Chapitre 75 (Partie 2)

975 151 9
                                    

Mrs Seacole fut transportée de joie d'apprendre que Brogan allait s'en sortir. Elle aurait été catastrophée d'apprendre qu'avant même d'avoir ouvert, son établissement avait été endeuillé par le décès d'un jeune et serviable officier britannique. Elle décida donc qu'il fallait redoubler d'effort et séance tenante pour que Nathan soit le premier à bénéficier des services de son auberge dès que les médecins le laisseraient quitter leur surveillance.

Pendant qu'elle indiquait la marche à suivre à ses troupes dévouées : Diana, Toula et Jimmy, Arcas prétextant qu'il devait rendre des comptes à ses propres supérieurs les quitta.

– Mais vous êtes en congé capitaine !

– Mrs Seacole, je suis votre serviteur mais je ne peux manquer à mon devoir. Je compte bien m'assurer que vous serez, vous, les enfants, vos futurs patients et clients et bien sûr ma tendre fiancée en sécurité ici. Je reviendrai bien vite.

Harispe laissait tout ce laborieux petit groupe sous la surveillance attentive de Spider, que la petite grecque avait emmaillotée dans une couverture, alors qu'elle était postée sur le pas de la porte du bâtiment en construction. Son pardessus de fortune lui donnait furieusement l'air d'une taupe sortant d'une motte de terre et Arcas s'éloigna rapidement avant que son molosse ne décide de lui faire subir le même sort qu'au manteau de laine bleu tricoté qui avait terminé à la poubelle.

***

Cerberus sur les talons, Arcas se rendit à l'endroit, en léger surplomb de l'auberge, d'où il avait déduit que les coups de feu qui avaient touché Brogan avaient été tirés.

Le dogue se mit à grogner dès qu'ils eurent trouvé l'emplacement précis, un promontoire, battu par les vents venus de la mer, dont on apercevait les eaux grises au loin.

Pour réussir à toucher une cible à une telle distance, il fallait avoir un œil de lynx. Aux traces laissées, le jeune capitaine visualisa la scène. L'homme, entouré d'une couverture de laine brune à en croire les fibres arrachées par les ronces, s'était couché au sol et y était resté, immobile, une bonne heure si ce n'est plus, le temps que l'humidité remonte de la terre. Malgré les heures écoulées depuis, le terrain sablonneux restait compact et avait parfaitement gardé la mémoire de celui qui s'était tenu là. Le fusil pointé vers eux, l'index sur la gâchette. Sa main aux doigts chargés de bagues avait laissé sur la surface meuble une empreinte bien spécifique. Cette chevalière en particulier, portait les armoiries de la famille Lindon. L'adjudant l'avait perdue au whist le mois dernier. Si la puanteur de mauvais cigares et de fils de... qui imprégnait l'endroit ne lui avait pas suffi, voilà une preuve perceptible de tous qu'il cherchait.

Il pourrait le dénoncer, mais il nierait, se plaindrait d'avoir lui-même perdu cette bague, sa chance ayant tournée et ces indices paraîtraient bien maigres si ce n'est intangible face à ses dénégations outrées. Alors il se chargerait lui-même de le faire payer. On verrait bien alors quelles explications le caporal Blanchard pourrait lui fournir pour justifier cette attaque.

***

Lorsqu'il revint au campement français, Arcas rendit d'abord visite au général Bosquet qui surpris de le voir ensanglanté l'interrogea. Cela faisait des jours qu'ils n'avaient pas eu à subir davantage que des escarmouches, rien qui pourrait mettre un homme de son acabit dans un tel état.

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
Quand les loups se mangent entre euxWhere stories live. Discover now