Chapitre 78 (partie 2)

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– Commissaire Devereux, je présume que vous vous souvenez de mon cher et tendre époux ? Cassandre but tranquillement une gorgée de thé après cette question de pure forme.

– Comment l'oublier ? Je vous remercie de m'accueillir sous votre toit lord Blake.

– Trêve de salamalecs, j'ai parfaitement entendu de ce dont vous parliez.

– Cela ne se fait pas d'écouter aux portes mon cher, le taquina son épouse.

– Je suis encore chez moi. Et je ne vois pas pourquoi vous ne pourriez pas régler le problème par vous-même ? Grogna Joshua au policier. Cassandre sourit en le voyant entrer dans la pièce à grandes enjambées. Il avait noué sa cravate à la diable, ses cheveux étaient plus ébouriffés que jamais. Il ne semblait même plus s'en soucier.

– Depuis que j'ai découvert cet endroit, répondit leur hôte, j'y ai envoyé un certain nombre d'espions. Aucun n'en est revenu après y avoir été de nuit, mais j'ai finalement réussi à obtenir un renseignement cap...

– Et vous voulez y envoyer une dame sans défense ! S'exclama lord Blake.

Qui du commissaire ou de Cassandre éclata de rire en premier, cela aurait été difficile à dire. Vexé Joshua se laissa tomber sur un siège près de sa femme, tandis que Hadès sautillait autour de lui avant de se coucher à côté d'Artie.

– Cessez donc de vous gausser ! Vous m'avez parfaitement compris. Nous étions d'accord avec Brogan, pour dire que nous ne pouvions pas nous rendre là-bas dans l'immédiat. Nous ne sommes pas assez discrets. Il fallait prendre des précautions.

– Si évidemment nous nous y rendons en carrosse armorié... tenta la jeune femme.

– Vous pensez vraiment que le problème vient du véhicule que nous pourrions employer ?

– Pas seulement mais...

– Mais... allez-y dites-moi comment se rendre secrètement et sans courir le moindre danger dans un endroit qui pourrait être la base occulte des gens ayant tué vos parents et que vous n'avez pas pu combattre à l'époque et auquel vous n'avez pu échapper que pour une seule et unique raison : votre connaissance du terrain ? Instruisez-moi ma douce.

Joshua étira sa longue carcasse et posa négligemment les pieds sur la table basse manquant de renverser la théière en porcelaine fine avant de continuer :

– Pas d'idée ? Pas de stratégie ? Pas même un plan à la Harispe d'Arlon, consistant à foncer tête baissée en comptant sur sa bonne étoile pour survivre à une mort certaine ? Je suis déçu.

– Il est vrai que les Blake ont de bien meilleures techniques. Comment appeler vous cela ... la débandade ou la fuite la queue entre les jambes ?

Joshua se retint à la dernière seconde de faire une remarque assez grossière lorsqu'il croisa le regard amusé de Devereux. Maudit soit-il ! Il lui gâchait sa fin de journée et il y avait fort à parier sa nuit par la même occasion.

– Et vous à part boire mon thé, manger mes biscuits et mettre des idées folles dans la ravissante tête de ma femme, vous aviez un plan quelconque ou vous comptiez juste nous envoyer à la mort comme ces six autres pauvres bougres ?

– Six ? Interrogea Cassandre.

– Il les traîne derrière lui comme un bagnard son boulet. Cela faisait un moment qu'il n'y avait pas eu de hantise en dehors d'Estelle dans cette maison, murmura Joshua en se penchant à l'oreille de sa femme.

Il en profita pour humer assez bruyamment son parfum ce qui lui valut une petite tape sur le nez. Il se rejeta en arrière en riant, mais il reprit rapidement son sérieux quand il vit la lueur qui brillait dans les yeux de Cassandre. Elle voulait y aller et à moins de l'attacher à son lit, ce qui notez-le bien n'était pas une solution dénuée de charme, il serait incapable de la retenir. Il fallait qu'il la protège d'elle-même et de sa hardiesse suicidaire, mais alors qu'il n'était pas même capable d'envoyer dans les limbes un esprit comme Estelle, il doutait sérieusement de ses capacités à pouvoir faire quoique ce soit.

Quand les loups se mangent entre euxWhere stories live. Discover now