Chapitre 61 (Partie 2)

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Il toqua. Il s'impatientait, il voulait en finir au plus vite, il était à deux doigts de défoncer la porte quand Janet daigna ouvrir.

– Milord s'exclama-t-elle. Vous êtes de retour ?

– Bonjour Miss. Il prit une profonde inspiration et se força au calme. La pauvre fille n'y était pour rien, aucune raison de passer ses nerfs sur elle. Que ferait Brogan dans une telle situation ? Ah oui ! Il devait être courtois, souriant et essayer d'oublier que Cassandre avait failli mourir quelques jours plus tôt.

– La baronne est absente, fit remarquer la femme de chambre.

– Ce n'est pas grave, j'ai tout mon temps. Je vais l'attendre, déclara-t-il d'une voix suave.

– Je ne sais pas si...

– Je vais boire un verre dans sa chambre. Ne vous en faites donc pas ?

Janet ne savait pas comment réagir, quand il était parti la baronne avait été folle de rage. Elle l'avait fouetté pour la punir de ne pas avoir réussi à le retenir, mais qu'aurait-elle pu faire ? Se mettre au travers de la porte ? Le simple fait d'y penser alors qu'il remplissait tout l'encadrement de ses larges épaules paraissait ridicule.

– Vous voulez manger quelque chose Milord ? Lui demanda-t-elle mal à l'aise alors qu'il rentrait dans la maison.

– Non, faites comme si je n'étais pas là. Il accompagna ses mots d'un sourire éblouissant et pour la première fois, Janet comprit ce que sa maîtresse pouvait trouver à lord Blake. Que lui avait-elle dit : qu'il avait une bouche faite pour le péché, jusqu'à présent cachée derrière ses moustaches, elle était difficile à deviner.

Le visage de la jeune femme vira rouge coquelicot. Elle baissa la tête, honteuse, et retourna à sa cuisine.

Il monta tranquillement l'escalier, essaya d'adopter une attitude naturelle, puis il entra dans la chambre de la baronne et ferma la porte derrière lui. Il observa attentivement la pièce, notant des détails auxquels il n'avait jusqu'à présent pas prêté attention. Il faut dire qu'il n'était jamais venu chez Margaret pour profiter de sa décoration intérieure. Il tapota ensuite les murs sans rien trouver de suspect.

Puis il se dirigea vers la garde-robe. Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver la porte dérobée derrière la penderie. Le système était du même acabit que celui de la cave de Churbedley. Il la poussa et se retrouva en face de ce qu'il pensait bien y trouver.

Étagères recouvertes d'ingrédients divers, même carrément macabres pensa-t-il en repérant un grand bocal dans lequel gisaient pêle-mêle des crânes de ce qui semblait être des petits singes. Dans une cage une dizaine de minuscules chauves-souris se pelotonnaient les unes contre les autres. Elles avaient des raisons d'avoir peur. Le corps éventré d'une de leur congénère, jeté dans un mortier de marbre noir, laissait présager le sort funeste qui les attendait. Le sol était recouvert de signes cabalistiques. Certains lui paraissaient familiers, mais la plupart lui étaient inconnus. Des livres occultes sur un guéridon... il retira vivement la main et réprima un frisson, la couverture de cuir de l'un d'entre eux, portait un tatouage de marin. Il connaissait peu de moutons ayant le goût des modifications corporelles autres qu'une petite tonte annuelle s'entend.

Sur une table, il y avait trois coffres en bois, il en souleva les couvercles. Il poussa un soupir navré en découvrant une effigie de cire rouge, clairement masculine dans le premier, puisqu'un sexe dressé y était bien visible. Cela empestait la violette. Un petit papier plié était fixé avec des aiguilles de bois au niveau du cœur, des cheveux noirs bouclés et bien connus puisqu'il essayait de les dompter tous les matins, surmontaient sa tête. Le deuxième était rempli de terres de plusieurs couleurs. Un petit miroir d'argent y était posé à coté de bougies blanches fondues, de cendres d'armoise dirait-il à l'odeur et l'on percevait l'empreinte d'une silhouette à la taille exacte de la poupée de cire rouge qui avait dû être posée là auparavant. Dans la troisième boite, il y avait une dagyde de cire noire, féminine entourée de cierges, des bouts de cheveux blonds pointaient en dehors de la poitrine et des aiguilles de fer rouillées étaient plantées dans le ventre. Plus inattendu, il perçut comme un battement dans la figurine, comme si un petit cœur y battait faiblement.

Quand les loups se mangent entre euxWhere stories live. Discover now