Chapitre 79 (partie 5)

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Arcas passa la porte avec précautions. Il faisait encore nuit noire et pour plus de sécurité, il envoya Cerberus en reconnaissance. Il ne manquerait plus qu'ils soient pris pour cible par un plastoun russe en goguette pendant qu'ils fossoyaient joyeusement. Celui qui lui avait tiré dessus par exemple et qui ne perdait rien pour attendre. Il se tenait peut-être dans le coin, patientant pour obtenir une nouvelle occasion de tuer le pauvre fou qui gambadait dans la plaine comme un agneau offert au sacrifice.

Le cuir chevelu du baron le lançait sous la croûte de sang coagulé. Un centimètre plus à droite et au mieux il aurait été défiguré au pire... la balle aurait emporté une partie de sa cervelle. Il ne préférait pas y penser.

C'est dans ce contexte particulièrement propice que le couple de jeunes mariés s'offrit une balade romantique sous les étoiles de Crimée. Ils parcoururent une centaine de mètres avant de trouver le terrain idéal.

– Nous avons oublié le panier du pique-nique.

La tentative de Diana pour le dérider un peu fut un échec complet.

Arlon laissa tomber le corps à terre avec un grognement.

– Tu ne pourrais pas être plus respectueux ! S'exclama alors l'infirmière.

– Il a essayé de me bouffer, alors non.

Il accompagna sa remarque d'un coup de pied dans le cadavre qui roula sur un bon mètre. Cette profanation arracha un couinement scandalisé à la jeune femme.

Il y avait un rocher suffisamment gros pour que Diana puisse s'y pelotonner sous le manteau qu'Arcas lui lança dans les bras. Ce dernier remonta ses manches de chemise et après un dernier regard plein de ressentiment accordé à sa femme, il commença à creuser tant bien que mal et en silence. La terre gelée formait une masse compacte qui crissait de manière quasi métallique sous les coups de pelle. Dès qu'il aurait quitté la Crimée, il prit la décision solennelle qu'il ne ferait plus jamais un trou de sa vie

– Tu ralentis mon chéri, se moqua Diana au bout d'un moment, pour détendre l'atmosphère particulièrement pesante.

Arlon se stoppa, puis se tourna vers sa chère et tendre épouse.

– C'est que je ne veux pas casser la pelle mon enfant.

– Oh que j'ai peur ! Le grand méchant loup est-il fâché ? Demanda Diana avec malice.

Arcas s'appuya nonchalamment sur le manche de l'outil et la dévisagea gravement durant si longtemps qu'elle commença à se sentir vraiment mal à l'aise, ses yeux semblaient briller d'une lumière intérieure, ce qui ne présageait rien de bon, elle avait trop souvent vu ce genre de regard chez ses frères ou son premier mari et cela la terrifiait à chaque fois. Pourtant à la différence des autres meneurs de loups, et elle trouva cela merveilleux, elle se sentait parfaitement en sécurité auprès d'Arcas malgré son évidente animosité.

– Je ne suis vraiment d'humeur à plaisanter. Est-ce que tu as pris la mesure de ce qui aurait pu se passer Diana ? JE suis censé être l'inconscient suicidaire de notre couple. Moi ! Pas toi ! Les évènements auraient pu très mal tourner. Si tu avais été témoin de ce que j'ai vu... Dans ce village, des familles ont préféré mourir brûlées vives plutôt que d'affronter ces monstres. Et la dernière chose dont j'ai envie maintenant c'est de creuser un trou pour enterrer cette créature de malheur. Mais je suis là, pour te faire plaisir, alors que je devrais traquer ses semblables. J'ignore même combien ils sont, bon sang ! Les Strygoïs ne sont que quelques-uns semble-t-il mais ils ont... métamorphosé certains de ces hommes. Et en un jour et une nuit, ces "morts qui marchent" se sont multipliés, ils sont déjà une trentaine, au minimum. Dans quel but nos amis à ventouses ont commencé ce petit jeu ? Veulent-ils progressivement tuer tous les habitants de Crimée ! Je ne sais pas ! Je ne sais rien ! S'exclama-t-il en se remettant à pelleter rageusement. Je devrais vous mettre tous les trois sur un bateau en partance pour Londres. Cassandre pourra veiller sur vous là-bas. Sa meute s'agrandit et son mari est riche. Elle sera bientôt plus puissante que Horos. Elle, elle pourra vous défendre. Ici tout est en train de devenir fou, vous êtes trop en danger. S'il vous arrive malheur, ça me tuera.

Quand les loups se mangent entre euxOn viuen les histories. Descobreix ara