Chapitre 90 - Remarquable

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Au carrefour de quatre couloirs, Rof, Oléana, André et Louisa ne savent quelle direction prendre. Chaque voie mène à une porte et il est impossible pour eux de rebrousser chemin. Sans plus attendre, ils continuent tout droit et tourne une large manivelle mécanique pour entrebâiller la porte.

La voie est libre, on peut y aller, chuchote André, arme à la main.

Ils se glissent alors dans un petit escalier s'enfonçant encore plus dans les entrailles du navire.

Où sommes nous ? demande Oléana. Il fait une chaleur d'enfer !
—Nous sommes dans la salle des moteurs, répond son père. Nous devons trouver un moyen d'accéder au pont arrière et trouver le navire d'Ajay.
—Avec une vingtaine d'hommes armés jusqu'aux dents, c'est pas gagné, dit Louisa.

André observe l'endroit, bardé de tuyauteries et de moteurs, et ne voit aucune issue accessible.

On doit se séparer, dit Rof. On sera plus efficace pour trouver une sortie.
—Mais qui te dit qu'il y a une autre sortie ? demande Oléana qui déboutonne sa veste pour faire redescendre sa température corporelle. On est peut-être rentrés par l'unique issue de cette salle.
—Ça m'étonnerait. Ce bateau est récent et au vu des nouvelles normes, il y a forcément une issue de secours quelque part.
—Mais si on...

Soudain, des hommes armés fracassent la porte.

Ils sont là ! scande l'un d'eux.

André dégaine puis tire instantanément. La balle effleure le visage de Louisa et vient se loger dans l'épaule de l'intrus. Aussitôt les rafales de mitraillettes surviennent. Sous les étincelles, Louisa et Oléana se jettent au sol tandis que les balles fusent et viennent percer les tuyaux des moteurs. Des jets de vapeur brûlant inondent alors la salle, rendant impossible de se déplacer sereinement.

Fuyez ! hurle Rof.

Menée par l'instinct de survie, Louisa se relève puis attrape Oléana par la main. Sous les rafales et la chaleur intense, toutes les deux se mettent à courir jusqu'au fond de la salle et aperçoivent enfin une petite porte. Louisa l'ouvre et continue sa course dans un nouveau couloir. À bout de souffle, sans aucune arme, elle sait qu'elle ne pourra pas affronter un homme équipé d'un fusil d'assaut et doit vite se mettre à l'abri.

Viens ! lui dit Oléana en ouvrant la porte des toilettes.

Lorsque Louisa pénètre à l'intérieur et ferme à double tour derrière elle, un silence abyssale s'empare du navire. Oléana tremble de tout son corps et observe Louisa avec tristesse.

À ton avis, mon père et André sont...

Un claquement sourd résonne dans le couloir derrière elle. Le cœur de Louisa ne fait qu'un bond et sa main vient instinctivement attraper la poignée. Louisa plaque son dos pour empêcher l'ouverture et écoute la multitude de bruits de pas qui se font entendre. Elle comprend alors qu'il ne s'agit pas d'André et de Rof mais plutôt d'une escouade armée toute entière.
Oléana ferme les yeux tandis que Louisa sert la poignée plus fort que jamais.

Passez par le pont trois, nous les aurons peut-être, lance un individu.

Les bruits de pas disparaissent et Oléana et Louisa peuvent enfin respirer. Les jambes tremblantes, Oléana s'assoit sur les petits toilettes et se regarde dans la glace. Sans doute à cause de l'adrénaline ou de la situation plus que ubuesque, Oléana se met à rire.

Je sais que tu es une psychopathe mais... ce genre de situation ne devrait pas te faire rire.

Louisa l'observe un peu hébétée. Fut un temps, elle rêvait de cette situation. D'être enfermée avec son ennemie jurée dans une pièce pas plus grande que ces toilettes. D'être en face à face avec Oléana et enfin, lui faire regretter l'emprisonnement d'Hélène. Oléana reprend son calme et observe Louisa fixée contre la porte.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now