Chapitre 89 - Vaisseau de l'angoisse

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À la poupe du navire, dans une petite pièce dépourvue de fenêtres servant de cellier, Louisa peux absolument tout entendre. Les râles d'agonies de certains membres du cercle, les cris de ceux attendant une aide qui ne viendra jamais, les tirs d'exécutions mécaniques des hommes armés puis le terrible silence qui s'ensuit immédiatement.
Avec force, ces mêmes hommes foudroient toutes les portes du navire à la recherche de survivant. Si ils restent ici, Louisa sait pertinemment que ces professionnels du meurtre mettront la main sur eux. Assise au sol avec Oléana, elle observe André et Rof fixés devant la porte, prêt à faire barrage à la moindre irruption.

À votre avis, il s'agit de qui ? chuchote Oléana.

Les mains tremblantes, le regard vif, les sens exacerbés, Louisa peux ressentir la peur d'Oléana qui s'exprime au travers de son corps. Même si cette dernière feint d'avoir le contrôle, Louisa sait dans quel état de choc elle se trouve actuellement. Pendant l'attaque du Havre, Louisa s'était vu mourir après que le véhicule ai chaviré sur l'autoroute et se trouvait dans le même état de sidération qu'Oléana actuellement.

Je n'en sais rien... répond Louisa. Mais vu la rapidité et la précision de leur attaque, ces personnes semblent être des professionnels de l'assassinat.
—Vous devriez peut-être demander à votre cher ami Henrique, réplique Rof avec aigreur.
Arrêtez d'accuser les gens sans preuves... 
—Henrique ? Comment ça ? demande André étonné mais veillant à ne pas détacher son oreille de la porte.
Oui, votre cher ami et allié de longue date, Henrique Tavares vous a entubé. Depuis le début il manipule les cartes en sa faveur, et ALLOS et la Norway lui ont servis de couverture afin d'agrandir la Sombra.
—Ne dîtes pas n'importe quoi, réplique André. Monsieur Tavares est un homme fidèle à Louisa et fidèle à Del-Orti pendant plusieurs années. Il ne mettrait pas en danger nos vies sachant que ALLOS lui permet d'écouler sa marchandise.

Oléana ricane doucement.

Pendant qu'il construit des laboratoires de cocaïne au Nord de la France, vous croyez encore à cette théorie ?
—Sauf que sa matière première, la feuille de coca, est acheminée par nos navires. Sans ALLOS, ses laboratoires ne fonctionneraient pas, dit Louisa.
—Justement Louisa... vous n'êtes que le dernier maillon manquant à sa chaîne. Si il détruit ALLOS, il pourra reprendre le monopole européen des livraisons et enfin donné à la Sombra, un potentiel jamais acquis par aucun cartel auparavant.
—Vos accusations reposent seulement sur des suppositions... Louisa a raison, vous n'avez aucune preuve de ce que vous avancez.

Oléana soupire.

Quel heureux hasard qu'il ait eu une « urgence familiale » aujourd'hui... lance-t-elle pleine d'ironie.

Soudain, une explosion retentit au dessus. André vient serrer la poignée tandis que Rof dégaine son couteau trouvé dans les cuisines. Dans un reflex incontrôlé, Oléana vient attraper la main de Louisa.

Ils sont pas là ! lance une voix juste au dessus du cellier.
Le compte n'est pas bon ! Continuez de fouiller ! lui répond un autre individu.

André sort son arme et vérifie à nouveau son chargeur.

Ils font qu'on sorte d'ici... chuchote-t-il en enclenchant son arme. Comment êtes-vous venus ?
—En Hélicoptère, lui répond Rof. Et vous ?
—Mince... pareil. Ils ont dû saboter tout les engins volants, c'est évident.
—C'est trop dangereux André... marmonne Louisa.

Rof pose son regard sur sa fille, étonnée de la voir main dans la main avec Louisa.

Hélène te l'as toujours dit. Le mouvement c'est la vie. Si on reste ici, on meurt tous. On doit partir de ce bateau et vite...
—Mais comment ?!
—Ajay Idrajit est venu en bateau ! lance subitement Oléana
Ah oui ! réplique Rof. Nous l'avons attendu sur le pont avant de gagner la salle de réunion et il est arrivé sur un petit bateau accroché à l'arrière.
—Donc il est venu en annexe, ajoute André. C'est un petit bateau de secours que l'on retrouve à l'arrière de plus gros navire en cas d'accident ou de risque de naufrage. Ça veut dire que son yacht privé ne doit pas être loin... 
—Mais ou ?! On ne vas pas se balader dans l'océan, sans connaître la direction, à la recherche d'un hypothétique navire ! réplique Oléana qui perd patience.
Inutile... il me suffit d'envoyer nos coordonnées à Julien, et il pourra nous envoyer les secours.
—C'est possible ça ? demande Oléana.

Louisa revoit le corps de Rosy et Luna... la tête arrachée de Zaklov... Elle veut des réponses et savoir si les suppositions de Rof s'avèrent être vraies. Elle se relève avec force, le regard combatif.

Julien est capable de tout, dit-elle pleine de conviction. Allons y... foutons le camps de ce vaisseau de l'angoisse...

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now