À LA TÊTE DU CARTEL : II

Chapitre 95 - Seuls

Trois jours plus tard

« Les éléments de l'enquête internationale prouve désormais qu'une malfaçon dans la construction pétrolière de Thor Industries est à l'origine de la Grande Marée du Noire du siècle. Le géant énergétique a reconnu ses responsabilités et s'est engagé auprès des organismes internationaux et des états européens, à la réparation des dommages causés.
Comme attendu, l'action de l'entreprise à fortement chutée en bourse et des jours douloureux attendent le dirigeant Rof Thorsen.
Le président français quant à lui, s'est félicité que la vérité soit enfin révélée au monde entier et utilisera tout les moyens en sa possession, en tant que président du Conseil Européen, pour permettre le rétablissement des milieux naturels.

Autre actualité internationale : Un yacht de luxe a subit un très grave accident aux larges des côtes du Portugal. Les autorités portugaises ont révélé qu'il appartenait à un oligarque russe, et pointe les autorités du Kremlin comme étant les responsables de.... »

Julien éteint la télévision.

—Qu'ils sont cons... maronne-t-il en attrapant sa tasse à café.

Face à ses écrans d'ordinateurs, Julien peine à contenir sa fatigue. Après le sauvetage in-extremis de Louisa en mer, il est resté fixé des jours entiers devant les actualités afin de surveiller l'évolution de la situation. Les médias, comme à leur habitude, semblent manipulés. Les cartels, ayant pour la plupart disparus, ne répondent à aucun appel et ALLOS est en état de mort cérébrale. Julien à précautionneusement gelé les comptes de l'entreprise tout en condamnant les navires à quai.
Soudain, la voix de Jules résonne au fond de la tanière.

—Julien !! Viens vite !! Viens !

Julien saute de sa chaise et rejoint la cuisine, devenue un hôpital de fortune pour grand blessé.
Il aperçoit le regard lumineux de Jules qui le fixe intensément.

—Elle est réveillée !!

Julien pose alors son regard sur le visage pâle de Louisa. Cette dernière lui sourit, les yeux à peine entré-ouverts.

—Louisa... comment ça va ... ?
—J'ai soif... répond-elle la gorge sèche.
—Je t'apporte ça tout de suite ! lance Jules.

Julien vient lui attraper la main. Il soulève la couverture et regarde l'état de son pansement et ne voyant aucun saignement, soulagé, il s'assoit à ses côtés.

—Où on est ..? demande Louisa éblouie par la lumière immonde des néons.
—Tu ne reconnais pas ? Dans la tanière.
—On se croirait dans un hôpital de guerre...

Julien sourit tendrement.

—Ta blessure était tellement grave qu'on a dû t'opérer en urgence et pour toi, l'hôpital n'était pas une option...
—J'espère que c'est pas toi qui m'a charcuté...
—Oula non, rétorque Julien. Rof connaissait l'ami d'un ami... et...
—Rof ?

Julien hésite.

—Oui. Après ton sauvetage, Rof est resté auprès de toi quelques jours. Il t'a sauvé la vie...

Louisa, encore étourdie, peine à comprendre. Son frère s'approche, l'aide à se relever et lui tends un verre d'eau.

—Rof m'a sauvé la vie.. ?
—C'est lui qui a transmis les coordonnées de votre position. Sans cela, je n'aurais jamais pû indiquer à mon équipe de secours où vous retrouver.

Le visage de Louisa change subitement. La tristesse s'empare d'elle.

—André... mon dieu j'ai oublié qu'André était...
—On le sait, coupe son frère. Rof nous a tout raconté... ainsi que pour sa fille... mais heureusement tu as survécu...
—Mais à quel prix... argue difficilement Louisa. Sans André je ne suis plus rien... ALLOS n'est plus rien...
—Ne dit pas ça... lance Julien, tout aussi triste. André ne voudrait pas t'entendre dire ça.

Louisa se secoue dans son lit. Le moniteur cardiaque s'agite subitement.

—Reste tranquille, ta plaie est encore fraîche, dit Julien.
—Où est Rof ? demande difficilement Louisa.
—Il est parti ce matin. Il nous a seulement dit qu'il avait un rendez-vous très important pour lui et pour ALLOS.

Louisa sourit faussement puis se renfonce dans son lit.

—Il a du mérite. De toute façon, ALLOS est mort. Quoiqu'il fasse, cela ne changera rien et je ne veux plus me battre contre qui que ce soit.
—ALLOS n'est pas mort...
—Si Julien ! ALLOS est mort ! Nous sommes seuls ! Nous sommes plus que deux ! Loup n'est plus là ! Hélène n'est plus là ! Et André est....

Sous la douleur, Louisa ne peux finir sa phrase et pose la main sur son pansement. Contenant son envie de pleurer devant elle, Julien ne sait plus quoi répondre. La perte d'André est pour lui aussi, l'un des événements les plus marquant et triste de sa vie.

—Il faudra t'y faire Julien. J'ai échoué. ALLOS est mort, conclue Louisa en lui tournant le dos.