Chapitre 47 - Que de soucis pour une camériste !

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Une fois au château, Cassandre jeta les rennes de son cheval au petit George, l'un des palefreniers. Elle sauta à terre, sans attendre le marchepied ordinairement nécessaire aux dames. Cet escabeau était conçu pour qu'elles puissent descendre de leurs montures en toute dignité, sans offrir le spectacle provoquant de leurs chevilles au tout-venant. Cassandre avait toujours trouvé ce genre de précautions d'une hypocrisie crasse. Tout le monde avait des chevilles et elle ne voyait pas ce qu'on pouvait y voir d'excitant

Elle se précipita dans sa chambre et sonna Christine.

En l'attendant, elle sortit délicatement la bourse de cuir de sa poche et la posa dans une boîte en métal qui avait contenu des rubans qu'elle avait répandus sans se soucier de leur avenir sur la courtepointe de son lit. Elle en claquait le couvercle quand Christine rentra dans la chambre et se mit à pousser des cris d'orfraie.

– Mais que vous est-il arrivé Milady ? Vous aurait-on agressée ? Des bohémiens sans doute ? Elle posa la main sur son cœur et Cassandre eu peur qu'elle ne décide de s'évanouir pour faire bonne figure.

– Je n'ai pas été agressé par des bohémiens voyons !

– Des bandits de grands chemins ! C'est si romanesque !

Ah ! Voilà peut-être le nœud du problème, cette petite demoiselle impressionnable lisait trop de romans à sensations !

– Je n'ai pas été agressée ! J'ai seulement marché dans les bois.

– Mais votre robe est fichue !

– Même moi je m'en suis rendue compte ma fille. Viens donc m'aider à me changer au lieu de t'éventer.

– Vous devriez prendre un bain.

– Pas le temps ! Il devra attendre ce soir.

– Oh milady !

Christine osait à peine la regarder.

– Je sens si mauvais que ça ? Demanda Cassandre avec un sourire en coin.

– Non bien sûr ! Mais vous êtes couverte de terre et ...

Cassandre lui mit ses doigts couverts de poussière jaune sous le nez.

– Est-ce-que c'est ça ?

– Beurk ! On dirait de l'urine de chat.

– Il y a de ça. Bon ! Je dois d'abord voir le comte, mais si cela peut te faire plaisir prépare moi un bon bain chaud et parfumé pour dans une heure.

Christine poussa un soupir de soulagement. Avant de pousser de nouveaux cris. Elle venait de retirer ses jupes et la vision de ses pantalons de lingerie dont la dentelle qui ornait ce matin encore les genoux pendait lamentablement lui donna de nouvelles vapeurs.

– Milady ! ...

Il n'est guère utile de rapporter ici par le menu, la longue mélopée de plaintes de la camériste. Elle aurait tant aimé avoir une maîtresse délicate, toujours vêtue de soie et de satin, dont le seul exercice physique serait de passer de sa chambre au salon pour boire le thé. Jour de folie : une balade sur les allées gravillonnées du parc. Mais pas une femme qui courait dans les bois, faisait le ménage comme une servante et ramenait des chiens puants dans ses bras.
– Suffit ! La voix de Cassandre claqua comme un fouet et fit sursauter la servante. Il ne faudrait pas vexer ce pauvre Hadès ! Il est très sensible ! Tu es si délicate Christine ! Je vois bien que me servir ne te convient pas. Peut-être devais-je engager une camériste plus... robuste. Je pensais pourtant avoir été claire lorsque tu as eu ta crise d'évanouissements.

– Oui Milady c'est juste...

– Que tu es frustrée. Je le conçois. Sache que je ne compte pas faire le ménage du château ad vitam, c'est seulement qu'il y a beaucoup à faire. Et je suis parfaitement consciente qu'il va me falloir rapidement investir dans une nouvelle garde-robe, dit-elle en donnant un coup de pied dans la dépouille moribonde de son amazone. Pourtant il faut se rendre à l'évidence, je ne serai jamais une fragile porcelaine anglaise. Je peux donner le change quelques heures, mais ce n'est pas dans ma nature.

– Je m'en doute Milady, et c'est sans doute mieux. Dans cette maison, une fille dans ce genre-là serait morte de peur à la première nuit.

– Elle serait morte de peur au pied de l'autel, en devant se tordre le cou pour voir Lord Blake et le balai brosse qu'il a sur le visage, tu veux dire.

Christine pouffa.

– Il paraît qu'il est plutôt beau sans sa moustache. Moi, je ne travaille pas ici depuis assez longtemps pour l'avoir vu. Elle marqua un long silence. Vous savez, je vous aime bien Milady.

– Même si je courre les bois.

Elle hocha la tête.

– Et on est tous d'accord à l'office pour dire que Lord Blake ne se conduit vraiment pas comme il faut avec vous.

– Je crois qu'il fait du mieux qu'il peut.

– Vous avez bon cœur. C'est pour ça que j'aimerais continuer de travailler pour vous. Elle adopta un ton enjoué et déclara : mais si la nouvelle garde-robe de Milady arrivait sous peu, je serais très heureuse !

Cassandre se mit à rire.

– Tu ne perds pas le nord toi. À Cattown, je ne vois pas qui pourrait me faire des robes correctes, mais nous pourrions aller à Gloucester ou Worcester.

– Pour avoir des vêtements à la mode, il faut aller à Londres, affirma doctement Christine.

– Les bons couturiers ne veulent pas forcément vivre dans la capitale, tu sais ?

– Mais cela vous donnerait une bonne excuse pour être près de votre mari et... l'attraper dans vos filets.

– Christine ! Je crains qu'il n'ait l'habitude de filets plus sophistiqués que ceux que je pourrais déployer.

– Il vous faut de nouveaux bas ! C'est tout !

***

Cassandre se lava rapidement les mains et le visage. Elle enfila rapidement la robe bleue que lui tendait Christine et entoura ses cheveux pour en faire un chignon rapide. Elle prit la boite en métal sous le bras avant de filer retrouver le comte.

 Elle prit la boite en métal sous le bras avant de filer retrouver le comte

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Quand les loups se mangent entre euxWhere stories live. Discover now