Chapitre 13 - Cellule spéciale

585 49 9
                                    

« Direction Générale de la Sécurité Intérieure »
La grande plaque en or orne le mur principal du hall d'entrée. À chaque fois que le lieutenant Bérard pose son regard sur cet écriteau, il souffle discrètement dans sa barbe et continue son chemin presque indifférent. Il est vrai que son petit commissariat parisien lui manque terriblement et les bureaux d'affaires éloignés de la population locale ne sont pas vraiment son cadre de travail favori. Mais les temps ont changé et après l'affaire de Louisa Conti, Bérard a dû faire des concessions et se résigner à intégrer la DGSI.
Fatigué et complètement trempé par la pluie battante du matin, coutume en ce début d'automne, il replie son petit parapluie qui fut fort inutile et prend la direction des portillons de sécurité. Arrivé au fond du Hall, il badge devant une porte et descend des escaliers pour déboucher niveau -2. Bérard arrive dans un lugubre couloir éclairé par des simples néons blancs puis rejoint la porte du fond. Il badge à nouveau et tape un code chiffré sur le clavier du mur.

Bonjour tout le monde... susurre-t-il en accrochant sa veste trempée au porte-manteau.

Sur les quatre murs de la pièce, sont tapissés des centaines de photographies et d'articles de presse tandis que trois petits bureaux, encombrés par des dizaines de dossiers, forment un U au centre du local. Ses deux coéquipiers, debouts face à un immense tableau blanc, le saluent.

Bonjour lieutenant, répondent en chœur l'officier Sara et l'officier Johnson.

Le lieutenant Bérard propulse sa sacoche en cuir sur son bureau et les rejoint devant le grand tableau.

—Alors ? On en est ou ?
—On a bien avancé sur les origines de ALLOS, répond l'officier Sara.

La toute jeune officière de police d'une trentaine d'années, aux traits masculins et cheveux coupés courts attrape un large dossier sur une étagère. Ses bras tatoués aux allures de bikeuse ne lui donnent absolument pas l'apparence d'un membre des forces de l'Ordre, cependant son efficacité et sa compréhension des cartels de la drogue lui ont permis d'intégrer cette cellule spéciale ayant pour unique mission de traquer Louisa Conti.
Ses petits yeux marrons arpentent un ancien relevé de compte.

ALLOS est née en 1982 à Paris. Sur ce relevé bancaire, le nom du propriétaire est Alessio Del-Orti alias Monsieur Ricci. Durant les premiers mois de son existence il n'y a rien d'anormal. ALLOS est une entreprise maritime de livraison avec une flotte de cinq navires. Mais tout change subitement dés septembre 1982.

L'officier Johnson, le grand gaillard spécialiste des renseignements en terrain de guerre, reprend la parole.

Après un voyage à Reynosa au Mexique, les bénéfices de ALLOS explosent. Nous avons remonté les articles de presse dans la ville de Reynosa cette même année, et l'explosion du Cartel de la Sombra nous a intrigué. Ce nouveau cartel fraîchement débarqué dans la petite ville mexicaine s'est agrandit grâce à ses échanges commerciaux avec l'Europe. Et devinez qui livrait les tonnes de cocaïne ?
—ALLOS... susurre le lieutenant Bérard. Qui dirige la sombra ?
—On ne le sait pas vraiment, répond Sara. Nos contacts au Mexique nous ont transmis un nom : Henrique Tavares mais rien n'est sûr.
—Vous avez des infos sur cet Henrique ?
—Officiellement, un marchand de minerai. Il possède des mines sur toutes la planète et travaille avec des bijoutiers de renommée mondiale.
—C'est louche, dit Johnson en scrutant le tableau.
Je suis d'accord. Bon travail, continuez vos recherches, répond le lieutenant en regagnant son bureau.
D'ailleurs lieutenant, on nous a prévenu que le grand chef devrait venir nous voir cet après-midi, annonce Johnson.
Pourquoi vient-il ? Je peux aller le voir dans son bureau, comme je le fais toujours d'ailleurs.
—Ah pardon, quand je dis « grand chef » c'est le grand grand chef, dit Johnson en élevant les mains.
Soyez plus clair Johnson... Je ne suis pas d'humeur ce matin.

Sara se retourne agacée.

Le président de la république lieutenant, dit-elle subitement. Son équipe nous a contacté tout à l'heure.

Le lieutenant Bérard écarquille les yeux de surprise.

Bon sang...

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now