hostile pour une petite fille a dû avoir des sérieuses répercussions sur votre santé mentale.
—Ne parlez pas de...
—D'où votre internement de force en hôpital psychiatrique à l'âge de 17 ans, coupe le lieutenant Bérard en montrant une photographie d'Hélène adolescente. Vous avez pas bonne mine. Le rapport des psychologues précise que « Mary-Helen est une adolescente avec de grandes difficultés mais se révèlent être dôté d'aptitudes intellectuelles hors du commun. Cependant, son côté manipulateur à la limite de la sociopathie, cache un trouble profond de la personnalité carcatérisé par le mépris des normes sociales, une difficulté à ressentir des émotions, un manque d'empathie et une grande impulsivité ».
Oua... Vous pourriez me faire une copie ? Ça me sera utile pour ma plaque tombale.
—Vous pouvez prendre ça à la rigolade, mais avec ce que j'ai sur vous, vous êtes finie Mary-Helen.
—Oh alors continuez ! Allez ! Faites mon éloge !

À LA TÊTE DU CARTEL : IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant