Chapitre 75 (Partie 1)

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Au regard amusé que lui lança Mrs Seacole le lendemain, autour de la table du petit déjeuner, il y avait fort à parier que l'isolement relatif de sa chambre n'avait pas suffi et que toute la pension des Basmadjian avait profité de la musique de leurs ébats. Diana aurait dû rougir, mais elle releva crânement le menton et un petit sourire satisfait orna ses lèvres, son corps était trop saturé du plaisir de la nuit pour qu'elle puisse penser à avoir honte et de toutes les manières après cette nuit, elle avait décidé de rayer ce mot de son vocabulaire.

Mary éclata d'un rire sonore alors qu'elle tartinait son petit pain de marmelade d'oranges.

Elle avait à peine cessé, qu'Arcas entra dans l'auberge sous le regard médusé des clients. Le visage conquérant, les boutons de son uniforme reluisants et les bras chargés d'un bouquet de fleurs que seuls les dieux savaient où il avait pu le trouver. Il marcha jusqu'aux pieds de sa dulcinée. Il mit un genou à terre et lui fit une demande en mariage vibrante d'émotion, qui fit couler des larmes sur les joues des officiers même les plus endurcis ayant trouvé refuge chez les Basmadjian. Il la termina par un clin d'œil complice qui donna à la jeune femme l'impression d'avoir des papillons dans le ventre. Et quand il lui baisa la main les papillons se transformèrent en nuées de sauterelles dignes de la huitième plaie d'Égypte. Elle accepta d'un hochement de tête cette deuxième demande.

– Elle a dit OUI, s'exclama Arlon avec un large et mélodramatique moulinet de bras.

– Tu en fais encore un peu trop.

– Rien n'est jamais trop pour l'amour de ma vie, asséna-t-il avec des trémolos dans la voix.

Mary s'éventait les yeux pour ne pas pleurer, elle avait mieux résisté que ce vieux colonel qui se mouchait bruyamment dans son mouchoir.

– J'ai toujours adoré les demandes en mariage, je suis aux anges mes chéris.

Le baron glissa alors la main dans sa poche et en sortit une petite bague en argent.

– Ce n'est pas grand-chose, je te préviens.

– Oh Arcas ! Elle est superbe. Diana lui tendit en tremblant sa main gauche et il y glissa l'anneau orné d'une améthyste.

– Elle m'a fait penser à tes yeux, avoua-t-il avec la sourire le plus timide qu'elle ne lui avait jamais vu.

À ce moment Cerby déboula dans la salle à manger, traînant Fotoula et Jimmy au bout de sa laisse.

– Elle est d'accord cap'tain ? Demanda Jimmy en essayant de retenir le chien qui voulait s'engouffrer sous les jupes de Diana.

– Oui, répondit l'intéressée.

– Super !

Dans son enthousiasme le gamin lâcha la bride du molosse qui se glissa avec la délicatesse d'un char d'assaut sous la chaise de la future baronne, entraînant la petite fille. Arcas saisit sa fiancée à bras le corps pour l'empêcher de basculer à son tour.

Inconscient du scandale qu'il aurait pu provoquer si Diana s'était retrouvée les jupes par-dessus tête et ses sous-vêtements exposés aux yeux de tous les pensionnaires des Basmadjian, Cerberus mordit le pull de laine de Spider qui s'était crue à l'abri entre les pieds de sa maîtresse. La pauvre petite bête se contorsionna comme une anguille avant de parvenir à échapper aux larges mâchoires écumantes. Très content de s'être débarrassé de la passagère du pull bleu qui pendait à présent dans sa bouche, Cerby fit fièrement le tour de la pièce avant de revenir vers son maître et de lâcher sur ses bottes lustrées son trophée désormais baveux.

Arcas n'aurait jamais réussi à lui en vouloir en temps normal, mais comme il gardait Diana étroitement serrée contre lui, ce qui le plongeait dans une joie indicible, il décida de lui donner une petite tape sur la tête en guise de remerciement.

Quand les loups se mangent entre euxWhere stories live. Discover now