Chapitre 4 - La proposition

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France – Lot

Jordan arriva deux jours après l'enterrement malgré sa hâte de rejoindre le Lot.

Arcas, dans la cour, une bêche à la main, raclait la terre. En s'approchant, le Comte Bronson vit qu'elle avait la couleur brunâtre du sang coagulé.

Le jeune homme avait bien changé depuis sa dernière visite, l'école militaire l'avait transformé. C'était un adulte à présent, il était presque aussi grand que son propre fils, ses longs cheveux d'un blond cendré très clair était retenu en arrière par un lacet de cuir.

Jordan dut attendre un long moment avant que le nouveau Baron d'Arlon ne relève la tête et posa sur lui son regard turquoise.

Pendant un instant il ne sembla pas le reconnaître, puis il dit d'une voix sans timbre :

– Je dois nettoyer ça. Cassandre en est malade.

Lui, le serait bientôt s'il continuait ainsi. Il était pâle comme un mort. Par tous les diables ! Comment un Harispe pouvait en être réduit à cet état ?

Bronson s'approcha de lui et le pris par le bras.

– Vous avez bien travaillé, mon garçon. Vous avez besoin de vous laver et de vous nourrir. Quand avez-vous mangé pour la dernière fois ?

– Je ... Je ne sais pas.

– Cela veut dire que ça fait trop longtemps. Allez ! Accompagnez-moi aux cuisines.

Après une petite collation qu'il ne prit que pour encourager Arcas à se nourrir à son tour, Jordan trouva Cassandre derrière le bureau de son père. Minuscule, entourée de livres de comptes, les yeux cernés, un teint grisâtre, sa petite chienne rousse couchée à ses pieds nus couverts de plaies à peines cicatrisées. Cette vision lui fendit le cœur.

Elle le regarda incrédule.

– Vous êtes venu ?

– Évidemment. Il ajouta : je suis navré mon petit. Il contourna le bureau et la serra dans ses bras.

C'est tout ce qu'il trouva à dire, aucun mot n'était suffisamment fort.

– Que s'est-il passé ? J'ai su qu'il y a eu un drame, mais rien de précis. A-t-il...souffert ?

Le regard de la jeune fille se fit vague et hanté comme si elle revivait un cauchemar, elle fut secouée de tremblements irrépressibles et il la serra plus étroitement contre son cœur.

– Mon pauvre petit oiseau. Les larmes lui montèrent aux yeux, qu'avait-on fait subir à la famille de son meilleur ami ?

Elle prit une grande inspiration et se redressa avec courage, cette enfant ne s'abandonnait jamais longtemps au désespoir.

Elle se fit un devoir de lui raconter la journée qui l'avait précédée et l'attaque qui avait coûté la vie à ses parents dans le moindre détail. L'homme aux yeux blancs qui brûlait son père avec sa main, les ombres qui les avaient poursuivis, l'homme en noir qui ne mourrait pas...

– Avez-vous déjà entendu parler de tels phénomènes ? Savez-vous de qui il s'agit ? Lui demanda-t-elle.

– Je l'ignore. Une balle en pleine tête, même votre arrière-grand-père n'y aurait pas survécu. Je vous assure que les coupables seront retrouvés.

– Je les vengerais. Oui, si on m'en laisse le temps, je tuerais cet homme pour de bon, je lui trancherais la tête et y mettrais le feu.

Ses yeux étincelaient d'une rage sourde. Comme elle rappelait son père à Jordan ! Elle avait cette même vitalité. Hélas pour son dernier combat elle n'avait pas suffi à lui sauver la vie et sans doute ne suffirait-elle pas davantage à protéger sa fille. Il devait faire quelque chose, la mettre à l'abri, d'elle même si c'était nécessaire.

Quand les loups se mangent entre euxWhere stories live. Discover now