Chapitre 50 - Nage

359 35 0
                                    

Le ciel dépourvu de nuage laisse libre-court aux étoiles de scintiller tandis que la Lune, toujours majestueuse et conquérante, illumine la mer calme et sereine. En cette nuit si paisible, la Méditerranée rayonne étrangement avec la sérénité de la nuit. Le regard rivé sur la Voie lactée, Louisa se laisse flotter dans l'immensité salée. Épuisée, fatiguée par cette nage incessante, elle ne trouve plus la force d'avancer. Son corps endolori, raide et froid semble ne plus vouloir lui répondre. Elle reste immobile, comme un bout de bois flottant sans but, et imagine un instant s'envoler vers les cieux si paisible.

Louisa ! Allez ! N'abandonne pas !

Entrainé pour affronter ces situations extrêmes, André ne lâche rien. Il tire Louisa par le col de sa veste et continue de nager pour regagner les côtes.

Je n'en peux plus André... Je suis fatiguée...
—On y est presque Louisa, continue de nager ! Ils sont en train de déployer leurs équipes ! On doit se bouger si on veut éviter les escadrons de chien ! On ne pourra pas leur échapper !
—Non André... je n'ai plus la force...
—Bien-sûr que si ! Tu es en état de choc et tu frôles l'hypothermie ! N'abandonne pas !

Balloté par son équipier, Louisa se laisse tirer sur les flots sans aucune résistance.
Au loin, les gyrophares bleutés des véhicules de police présents sur les quais projettent leur lumière alors que plusieurs hélicoptères survolent la zone.

Ils vont nous trouver si on ne se cache pas ! Fais le pour Hélène ! Nage !
—Hélène est morte... Oléana a eu ce qu'elle voulait.... Me voir sombrer...
—Hélène est peut-être morte mais jamais elle n'aurait accepté que tu abandonnes et que tu finisses derrière les barreaux ! Je suis sûr que tu le sais ! Pense à ton frère ! Pense à ta mère ! À Julien ! Tu ne peux pas nous abandonner !

Louisa reste silencieuse sous la voute étoilée, ses cheveux bruns bercés par la mer.

J'ai perdu André... La Norway Arctic nous a eu...
—Non Louisa ! Arrête ! Oléana n'avait rien à gagner à prévenir la police et surtout le lieutenant Bérard ! scande André en s'efforçant de maintenir le rythme.

Par moment, son visage se retrouve sous la surface et plus il avance, plus il éprouve des difficultés à prendre sa respiration. Louisa pèse son poids mais jamais il ne l'abandonnera.

—Tu veux dire qu'on a été piégé ?
—C'est évident ! proclame difficilement André. Bérard est beaucoup plus coriace qu'on le pensait ! Nous en saurons plus lorsqu'on aura regagner la tanière ! Louisa allez ! Nage !

Louisa prend conscience que les propos d'André ont un sens. La haine qu'Oléana lui voue n'est pas suffisante pour qu'elle prévienne les forces de l'ordre. Dans cette histoire, Oléana à autant à perdre que Louisa.

Tu as raison André, c'est louche, argue Louisa qui se remet subitement à battre des jambes.

Lorsque André et Louisa aperçoivent enfin une petite crique isolée, ils s'empressent de grimper les rochers jusqu'à s'écorchés les mains et les jambes sur les coquillages coupants. Sur Terre, les deux coéquipiers s'allongent sur le sol caillouteux et reprennent doucement leur souffle. Au loin, plusieurs hélicoptères scrutent toujours le périmètre.

—Tu as ton téléphone sur toi ? demande André. Le mien est HS.
—On a nagé pendant près d'une heure... Le mien aussi est mort, répond Louisa en faisant couler l'eau présent à l'intérieur de son smartphone.
Merde... C'est trop risqué de rejoindre note chambre d'hôtel et la bonne vieille époque des cabines téléphoniques est bien révolue. Il faut trouver un moyen de contacter Julien pour qu'il puisse nous envoyer quelqu'un...
—J'ai un ami à Marseille... Il a quitté pour Paris pour venir vivre ici.
—On peux lui faire confiance ?
—Je crois... Il était avec moi lorsque Del-Orti s'est fait assassiner... De toute manière, on a pas besoin de lui raconter notre vie. Si il a un téléphone, cela nous suffira !
—Très bien ! Tu sais où il habite ?
—Il vit au dessus de son nouveau bar sur la plage du Prado...
—Merde... c'est à des kilomètres d'ici... On ne doit pas tarder alors ! scande André qui se relève et aide Louisa en lui tendant la main.
On est trempée, frigorifiée et à découvert... tu crois qu'on y arrivera ?
—On a pas le choix.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now