Chapitre 53 (Partie 2) Garden Party

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Le plus discrètement possible, Gaëlle s'éloigna d'Aidan et de l'horripilante Griselda. On ne devait pas abuser des bonnes choses et cette demoiselle aurait gavée l'observateur s'amusant de la nature humaine le plus gourmand.

Elle déambula donc entre les invités et s'approcha gentiment des tables chargées de petits fours en espérant que son corset lui laisserait la possibilité d'en manger un ou deux pour faire taire son estomac qui criait famine.

Assis sur une petite chaise, un vieil homme esseulé lui sourit avec tant de cordialité qu'elle se retourna pour être certaine qu'il n'y avait personne derrière elle.

Personne n'était près d'eux pour faire les présentations et Gaëlle se sentait très gênée car il semblait vouloir engager la conversation.

– Ne vous embêtez pas jeune fille. Les convenances sont bonnes pour les jeunes gandins pas pour les vieillards cacochymes comme moi, déclara-t-il. Je suis Maître Cotton, fillette.

– Vous êtes donc notaire comme notre hôte vous aussi ?

– Je l'étais. J'ai décidé de m'accorder du repos quand j'ai été fatigué de m'user les yeux sur des contrats et de me casser le dos en rédigeant des testaments. Ce qui explique aussi qu'au lieu de me retrouver planter au milieu de la pelouse à me fatiguer les pieds, j'ai préféré m'asseoir à un endroit stratégique. Même si le buffet est un peu chiche à mon goût.

Il émit rire chuintant qui secoua ses épaules décharnées dans son costume aujourd'hui trop grand et qui avait dû être à la mode il y a deux décennies.

– Je suis Miss Shaw. Enchantée de faire votre connaissance.

– Je vois ! C'est vous la jeune femme qui recherche son père dans tous les cabinets de notaire de Londres ?

– Je ne me suis pour l'instant rendue que dans quelques un d'entre eux. Sans savoir ne serait-ce que le nom de son homme de loi cela prend un temps infini.

– Mmmm ! Il y a une vingtaine d'années que votre géniteur est décédé n'est pas ?

– Un peu moins.

– Shaw ? Un nom courant.

– Hélas.

– Un homme roux, de haute taille avec beaucoup d'allure.

– C'est ce dont je me souviens de lui, mais j'étais enfant à l'époque.

Gaëlle se sentit brusquement devenir fébrile. Elle s'appuya sur la table des victuailles pour garder son équilibre. Elle commençait à assimiler les informations que le vieil homme semait au compte-goutte.

– Un homme d'affaire ? Il y a eu un moment où il voulait acheter une maison en Écosse il me semble.

– C'est notre maison qui a brûlé !

– Oui ! Bien sûr ! Une histoire tragique, je m'en souviens. Comment s'appelait cet homme ? September !

– Excusez-moi de qui parlez-vous ?

– Mais de son notaire ! Un jeune gars qui s'était installé dans la City. Il venait de la campagne. Du Wessex. Il avait pris la suite de ce vieux grippe-sou de Lagny. Ce type était une teigne, mais sa méchanceté ne l'a pas conservé bien longtemps, il est mort dès qu'il s'est arrêté de travailler. Pour en revenir à September, après le décès de son plus gros client, il s'en est retourné d'où il était venu. L'air londonien ne convenait pas à cette petite chose.

Son cœur s'emballa. Elle se sentit défaillir. Elle bascula en arrière mais rentra en contact avec le torse rassurant d'Aidan.

– Attention rouquine ! Tu ne vas pas t'évanouir ? N'est-ce-pas ?

Quand les loups se mangent entre euxWhere stories live. Discover now